Associé à l'American way of life et symbole de révolte dans les années 1960, le jean ou le blue-jean, pantalon à coutures coupé dans une toile appelée denim, est le premier produit tunisien exporté en habillement. Ses exportations ont atteint, en 2006, 712 millions de dinars pour plus de 36 millions de pièces exportées. Le principal débouché du jean tunisien est essentiellement l'Europe. Les Italiens sont les Européens qui enfilent le plus le jeans «made in Tunisia».
Sa confection en Tunisie connaît une évolution rapide. En témoigne la place stratégique qu'occupe sa filière dans le secteur habillement tunisien. Selon le Centre technique du textile (CETTEX), la branche jean centralise la plus grande part des entreprises (274) et des emplois (37.000) dans le secteur. Plus de 90% de ces sociétés produisent entièrement pour l'export, faisant de la Tunisie un des principaux sites de confection de ce pantalon historique.
La Tunisie se classe quatrième fournisseur de jeans de «l'UE à 25» et second fournisseur méditerranéen après la Turquie avec une part de marché de 11,22%.
Les concurrents réalisent de meilleurs scores. La Turquie est de loin le premier exportateur de jeans sur l'Union européenne avec près de 23% des approvisionnements. Le Bangladesh et la Chine suivent en 2ème et 3ème positions avec des parts de marché proches.
Le Maroc, pays comparateur de la Tunisie, est le sixième fournisseur de « l'UE à 25» avec 5,5% de part de marché.
Le CETTEX, ce bon classement, la Tunisie le doit «au développement de la filière de délavage qui a contribué énormément à l'amélioration de l'offre globale des fabricants de jeans en Tunisie».
En dépit de ces bons résultats, le jean tunisien est handicapé par des défaillances, notamment, en ce qui concerne la disponibilité dans le pays du tissu denim et autres accessoires. La demande des confectionneurs, estime le CETTEX, est de plus en plus orientée vers des produits personnalisés, notamment en matière d'accessoires qui nécessitent un délai de fabrication assez long (plus d'un mois en Tunisie contre une semaine en Turquie).
Conséquence : les industriels du secteur sont obligés de s'approvisionner de l'étranger, ce qui engendre des démarches plus complexes et des délais plus étendus.
C'est pourquoi, si l'évolution des importations tunisiennes en tissus de denim est un bon indicateur du dynamisme de la filière, il vient illustrer en même temps la non compétitivité du denim tunisien.
Ce tissu fabriqué par la Sitex à Monastir ne soutient pas la compétitivité du denim importé notamment celui en provenance d'Asie. Le denim tunisien se vend à 5,5 euros le mètre, contre 5,25 euros m en Europe (Italie, Turquie, Grèce), 4 euros aux Etats-Unis et 3,25 euros en Asie (Chine, Inde, Pakistan).
Résultat : cette non-compétitivité se répercute sur le prix de revient du produit fini dont près de la moitié du coût est absorbée par l'achat de matières premières. A cela s'ajoutent la hausse du coût de délavage et des traitements spéciaux dont la part a nettement augmenté dans le prix de revient du jeans.