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«Le dialogue national menacé d'échec si Ennahdha maintient ses conditions» Entretien avec : Néjib Chebbi, chef de la commission politique d'Al Joumhouri, à La Presse
La question de la concomitance des élections présidentielles et législatives n'est pas encore tranchée Nous avons convenu que le futur président de la République sera élu au suffrage universel Il est prématuré d'annoncer que je me porte candidat à l'élection présidentielle Président de la commission politique d'Al Joumhouri et l'une des personnalités les plus marquantes du paysage politique national, Néjib Chebbi ne mâche pas ses mots pour dire que le dialogue national se déroulant à Dar Edhiafa risque de tomber à l'eau au cas où Ennahdha «persisterait à maintenir ses réticences quant aux attributions à confier au futur président de la République». Quant aux initiatives de dialogue pilotées par l'Ugtt et la présidence de la République, il les considère comme «complémentaires et même interdépendantes». Sera-t-il le candidat de l'Union pour la Tunisie à la prochaine élection présidentielle ? Soutient-il la création d'une grande formation de centre moderniste à laquelle se joindraient Ettakatol et le CPR par exemple? Néjib Chebbi livre à La Presse ses attentes et son analyse des questions d'actualité. Interview. Quel bilan dressez-vous de la première étape du dialogue national se déroulant actuellement à Dar Edhiafa et dont les travaux doivent s'achever dimanche prochain ? J'estime qu'il est trop tôt pour tirer un bilan de cette première phase du dialogue national. Néanmoins, nous sommes parvenus à un accord préliminaire sur les dates des élections présidentielles et législatives. Ainsi la présidentielle aura lieu le 10 novembre prochain pour le premier tour et le 24 du même mois pour le second tour. Au cas où les élections se dérouleraient en concomitance, les législatives se dérouleront le 10 novembre 2013, soit le jour du premier tour de la présidentielle. Au cas où les élections auraient lieu séparément, les législatives auront lieu le 29 décembre prochain. Pour le moment, la question de la concomitance des élections présidentielles et législatives n'a pas été tranchée. Quels sont les autres points de convergence ou de divergence qui ont marqué jusqu'ici les assises du dialogue national ? La question la plus importante est celle de la nature du régime politique à choisir, plus particulièrement les attributions qui seront accordées au futur président de la République. Si nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il sera élu au suffrage universel, il existe parmi nous certaines divergences sur les prérogatives qui lui seront confiées. La majorité des participants au dialogue voudraient qu'il ait des prérogatives dans les domaines de la sécurité intérieure et extérieure, de la défense et de la représentation de la Tunisie à l'étranger. Cette même majorité propose également qu'il préside le Conseil des ministres et qu'il ne soit pas écarté de la conduite des affaires de l'Etat, sans toutefois disposer du droit de décider ou de dissoudre le gouvernement ou le Parlement. Seulement, Ennahdha est réticente sur les propositions de la majorité des participants au dialogue national. Elle considère qu'il n'a pas à présider le Conseil des ministres, ni à intervenir ou décider en matière de sécurité intérieure. Pour ce qui est de la politique extérieure et de la défense nationale, Ennahdha soutient que les décisions doivent être prises après consultation et accord du chef du gouvernement. Nous avons décidé de poursuivre le débat aujourd'hui sur ces deux questions. S'il n'y a pas accord et si le blocage persiste toujours, nous pouvons dire que le dialogue national n'a pas abouti. Considérez-vous que les initiatives de dialogue national pilotées par l'Ugtt, d'une part, et la présidence de la République, d'autre part, sont complémentaires ou plutôt concurrentielles? Pour moi, ces deux initiatives sont concordantes et non concurrentielles.Elles sont plutôt interdépendantes. D'ailleurs, la majorité des partis participant au dialogue à Dar Edhiafa ont décidé de prendre part au 2e round de la conférence de dialogue national initiée par l'Ugtt. Nous cherchons tous à offrir à la Tunisie une perspective d'avenir, à travers le parachèvement de la deuxième étape de la transition démocratique par l'organisation d'élections libres et transparentes et la mise au point d'une Constitution consensuelle et moderne où primeront liberté et séparation des pouvoirs. Quelles sont, selon vous, les chances de la formation d'une grande force de centre moderniste ? Quels sont les partis qui pourraient constituer cette force ? L'Union pour la Tunisie comprenant cinq partis politiques, dont notre parti Al Joumhouri, existe déjà. Actuellement, des commissions s'activent pour lui donner forme. Une réunion au sommet est programmée dans les jours à venir afin d'activer le processus déjà engagé. Seulement, l'Union pour la Tunisie restera une coalition électorale et un front politique sans que les partis qui la composent disparaissent ou cessent d'exister. Si vous faites allusion à Ettakatol et au CPR qui font, il est vrai, partie de la grande famille démocratique et libérale, je vous réponds que pour le moment, il n'y a pas de concertations pour qu'ils nous rejoignent. A l'heure actuelle, ils ont leurs propres programmes, ils ont fait leurs choix ainsi que leurs alliances. A l'avenir, rien n'est à exclure. Avez-vous l'intention de vous porter candidat à la prochaine élection présidentielle ? Pour le moment, nous n'avons ni constitution ni Code électoral et il est prématuré que je me prononce. Il y aura, le jour J, des consultations au sein de mon propre parti Al Joumhouri et au sein de l'Union pour la Tunisie et nous nous accorderons sur le nom de la personnalité que nous estimerons à même d'avoir les meilleures chances de gagner la présidentielle.