Comme tous les tagueurs, il a commencé à écrire son nom sur les murs des cités. Etrange notoriété pour un inconnu, dont tout le monde voit le patronyme, mais que personne ne connaît. Aujourd'hui, El Seed n'a plus besoin d'écrire son nom sur les façades des bâtiments. Ses «calligraffitis» sont célèbres dans le monde entier et son style, inimitable, lui sert de signature. Le jeune graffeur tunisien est sur tous les fronts et sur toutes les façades, à Paris, à Montréal, à New York, à Dubaï, au Qatar, il tient le haut du pavé dans le monde du graffiti. Mais qui est donc El Seed, celui qui a choisi de s'appeler «L'homme», tout simplement, en arabe, mais qui traduit également son nom en anglais par «graines» ? Nourri d'influences diverses, il commence à taguer dans la rue, à Paris, dès 1998. Et à la recherche de ses racines, il découvre la calligraphie arabe, en se donnant pour maîtres Massoudy et Mahdaoui. A partir de là, de la même façon que les graffeurs européens se sont réappropriés l'écriture latine en créant de nouvelles typographies, El Seed fait de même avec la lettre arabe en créant une nouvelle calligraphie, et en lui donnant une dimension urbaine : la calligraffiti est née, et El Seed se sert de son travail pour interroger le spectateur à travers ses messages qui fleurissent sur les murs de New York, de Montréal, de Paris, des Emirats Arabes Unis, de Tunisie, ou du Qatar. Son questionnement porte sur la culture arabo-musulmane, sur ses racines d'émigré, fils d'émigrés. Son art se veut «une main tendue de l'art oriental en terre occidentale», comme il aime à le dire, mais aussi une interrogation sur le graffiti qui peine à trouver une légitimité. Aujourd'hui, El Seed a trouvé toute sa légitimité : au Qatar, et à l'invitation de la Qatar Museums Authority, on lui a confié le projet monumental de la Salwa Road, soit 4 tunnels, 52 murs et 730 m de peinture. Louis Vuitton lui commandait le dessin de deux foulards dans la collection «Foulards d'artistes», et la création d'une ligne de bagage exclusive vendue aux enchères par Christie's à la Dubaï Art Fair. Itinerrance, la galerie parisienne bien connue, se prépare à l'exposer. Et last, but not the least, El Seed sera la vedette de la plateforme artistique tunisienne qui sera présentée à New York au mois de mai prochain, au cours du World Nomads Tunisia, festival multiculturel organisé par le très prestigieux French Institute Alliance Française. Accompagné de Jay, un autre célèbre graffeur tunisien, il présentera à cette occasion son travail au New Museum's Ideas City, mais également dans le Bronx, à Brooklyn, à Manhattan et dans le Queens, dans le fameux 5 Point Z, considéré comme la Mecque du graffiti. A suivre impérativement.