Un full audit est lancé à partir de ce début d'avril portant sur les trois banques publiques, la STB, la BNA et la BH. A l'issue de cet audit, l'éventualité d'une création d'un pôle bancaire public réunissant ces trois banques n'est pas exclue. Cette option a même des adeptes. Gardons-nous cependant des formules pompeuses! Parler d'un «pôle d'activités», cela fait sans doute sérieux mais comment conférer de l'envergure à un projet de fusion qui, à la base, est dépourvu des conditions et des déterminants nécessaires à la réussite de toute opération de fusion. Comment faire fusionner ou même rapprocher des entités économiques que tout sépare et que ce qui les rapproche le plus ce sont leurs difficultés financières et la rigidité et la lourdeur historiques de leurs structures managériale, économique et sociale? Qu'est-ce qu'il y a en effet de commun entre une banque à vocation agricole et une autre dédiée au financement de l'habitat... social. N'a-t-on pas suffisamment tiré les leçons de la désastreuse fusion qui a été opérée entre la STB, la BDET et la BNDT? Aujourd'hui, la doyenne des banques tunisiennes paie au prix fort une fusion contre nature, une fusion qui s'apparentait à un plan de «sauvetage» de deux banques délibérément mises en faillite par un secteur du tourisme gourmand en crédits. Nul ne conteste la significative contribution de la STB, de la BNA et de la BH dans le financement de l'économie nationale et dans la dynamique de développement du pays. Le gouverneur de la Banque centrale avait à ce titre vu juste et trouvé la formule idoine et éloquente pour résumer le passé... et le devenir de ces trois banques: elles sont, dit-il, «la mémoire bancaire du pays». Et c'est justement au nom du respect de et pour cette mémoire que tout devra être fait pour la préserver, pour la rehausser, la revaloriser et lui donner un nouveau sens et une nouvelle envergure d'une ampleur peu commune. A cet égard, ce n'est pas en les fusionnant en un «pôle» que l'on rendra service à cette mémoire. Une éventuelle fusion des trois banques publiques accouchera d'un monstre au visage multiforme, un nouveau mastodonte bancaire qui aura hérité des gènes de la rigidité, de la lourdeur et de la lenteur... des structures publiques, alors même que ce dont ont le plus besoin la sphère de l'investissement et le monde des affaires, c'est d'une réactivité à toute épreuve. Reste l'option d'une privatisation partielle des trois banques. Mais là aussi, il faudrait se garder des formules à l'emporte-pièce et surtout savoir se montrer exigeant quant à la qualité des repreneurs potentiels...