Les Tunisiens détenus dans les prisons syriennes vivent dans des conditions pour le moins précaires et tragiques. Et ceux qui se sont rendus dans ce pays pour poursuivre des études ou pour faire du commerce ne sont pas mieux lotis. Selon le journaliste et producteur de l'émission «Fi Samim» (en profondeur), dont le dernier épisode vient d'être produit en Syrie, ces Tunisiens ont besoin du soutien de leurs concitoyens afin de bénéficier d'un procès équitable pour les premiers et de pouvoir rentrer au pays pour les seconds. La conférence de presse tenue, hier, à Tunis, en présence de certaines familles, par le journaliste avec la collaboration de l'Ordre national des avocats (ONA), le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes), la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme (Ltdh), l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd), l'Organisation contre la torture en Tunisie (Octt), l'Association de secours des Tunisiens à l'étranger et Free Reporters, a abondé dans ce sens. Le journaliste Zouheir Latif qui vient de réaliser le dernier épisode de son émission en Syrie a indiqué qu'il a rendu visite à 50 Tunisiens détenus dans des prisons syriennes pour avoir participé au conflit armé se déroulant dans ce pays. Comme il l'a fait remarquer, les conditions de détention sont inhumaines et les détenus risquent le pire, en l'absence d'une représentation diplomatique tunisienne en Syrie. «Ces Tunisiens, victimes de prédications et de prêches appelant au jihad en Syrie, auraient commis l'erreur de participer à ce conflit. Toutefois, ils demeurent les enfants de ce pays et notre devoir à nous tous est de les soutenir pour leur assurer des conditions de détention décentes et un verdict équitable, après que le gouvernement tunisien a rompu ses relations diplomatiques avec la Syrie. On estime qu'il incombe à la société civile de prendre l'initiative. Dans cette logique s'inscrit la constitution d'une coalition nationale de soutien aux Tunisiens bloqués en Syrie», a-t-il annoncé. Cette coalition comprendra, selon le bâtonnier de l'Ordre des avocats Chawki Tabib, un comité de défense composé de plusieurs avocats tunisiens, ayant pour tâche de défendre les détenus qui n'ont pas participé au conflit et d'assurer aux coupables les conditions d'un verdict équitable. «Il faut reconnaître que l'affaire est très délicate, surtout après que les relations diplomatiques ont été rompues entre les deux pays. Mais nous comptons beaucoup sur la collaboration avec nos confrères syriens pour rendre justice aux innocents et garantir aux coupables une sentence juste et transparente ». L'avocate Bochra Belhadj Hamida a, quant à elle, dénoncé le laxisme du gouvernement face à la cause des Tunisiens bloqués en Syrie, soulignant que la décision prise de rompre les relations avec la Syrie relève d'une démarche politique suicidaire. «Qui peut aujourd'hui secourir nos concitoyens souffrant le martyre en Syrie ? Qui peut rendre justice à ces mères en pleurs ? Avec quel gouvernement allons-nous négocier ? Absolument pas avec le nôtre après les sottises qu'il a faites. Seule la société civile peut, donc, redresser la barre. Nous agirons dans ce sens», a-t-elle affirmé. A la question de savoir si l'on a pensé à la réhabilitation sociale des Tunisiens qui reviendront en Tunisie, le journaliste a répondu que les préparatifs et la coordination avec les organisations de la société civile vont bon train pour préparer un environnement favorable à leur réintégration sociale.