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Textile, le salut passe par l'innovation
Entretien avec M. Jean-François Limantour, président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (Cedith)
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 05 - 2013

Avec 2.000 entreprises, 200.000 salariés et un chiffre d'affaires de 7 milliards de dinars, dont 5 milliards à l'exportation, l'industrie textile-habillement joue un rôle clé dans les équilibres socioéconomiques du pays
Les entreprises tunisiennes opérant dans le secteur du textile-habillement ont certes réalisé des performances en continuant à exporter vers le marché européen malgré une conjoncture difficile caractérisée notamment par les exportations massives de la Chine qui offre des produits ayant un rapport qualité-prix assez attrayant. Les perspectives s'annoncent, toutefois, inquiétantes vu la nature de la concurrence qui implique des entreprises fortes et innovantes. Le salut pour les entreprises tunisiennes viendrait de l'innovation et de la créativité en donnant l'importance qu'il faut à la compression du coût de production.
Un investissement conséquent devrait être consenti pour l'innovation et la qualité afin que les entreprises tunisiennes puissent préserver leur place dans les principaux marchés d'exportation pour augmenter leur chiffre d'affaires. Certes, la modernisation des outils de travail est nécessaire, mais cela ne doit pas cacher un élément de taille, à savoir la mise à niveau des ressources humaines à tous les niveaux de production. M. Jean-François Limantour, ancien dirigeant des Unions française et européenne des industries de l'habillement et actuel président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (Cedith), qui connaît bien la situation du secteur en Tunisie, a bien voulu répondre à certaines questions qui préoccupent les spécialistes. Entretien
Les statistiques d'Eurostat montrent que les exportations tunisiennes de textile-habillement ont chuté de 11,5 % en 2012 pour tomber à 2,4 milliards d'euros. Comment améliorer ce résultat inquiétant qui constitue un signe de faiblesse?
La compétitivité de l'industrie tunisienne n'est pas en cause. Il est vrai que ce n'est pas un bon résultat mais je voudrais faire observer que la plupart des grands fournisseurs d'habillement de l'Union européenne ont enregistré eux aussi en 2012 un recul de leurs ventes vers les marchés européens, à commencer par des pays comme la Chine, la Turquie, l'Inde ou le Maroc! En réalité, la Tunisie, comme ses concurrents, a subi les conséquences de la crise économique qui a frappé la consommation vestimentaire en Europe et a provoqué un sérieux coup de frein aux importations dans l'U.E.
Je note aussi que les exportateurs ont connu un trou d'air début 2012 et qu'ensuite, leurs exportations vers l'Europe ont repris le chemin de la croissance. D'ailleurs, ce mouvement positif semble se poursuivre cette année puisque les exportations ont progressé de 4% à fin mars 2013 par rapport à celles du premier trimestre 2012.
Plus fondamentalement, je voudrais surtout souligner que, malgré cet environnement économique européen très difficile et malgré les coups de butoir de plus en plus violents de la concurrence internationale, le secteur textile-habillement tunisien a conservé en 2012 sa place de 6e fournisseur de l'Union européenne devant le Maroc et juste après les poids lourds du commerce mondial que sont la Chine, la Turquie, le Bangladesh, l'Inde et le Pakistan.
En 2012, la Tunisie a gardé sa place de second fournisseur de l'Union européenne en maillots de bain et en vêtements professionnels, sa place de 3e fournisseur en lingerie féminine, celle de 4e fournisseur en pantalons, de 5e fournisseur en jeans et en costumes pour hommes, de 7e fournisseur en chemises, etc.
N'en doutons pas, ce sont des résultats tout à fait remarquables et qui ne sont pas le fruit du hasard. Elles traduisent les efforts constants de compétitivité, d'investissement, de création, d'innovation et de promotion consentis par le secteur pour valoriser et adapter son offre de produits et de services aux impératifs toujours plus exigeants des marchés et de la compétition mondiale.
Les entreprises asiatiques et particulièrement chinoises représentent incontestablement un danger pour les entreprises tunsiennes vu leur capacité de production énorme et la diversification de leurs produits... Les entreprises tunisiennes peuvent-elles atteindre un niveau de compétitivité dans ces conditions?
Malheureusement, tout n'est pas totalement rose ; certains chiffres empêchent d'être totalement serein pour le futur. Ainsi, par exemple, s'il est vrai que la Tunisie a gagné des places en 2012 pour certains produits, il n'en est pas moins vrai qu'elle en a perdu pour d'autres tels que les T-shirts, les pulls, les vestes pour hommes et pour femmes, ou encore les jupes.
