Le dialogue national sur la relance de l'économie, organisé hier par l'Utica, a suscité l'intérêt de tous les acteurs économiques, les représentants des organisations nationales et des partis politiques, qui ont enrichi le débat avec des quiproquos qui montrent bien l'état des lieux de la situation économique et de la crise qui persiste et entrave le processus de développement dans le pays. Les défis réels qu'affrontent aujourd'hui notre économie et notre société, les solutions idoines, telles sont les problématiques longuement débattues et examinées dans l'objectif de renforcer la dynamique d'investissement, de production, d'exportation et d'emploi. Les problèmes économiques et sociaux préoccupent incessament les travailleurs, les syndicalistes et les actifs, parmi lesquels «la flambée des prix des produits alimentaires et autres, l'augmentation du taux de chômage, l'exclusion et la situation dégradée dans les régions de l'intérieur, dans un environnement qui observe une absence totale de sécurité, l'émergence d'une multitude de phénomènes sociaux, la violence, l'intégrisme, l'assassinat...», souligne M. Hassine Abbassi, secrétaire général de l'Ugtt. Le pouvoir d'achat des citoyens qui s'est détérioré, les retombées de la politique de libéralisation des prix à laquelle il faut mettre fin, l'expansion des pratiques de spéculation au niveau des circuits de distribution, sans contrôle, de la contrebande et du commerce parallèle, «toutes ces problématiques menacent radicalement notre tissu économique et sa capacité d'investissement ainsi que l'employabilité. Les dernières augmentations salariales, supposées être attribuées à tous les ayants droits, ont été totalement absorbées par l'inflation dont le taux a atteint au cours du mois d'avril dernier 6,4%, et entre 7 et 8% dans plusieurs produits alimentaires de consommation destinés à ces catégories», ajoute M. Abbassi. Campagne de sauvetage des entreprises sinistrées Le secrétaire général de l'Ugtt a appelé, par ailleurs, les représentants de l'Utica et de l'Utap ayant vécu eux aussi cette réalité, à maîtriser les coûts et préserver le pouvoir d'achat des salariés. Il s'est adressé aussi au gouvernement pour qu'il mobilise tous les mécanismes pour une intervention urgente en vue de mettre fin à ce débordement. «L'Ugtt insiste dans ce cadre sur le traitement en amont et en aval de la lutte contre le chômage dont le taux a grimpé, passant de 13 à 18%, de la pauvreté (50%) dans les régions de l'Ouest, outre l'accélération de la réalisation des projets de développement régional. Nous adoptons aujourd'hui une politique de développement qui, si elle continue, pourra gaspiller toutes nos ressources sans pour autant réaliser les objectifs fixés. Dans le pacte social signé le 14 janvier, nous avons insisté sur la révision radicale du schéma de développement afin de lui donner une dimension sociale qui concrétise l'équité et la justice sociales», précise M. Abassi. Il est vrai que plusieurs entreprises passent par des difficultés, mais «la situation est plus critique au regard de la complexité des mesures et de la réticense des institutions financières locales qui hésitent à soutenir les entreprises économiques en difficulté, avec notamment l'absence de la gouvernance. Ces entreprises n'ont pas pu dépasser seules leurs problèmes. Il est grand temps pour entamer une opération élargie d'audit suivie de plusieurs études approfondies et participatives qui aboutiront à une campagne de sauvetage de ces entreprises sinistrées». Les solutions qui devraient améliorer la situation socioéconomique critique dans le pays «dépendront d'un message réconfortant devant être adressé à toutes les parties prenantes, message incitant à l'amélioration de l'environnement politique de toutes les tractations, fondé sur le respect des libertés et la garantie des institutions, le rassemblement de toutes les parties pour une deuxième étape de dialogue national en vue d'atteindre les objectifs ambitieux fixés dans les stratégies sectorielles et dans les domaines de production». Partenariat public-privé De son côté M. Ahmed Karam, président du conseil d'administration à El Amen Bank, avait une vision plus prospective de l'avenir de la Tunisie qui devrait profiter de la crise mondiale pour changer son modèle de développement économique, et ce, en adoptant une démarche prospective qui repose sur quatre axes fondamentaux, à savoir la lutte contre la pauvreté et l'exclusion à travers la mise en place d'un programme exceptionnel de promotion de l'emploi, l'impulsion de l'investissement dans les régions de l'intérieur, la conception par des entreprises économiques d'un programme de logements sociaux et la mise en place de mécanismes financiers de soutien pour lutter contre la pauvreté, sans compter d'autres défis dont la stabilité du budget de l'Etat, la conquête et l'accès à de nouveaux marchés prometteurs (le marché africain en l'occurrence) où la Tunisie pourra établir des actions de partenariat et la promotion des ressources humaines. «Le nouveau schéma de développement doit être fondé sur un partenariat entre les secteurs public et privé. Ce partenariat ne peut être réalisé sans l'existence de compétences confirmées au sein de l'administration, la révision et la modernisation du secteur bancaire public et la mobilisation d'investissements conséquents pour les grands projets. C'est dire que l'avenir de l'économie nationale est entre les mains des hommes d'affaires qui affichent aujourd'hui une volonté ferme pour sortir de ce marasme et soutenir l'opération de relance économique, d'impulsion des investissements et d'attraction des IDE».