Hamda Dniden est un fidèle. Cet habitant de Sidi Bou Saïd y rencontre son public sur les cimaises du petit musée qui y accueille, depuis des décennies, les artistes du village et les autres. Lui-même a longtemps officié aux activités culturelles des lieux, et veillé à la programmation de ces cimaises. Hamda Dniden est de ces artistes qui travaillent dans le secret de leur atelier, avec science et patience, sans goût pour le spectacle, mais avec un sérieux et une constance à saluer. Pas de surprises dans ses expositions, pas de retournements ou de remises en question radicales, mais un approfondissement de la démarche, une évolution réfléchie, un questionnement renouvelé. On connaissait chez lui ces personnages de femmes, telluriques, terriennes, déesses fécondes et généreuses. Elles continuent à faire la trame de son travail, mais la composition, l'agencement de ces personnages sont différents : on les voit quitter le sol où elles étaient profondément ancrées, s'alléger, se détacher, tout en se superposant. Il ressort de ces accumulations de personnages sur les grands formats que l'artiste semble privilégier, une impression de légèreté, d'évanescence qui donne le ton de cette exposition. Accumulations, superpositions se retrouvent également dans les architectures de villes imaginaires que l'artiste nous propose, villages collinaires, Sidi Bou Saïd réinventé où les maisons se soutiennent les unes les autres, en une ondulation solidaire et onirique. Ses échafaudages poétiques sont plus complexes qu'ils n'apparaissent au premier regard. Il suffit de s'y attarder un moment pour déceler le jeu de renvoi de miroir, celui de l'image dans l'image, ou encore l'irruption inattendue d'un autoportrait, d'un collage insolite, d'un personnage sans visage... Etonnant Hamda Dniden, bien plus complexe qu'il ne le laisse croire, qui invite son public à un subtil jeu de piste où la réalité ou, du moins, celle de l'artiste n'est pas toujours facile à appréhender