Chaher Mejri est un jeune artiste-peintre et bédéiste dont la spécialité est l'art visuel (design). Il a participé et animé les journées ouvertes de dessin et coloriage à la bibliothèque régionale de Carthage-Byrsa... Il a également mis la main dans plusieurs événements culturels dont, notamment, le festival «Le printemps des arts à Den Den ou encore les journées d'animation (peinture murale). Il a fait, par ailleurs, partie de plusieurs expositions collectives dont «La rencontre des couleurs»... Aujourd'hui, il s'est engagé dans sa première exposition individuelle... L'encre de Chine guide sa plume. Grâce à ce matériau et à travers lui, il exprime les fluctuations les plus infimes suggérées par son imaginaire. La galerie Bel Art est un espace des plus coquets. Convivial et chaleureux, il est ce qu'il y a de plus indiqué pour l'exposition du jeune artiste Chaher Mejri. L'encre de Chine est le support de la plume du peintre. Il la guide et la fait valser au gré de son imaginaire. En véritable orfèvre, il nous incite à une balade féerique dans les rues et les dédales de la Ville des lumières Paris. En vrai architecte, il reproduit tels quels des monuments et des endroits phare, comme la Tour Eiffel, l'Arc de Triomphe, le Sacré-Cœur, Les Champs-Elysées, Montmartre... leur conférant un contour presque symétrique, voire mathématique...L'encre de Chine a ce don de nous offrir des tableaux qu'on peut assimiler à des photos, à des zooms. Cette matière reproduit les thèmes dans toute leur réalité, elle capture les lieux qui apparaissent en traits presque parfaits aux contours fluides et révélateurs du souci de précision de l'artiste. On a comme l'impression de redécouvrir un Paris susurré par la pensée de Chaher Mejri à sa plume, un Paris tel qu'il est projeté dans son imaginaire, avec des détails minutieux et déconcertants de réalisme. Pourtant, l'artiste dit n'avoir jamais visité cette ville... Elle habite ses rêves jusqu'à s'installer dans son inconscient. Elle est telle qu'en elle-même, parée de ses plus beaux atours... Elle inspire au jeune peintre la nostalgie, lui qui a tant rêvé de déambuler dans ses rues. Un rêve malheureusement avorté. Au détour d'un regard, on rencontre deux guitares qui nous fredonnent une chanson d'Aznavour; on entend presque la mélodie résonner. Plus loin, deux visages se dévisagent dans le silence dans un jeu sensuel. Ils se touchent pour ne former qu'un seul être. Dans un coin, des jambes de femme, séductrices mais qui demeurent pudiques. Puis l'intérieur d'une voiture (le rétroviseur), celle-là même qui nous emmène faire un tour dans les coins les plus beaux de Paris. Un peu plus loin, la pluie tombe en rafales, purificatrice. Elle nous imbibe d'eau; un véritable torrent dont on croit entendre le bruit. Le clou de l'exposition ce sont les réverbères. Ils sont si réels qu'on a envie de les toucher... comme si le peintre s'était muni d'un appareil photo pour les pérenniser... Chaher Mejri a illustré ces réverbères comme pour illuminer l'exposition trempée dans le noir et blanc. Couleurs apaisantes, parfois agressives représentées par des courbes qui ressemblent à un plan d'architecture, où aucun détail n'est laissé au hasard, où tous les détails obéissent au hasard de l'imaginaire du peintre. L'artiste a capturé les endroits, zoomant ainsi sur leurs plus beaux traits qu'il a mis en valeur. Elaborant un travail minutieux, sans faute, il nous offre un Paris dans toute sa splendeur qui ne lasse point. Un Paris de ses rêves d'artiste, un Paris de son imaginaire. Le cœur y est d'ailleurs, et la plume suit en extase devant chaque monument et chaque place obéissant aux exigences de l'encre de Chine, rebelle, et capricieuse, mais qu'il arrive à dompter, à maîtriser. Aucun détail ne lui échappe. Les lieux illustrés s'abreuvent d'un réalisme certain. Et l'artiste nous donne l'impression d'avoir déambulé dans les rues de Paris toute sa vie. Il semble connaître les moindres recoins des lieux, dans la mesure où il reproduit parfaitement ce que nous savons de Paris. Ce Paris est revisité et redécouvert. Aussi, pouvons-nous affirmer que le pari est gagné pour cet artiste qui a le mérite de nous avoir donné à voir cette ville de rêve, comme si on la visitait pour la première fois.