Le ministère du Commerce et de l'Artisanat avait annoncé, le 18 avril, la fixation du plafond des prix et de la marge bénéficiaire de certains produits de consommation de base. Cette mesure devait prendre effet le 22 avril, mais dans les commerces, elle tarde à être appliquée. Dans l'effervescence habituelle du marché central de Tunis, Rihab déambule un couffin à la main entre les étals de fruits et légumes. Elle vient de finir ses courses et s'apprête à quitter les lieux, un peu exaspérée par les prix. «Les prix n'ont pas changé, voyez par vous-même. Le kilo de pommes de terre est à 1DT», dit-elle. Les pommes de terre sont l'un des produits de consommation de base dont le prix a été plafonné par le ministère du Commerce et de l'Artisanat. Au marché central, le kilo se vend jusqu'à 980 millimes alors qu'il ne devrait pas dépasser les 850 millimes. Pour la plupart des consommateurs interrogés, la baisse des prix est à peine perceptible. Aux alentours du marché, un marchand de volaille vend les œufs à 640 millimes les quatre pièces. Ce prix est également adopté dans les épiceries des environs. Visiblement, l'œuf est le seul produit où le prix plafond est respecté dans les différents points de vente. «Nous n'avons pas baissé les prix, nous n'avons reçu aucune directive», confie un épicier. Dans les grandes surfaces, la bouteille en plastique d'huile de maïs de 2l est de 6,460DT. Soit 600 millimes de plus que le plafond fixé par le ministère. «Toutes ces mesures et ces annonces, ça reste de l'encre sur du papier. Rien n'a changé», se désole Samia, mère de famille. «Elle a raison, renchérit la caissière, les prix n'ont pas baissé». Changement attendu dans les prochains jours Contacté par La Presse, le secrétaire général d'une grande surface affirme qu'une baisse des prix sera visible dans les prochains jours. «Il faut introduire les nouvelles données dans le système et les envoyer aux différents magasins, qui se chargeront de changer les étiquettes. Tout cela prend du temps», explique-t-il. Les mesures relatives aux prix sont prises en coordination avec toutes les grandes surfaces. «C'est un grand effort qu'on fait. Nos marges brutes sont déjà assez réduites, mais on le fait pour rendre service aux clients, bien que la démarche soit extrêmement limitée», rajoute-t-il. Avant de communiquer les nouveaux prix au public, le ministère du Commerce a réuni tous les intervenants du secteur. «Pour certains produits de base, il a été convenu que les producteurs n'augmenteraient pas leurs prix. Du côté des détaillants, la marge bénéficiaire va être réduite», explique Salem Limam, président de la chambre nationale des détaillants. Au lieu de gagner 30 millimes sur un pot de yaourt nature par exemple, les épiciers ne gagneraient plus que 20 millimes. La chambre nationale a émis un appel lundi dernier, sur les ondes d'une radio privée, pour inciter les détaillants à appliquer les nouvelles mesures. Par ailleurs, toutes les chambres régionales seront contactées par téléphone, pour qu'elles passent, à leur tour, le message aux épiciers. En attendant les 10 millimes de moins sur les pots de yaourt nature ou aromatisé, le consommateur tunisien n'a pas d'autre choix que de composer avec ce qu'il a. «Que peut-on faire, manifester? On nous accuserait d'agir contre la révolution!», ironise Samia. «Quant à moi, franchement, je ne regarde plus les prix, confie Rachid, retraité. J'achète ce que je peux avec ce que j'ai, un point c'est tout».