«Il est temps que toutes les forces démocratiques se réunissent dans un large front national afin de lutter contre l'installation d'une nouvelle dictature pire que la précédente», ont convenu d'admettre les représentants des partis politiques réunis, hier, au Palais des congrès, à l'occasion du meeting populaire d'Al Massar. Premier invité du meeting, Jounaidi Abdeljaoued, membre du secrétariat national d'Ettajdid, a ouvert le bal par le mot de bienvenue. Dans une salle archicomble ornée de banderoles où on pouvait lire : «Le peuple veut savoir qui a tué Belaïd», «Unis, unis contre la répression et l'arrivisme», il a, ensuite, fait remarquer que le pays est exposé à plusieurs dangers occasionnés par une gouvernance qui, en panne de compétences, ne fait que puiser dans l'improvisation. Il a, par la suite, affirmé l'impératif d'un front national réunissant toutes les formations politiques démocratiques afin de lutter contre «les forces passéistes et rétrogrades». Dans le même sens, a abondé Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti socialiste. Usant d'un ton véhément, il a durement critiqué le rendement du gouvernement de la Troïka, adressant une bonne partie de ses reproches au parti Ennahdha. Pour lui, la révolution a été confisquée et les Tunisiens semblent être plongés dans une profonde léthargie : «Réveillez-vous politiques et citoyens, on risque de renouer avec la dictature, une dictature pire que celle de Ben Ali. Il est temps d'agir. On a besoin d'un peuple soudé derrière un front national démocratique moderniste». Prenant la parole, Said Aidi, membre du bureau exécutif d'Al-Joumhouri, a joint sa voix à celles de ceux qui l'on précédé. S'étalant davantage sur l'idée d'un large front représentant toutes les forces progressistes, il a indiqué que la famille des forces démocratiques représente la majorité des Tunisiens. Ce qui peut faciliter, selon lui, la réalisation de ce projet très utile pour une Tunisie traversant une période délicate à tous les niveaux. Adoptant un autre angle de critique, Rafaâ Ben Achour, représentant de Nida Tounès, s'est indigné contre les tentatives des gouvernants actuels de nier toute une histoire pour essayer de la falsifier et de la réécrire à leur façon. «Avec des dirigeants qui ne veulent rien reconnaître à des militants dons nous sommes tous fiers, qui cherchent à dissimuler toutes les vérités ayant trait aux événements du 4 décembre et du 9 avril ainsi qu'à l'assassinat de Chokri Belaïd, je dirais que l'avenir semble être flou et incertain. La Tunisie risque, ainsi, des lendemains qui déchantent. Afin de la sauver, il faut que nous nous réunissions tous, il faut que toutes les voies démocratiques éparses ne fassent plus qu'une. Ce, en procédant à la création de ce front auquel nous aspirons tous». Dans la même perspective, Mohamed Hamdi de l'Alliance démocratique a indiqué que le front démocratique est dicté par le rendement défaillant du gouvernement actuel. Pour lui, l'exercice au sein de l'opposition du temps du régime déchu est moins dur que celui d'aujourd'hui. «Autrefois, un opposant est classé opposant, aujourd'hui tout opposant est mécréant. C'est là que réside tout le danger, dans la confusion voulue des concepts». Clôturant les travaux du meeting, Samir Taïeb, porte-parole d'Al-Massar, a noté que le Front ne doit pas être une finalité en soi, mais plutôt un pont pour rapprocher toutes les forces démocratiques les unes des autres. «Un front qui rompe définitivement avec le régime déchu dont se sert encore le gouvernement provisoire».