Hier matin, un discours unique a dominé l'ouverture du deuxième congrès du Parti socialiste de gauche (PSG), placé sous la devise «pour le triomphe de la République». La grande famille démocratique, avec ses factions dites de gauche, de droite et du centre pour dire d'une seule voix : «Non aux dérives d'Ennahdha qui balise la voie lentement, mais sûrement, à une dictature à connotation religieuse, oui à un front démocratique large et ouvert aux démocrates de tous bords, un front qui s'oppose au projet nahdhaoui, mais qui a pour objectif principal de gagner les prochaines élections». Tous ceux qui ont pris la parole n'ont pas manqué de dénoncer les pratiques de la Troïka dominée par Ennahdha «qui a dévoilé son véritable visage après son accession au pouvoir». Toutefois, ils ont été unanimes à reconnaître que «le mal n'est pas uniquement du côté d'Ennahdha et des partis qui lui sont alliés au sein de la Troïka au pouvoir. Le mal est enraciné profondément en nous. Nous avons perdu les élections du 23 octobre 2011 parce que nous méritions de les perdre. Par notre éparpillement, par nos guéguerres de faux leaderships, par notre refus de nous écouter les uns les autres et de dialoguer pour nous accorder sur l'essentiel, nous avons livré le pays, sur un plateau, à Ennahdha et à ses compères. Aujourd'hui, nous sommes condamnés à travailler ensemble pour sauver la République. Et si le PSG a tiré, dans son deuxième congrès, la sonnette d'alarme, c'est bien parce que la Troïka, dominée et dirigée à la baguette par Ennahdha, agit désormais à découvert et ne cache plus son projet de faire de la Tunisie une dictature au nom de la religion». Démocrates de Tunisie, unissez-vous ! Pour M. Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti socialiste de gauche, réputé pour son «obsession à unir les militants de gauche quelles que soient leurs tendances ou sensibilités, même lors des années de braise, à l'époque de Bourguiba où les leaders des diverses gauches étaient à couteaux tirés» —, les choses sont désormais claires. «Le contenu de la Constitution qu'Ennahdha et ses alliés s'apprêtent à nous offrir (droits bafoués de la femme, mainmise sur les médias, préservation du sacré, régime parlementaire octroyant tous les pouvoirs au chef du gouvernement, etc.) augure d'une véritable dictature au nom de la religion instrumentalisée à souhait. Il est temps pour les démocrates appartenant aux familles de gauche, libérale ou centriste de laisser leurs conflits et leurs différences de côté et de se mobiliser pour la création d'un front démocratique unifié dont l'objectif premier sera de sauver la République. Notre congrès constitue un cri d'alarme, un appel pressant et une sollicitation de dernière minute que nous adressons aux démocrates afin qu'ils prennent conscience de l'ampleur du danger menaçant le régime républicain, notre modèle de société et les valeurs humaines et démocratiques pour la consécration desquelles nous nous sommes tant sacrifiés». Même son de cloche chez Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du travail patriotique et démocratique, qui est convaincu que «la réussite du congrès du PSG augurera de la réussite de toutes les forces démocratiques». Il souligne encore : «L'heure est à l'union des démocrates face à un pouvoir issu d'élections démocratiques et transparentes que nous n'avons jamais remises en cause, mais qui migre sérieusement vers l'instauration d'un régime oppressif qui nous rappelle l'ancien système déchu et balayé par la révolution de la liberté et de la dignité. Face à cette dérive dont personne n'est en mesure d'imaginer les conséquences, nous avons déjà entamé des concertations au niveau des partis à vocation démocratique (Al Joumhouri, le Parti du travail patriotique et démocratique, le Parti socialiste de gauche) et des réseaux et associations de la société civile (Réseau Doustourouna, Kollouna Tounès, etc.) en vue de la création d'un front démocratique qui n'exclut personne parmi la grande famille démocratique, sauf ceux qui s'excluront d'eux-mêmes. Notre objectif est d'affronter les prochaines élections en rangs serrés et unis autour d'un programme commun, un programme qui nous permettra, cette fois-ci, d'éviter nos erreurs du 23 octobre et de gagner les élections». Notre bataille commence aujourd'hui Boujemaâ R'mili, membre du bureau constitutif du parti Nida Tounès ne mâche pas ses mots pour dévoiler les raisons qui ont été à l'origine de l'échec de la gauche, toutes composantes confondues, lors du rendez-vous du 23 octobre 2011. «Aujourd'hui et au-delà des analyses sur le déséquilibre entre les forces politiques présentes sur la scène nationale, il est clair que le gouvernement actuel représenté par la Troïka en perdition et qui se démembre d'un jour à l'autre n'admet pas le principe du consensus en tant que solution à la grave crise de confiance qui menace notre pays. Nous n'attendons plus rien de la Troïka et nous nous engageons dès aujourd'hui dans la bataille de la consécration de la démocratie et des valeurs républicaines, bataille que tous les démocrates de la Tunisie mèneront ensemble, dans un front unifié et soudé, en vue de sauver la barque Tunisie et son projet de société démocratique et républicaine face à ceux qui cherchent vainement à nous faire reculer et à imposer leur projet obscurantiste». Chedli Fareh, représentant du parti Al Joumhouri, et Jounaïdi Abdeljaoued, parlant au nom d'Al Massar, ainsi que Khaled Krichi de la direction du Mouvement Achaâb, abonderont dans le même sens pour dire d'une même voix : «Oui à l'unité, oui à un front qui rassemble tous les démocrates, oui à une alliance large à l'occasion des prochaines élections». «Seuls une mobilisation commune et un programme économique et social répondant positivement aux véritables attentes du peuple peuvent nous permettre de prémunir notre pays contre le chaos, la dictature et le despotisme», se sont-ils acharnés à marteler.