Traitement par alcoolisation, par radiofréquence et par vertébroplastie : ce sont les dernières avancées médicales pour lutter contre la douleur dans les milieux carcinologiques. Le cancer fait souffrir, et la douleur — ce châtiment ou cette épreuve divine — s'accommode bien du vécu d'une personne à cheval entre le parcours passé et la fin. Les personnes en phase de métastase se trouvent souvent dans l'incapacité d'exprimer leurs douleurs, les qualifier, leur attribuer un degré précis, à même d'aider le cadre médical et celui paramédical à prendre les mesures nécessaires pour diminuer l'intensité de la douleur, sinon l'éliminer afin de permettre au malade un temps de répit. La douleur semble ainsi une autre dimension de la maladie, aussi préoccupante et aussi cruelle que la tumeur elle-même. La science a réussi à mettre en place des techniques avancées en matière de traitement de la douleur; des techniques que pratiquent bon nombre de chirurgiens et de radiologues et dont le fondement consiste à intervenir tout bonnement sur la tumeur-même. Pour mettre en exergue les trois principales techniques en matière de traitement de la douleur, la clinique internationale Hannibal a invité, samedi dernier, l'un des plus illustres professeurs internationaux spécialisés dans ce domaine: le Pr. Bruno Kastler, chef de service de radiologie au CHU de Besançon, a donné ainsi une conférence sur le traitement de la douleur en milieux carcinologiques. Sa conférence avait tout d'un cours de médecine fort technique, axé sur trois traitements jugés comme éfficaces, à savoir le traitement de la douleur par alcoolisation, par radiofréquence ou encore par la vertébroplastie. La part du lion a été consacrée lors de cette intervention à la technique de l'alcoolisation. Il s'agit en effet d'injecter de l'alcool au niveau du plexus nerveux responsable de la douleur afin de la calmer. Pour ce, le médecin recourt à un test préliminaire qui repose sur l'anesthésie de la zone supposée être la source de la douleur. Une fois certain du site de la douleur, le spécialiste injecte de l'alcool dans cet endroit en particulier. L'alcool préconisé dans ce traitement n'est autre que l'éthanol. Le plexus, qui peut être un réseau de nerfs ou de vaisseaux sanguins, se trouve ainsi relaxé. La douleur est donc apaisée. Par ailleurs, et en ce qui concerne le traitement de la douleur par radiofréquence, il consiste à mettre des aiguilles au sein de la masse tumorale dans l'optique de transmettre à cette dernière un courant électrique à même de la brûler. Ainsi, la tumeur diminue de volume et devient donc moins douloureuse. Cette démarche nécessite une anesthésie générale ou locale, cela dépend de l'état du patient. Quant à la technique dite vertébroplastie, elle concerne les personnes qui souffrent d'un problème de santé qui touche aux vertèbres, notamment les fractures vertébrales, les cancers de l'os ainsi que les traumatismes osseux. L'idée étant d'injecter du ciment dans la vertèbre en question afin de la stabiliser et donc agir indirectement mais efficacement sur la douleur. Ces techniques semblent être faciles, voire anodines. Elles impliquent, en revanche, un sens développé de précision et de minutie, surtout qu'elles sont pratiquées directement sur le site de la douleur, voire de la maladie. Dans le milieu carcinologique, la douleur est une réalité qui s'alimente le plus souvent de l'évolution de la masse tumorale. Elle est donc étroitement liée au cancer-même dans 70% des cas. Elle peut toutefois résulter des effets secondaires d'un traitement lourd comme la chimiothérapie ou la radiothérapie. Les personnes atteintes du cancer doivent tenir le coup et faire face ainsi à une douleur qui risque de devenir chronique. En parler à son médecin ne relève point du caprice: traiter la douleur est une composante essentielle du processus médical et de la lutte pour la vie.