Au-delà de ces aspects conjoncturels, on doit surtout s'inquiéter de voir que la part de la Tunisie dans les importations totales européennes textile-habillement ne cesse de diminuer régulièrement. Elle était de 3,9% en 2005 et n'est plus que de 2,7% en 2012. Ce qui signifie que certains concurrents font mieux ou plus que la Tunisie!
Et tout ceci, avec des perspectives de croissance très dégradées en Europe pour cette année 2013 et, à coup sûr, pour 2014, ce qui ne va pas arranger la situation des entreprises tunisiennes et va malheureusement peser sur l'emploi.
Les perspectives de l'industrie du textile-habillement tunisienne et les exportations vers l'Union européenne sont-elles source d'optimisme et de jours meilleurs?
Je n'ai pas la science infuse et me garderai de donner des conseils. Pour autant, je voudrais affirmer ma profonde conviction que le secteur dispose d'un formidable potentiel de développement et d'une grande marge de progression à l'exportation.
Sans doute faut-il, pour exploiter ce potentiel, que le textile-habillement tunisien se mobilise, avec le soutien des pouvoirs publics, pour la mise en œuvre d'une stratégie offensive de compétitivité globale produits/services et de conquête des marchés internationaux.
On connaît les grandes lignes d'une telle stratégie qui reste néanmoins à redéfinir, ayant des objectifs clairs et ambitieux, poursuivis dans le cadre d'un plan pluriannuel d'actions.
Fondamentalement, cette stratégie consiste à valoriser l'offre tunisienne textile-habillement et donc à mener une politique de valeur ajoutée pour exposer beaucoup moins qu'aujourd'hui les entreprises à la concurrence internationale par les prix et pour améliorer leur rentabilité ; ceci, avec comme importante conséquence, une plus grande employabilité du secteur, en particulier à l'égard des jeunes diplômés. Car pour l'essentiel, le secteur est encore une industrie de sous-traitance et donc très exposée à la concurrence des pays à bas coûts. Surtout depuis que les quotas européens qui limitaient les importations asiatiques ont été démantelés. Sait-on que pour le coût d'une ouvrière tunisienne de confection on a cinq ouvrières bangladaises, sri-lankaises ou malgaches?
En disant cela, je voudrais aussi souligner que les concurrents directs de la Tunisie comme la Turquie ou le Maroc amplifient actuellement leurs efforts d'adaptation et de modernisation, au moyen de politiques résolues. Ne pas y prendre garde pourrait conduire à des réveils douloureux!
Quels sont les grands axes d'une telle stratégie?
Face à la concurrence internationale, la Tunisie doit jouer à fond la carte du circuit court, de la création, de la qualité, du produit fini, de l'innovation. Tout ceci est bien connu mais il faut maintenant, plus que jamais, décréter la mobilisation générale pour passer à l'offensive.
Plus concrètement, il me semble que le secteur doit investir fortement en matériels, solutions et ressources humaines répondant aux nouveaux impératifs de création, de gestion et de logistique. Tout ou presque a déjà été écrit dans ces domaines. Pourquoi laisser dormir dans les cartons, depuis plusieurs années, les projets de création d'un cloud computing sectoriel ou encore celui d'un institut méditerranéen de la mode?
Pourquoi également n'a-t-on toujours pas mis en œuvre le projet de label social et environnemental qui a fait l'objet de multiples débats dans le passé et dont l'application permettrait de valoriser l'offre tunisienne par rapport à celle de certains pays concurrents qui comme le Bangladesh prennent les plus grandes libertés en matière d'hygiène et sécurité des salariés?
Pourquoi aussi ne dispose-t-on toujours pas d'un dispositif de veille économique alors que, comme chacun le sait, la maîtrise de l'information opérationnelle sur les marchés, les technologies et la concurrence est un facteur-clé de compétitivité?
Au-delà de ces questions, ne faut-il pas redynamiser et redonner du souffle à la coopération sectorielle tuniso-européenne et en particulier tuniso-française, sachant que la moitié des 2.000 entreprises du textile-habillement tunisien sont à capitaux étrangers ou mixtes?
Pour tout cela, les idées et les projets ne manquent pas. Il serait dommage, et le mot est faible, de ne pas répondre aux légitimes ambitions de la Tunisie de conserver un rôle leader dans le domaine de la mode et du textile. Car le train ne passera pas deux fois!


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