Les dépenses de la Caisse de compensation ont atteint, en 2012, 6.800 MD (millions de dinars), dont 4.300 MD de subventions directes et 2.500 MD de subventions indirectes, soit 9,5% du PIB. Mais la Caisse de compensation n'est pas une fatalité. Il suffit de mieux cibler les catégories bénéficiaires, pour minimiser les dépenses de l'Etat. C'est ce qu'ont convenu d'admettre les experts réunis, hier, à Tunis, dans le cadre d'une conférence de presse tenue par l'Institut tunisien des études stratégiques et inaugurée par le président provisoire Dr Marzouki. Ouvrant les travaux de cette conférence, M. Abdelmalek Saadaoui, représentant du ministère des Finances, a indiqué que le système de compensation représente 27% du budget de l'Etat. Ce qui constitue une charge de taille empêchant de se servir des revenus de l'Etat pour la création davantage d'opportunités d'emploi. Il a ensuite fait remarquer que la réforme du système de compensation est aujourd'hui plus que jamais nécessaire. Sauf qu'elle ne doit pas se faire aux dépens des classes faibles et déshéritées. Selon lui, la réforme doit tenir compte du niveau de consommation et de productions nationales, du déficit budgétaire, du taux d'endettement, du taux de change et des cours mondiaux des hydrocarbures ainsi que d'autres produits énergétiques entre autres. Le même intervenant a fait observer qu'une augmentation de 1 dollar du prix du baril coûte au pays près de 52 MD. Tout autant qu'une dévaluation de 10 millimes par rapport au dollar génère une charge supplémentaire estimée à 41 millions de dinars. Les subventions directes atteindront, selon le représentant du ministère des Finances, 4.200 MD en 2013. S'agissant des subventions relatives aux produits de base, le représentant du ministère du Commerce Sadok Ben Nedjma a noté que les dépenses ont été de l'ordre de 1.260 MD en 2012 et devraient atteindre 1.350 MD pendant l'année courante. Conformément à la répartition qu'il a présentée à cet effet, le secteur des céréales occupe le premier rang, totalisant 75,33% des dépenses de subvention : 1.017 MD. Puis, figurent les huiles végétales avec un taux de dépenses estimé à 274 MD. Le même intervenant a, par la même occasion, attiré l'attention sur la nécessité de maintenir la subvention des produits de base, soulignant que sa suppression générera une hausse de 3,6% du taux de pauvreté. Une attitude consentie par le directeur de l'Institut national de la statistique, Jaleleddine Ben Rejab, qui a fait observer que la suppression de la subvention des produits de base aura des conséquences néfastes sur le panier de consommation des ménages les plus pauvres. Débattant de la subvention réservée aux hydrocarbures, Rachid Ben Dali, directeur général au ministère de l'Industrie, a déclaré qu'elle devrait atteindre 2.520 MD en 2013, après avoir été de l'ordre de 2.500 MD en 2012. Afin d'adoucir la charge de la Caisse de compensation dont le poids sur le budget est devenu insupportable, il a appelé à s'orienter vers les énergies renouvelables, telle que l'énergie solaire. Ce, compte tenu également d'un déclin progressif des champs pétrolifères du pays. Mme Wided Bouchamaoui, présidente de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), a appelé à entreprendre les réformes nécessaires pour que le système de compensation profite uniquement aux catégories nécessiteuses et non à des entreprises et des personnes pratiquant le commerce illicite.