Du jeu et du rythme, il y en a eu chez les deux formations. Mais le réalisme et la concrétisation ont été plutôt du côté sfaxien. La fête était totale dimanche au stade olympique de Sousse à l'occasion du classico, historiquement plaisant, qui n'a pas encore une fois dérogé à la règle, entre une Etoile en pleine ascension et un CSS aux prouesses tactico-techniques unanimement reconnues par les férus de beau football — l'emblématique Ruud Krol y est sûrement pour quelque chose — même s'il a été freiné par la défaite essuyée dans son fief face à l'Espérance de Tunis. C'est dire qu'une seconde contre-performance aurait été lourde de conséquences pour la course au titre. Il faut noter au passage la cordialité remarquable qui a caractérisé les rapports entre les différents intervenants des deux clubs avant et après le match, ce qui est très rare par les temps qui courent. Cependant, l'apothéose est venue d'un public étoilé assoiffé de belles performances de son équipe et avide de beau football. A cet effet, on se doit de relever l'attitude hautement valorisante de ce public au sifflet final de l'approximatif B. Naceur, qui s'est mis debout en applaudissant son équipe malgré la défaite mais surtout les joueurs sfaxiens pour le match plein qu'ils ont fourni. La touche krolienne L'impression majeure qui s'est dégagée dimanche du rendement des camarades de Maâloul, c'est incontestablement la cohérence de l'approche tactique et la qualité d'un football simple et réfléchi préconisé par l'ancienne gloire de l'Ajax Amsterdam, Ruud Krol. Adoptant un 4-4-2 se transformant par moments en 4-2-3-1, les Sfaxiens, manifestement déterminés à effacer la défaite de jeudi dernier, autour d'un bloc moyen avançant et reculant d'une manière rationnelle, loin de tout excès, ont développé un football en mouvement avec une touche de balle, une variation de rythme et des renversements de jeu en fonction du positionnement du bloc étoilé. Dans ce registre, l'entraîneur adjoint Dhaou a déclaré : «On a bien préparé le match en décortiquant les points forts et les faiblesses de notre adversaire. Il est vrai qu'on a retrouvé la fraîcheur qui nous a fait défaut contre l'EST». Il y avait surtout une certaine répartition à la fois équilibrée et percutante des manœuvres entre les deux couloirs:côté droit où Youssoufo et Ben Youssef ont donné du tournis à un Belaïd totalement déstabilisé grâce à leurs relais et leur technique déconcertante dans les duels. Côté gauche, la paire Maâloul-Challouf a fait preuve de complémentarité et de percussion dans ses mouvements et le penalty obtenu par ce dernier en est un fort témoignage. Ceci sans oublier la clairvoyance de Mansar, qui confirme de jour en jour, et l'opportunisme et la vivacité de Kouattey sur le front de l'attaque sfaxienne. Mais la plaque tournante du dispositif du CSS a été, à notre avis, le tandem Ndong-Sassi. Ils ont eu le double rôle de récupérer rapidement le ballon pour le réorienter vers l'avant et freiner les actions étoilées. Maazou : le fardeau!! Dans l'ensemble, et malgré la défaite, les protégés de Lavagne ont fourni un match le moins qu'on puisse dire correct, tenant compte des absences de taille au sein de l'équipe et qui se sont avérées concrètement pénalisantes, comme en témoigne le nombre important d'occasions ratées et qui auraient pu changer la tournure du match, comme l'a si bien relevé K. Zouaghi : «Ce qui a fait la différence aujourd'hui, c'est la concrétisation, le CSS a réussi à scorer à trois reprises, nous, nous n'en avons mis qu'un». «Héros» de ce gâchis, l'incontournable Maazou qui a multiplié les bourdes. Pis encore, le Nigérien, depuis le retour de l'équipe d'Angola, ne s'est entraîné avec le groupe que sporadiquement, prétextant une blessure au niveau de la cuisse, chose qui s'est avérée... imaginaire Son départ s'impose. Dans les plus brefs délais ! Un flanc gauche «boiteux» Si la partie droite du dispositif étoilé a été de nouveau le point fort de l'équipe avec un Brigui toujours entreprenant et percutant dans ses duels, avec ses montées offensives, créant constamment le danger au sein de l'arrière-garde sfaxienne; et un Dramé qui a été le meilleur Etoilé de la rencontre par sa force et son répertoire technique, le flanc gauche a été, en revanche, le compartiment défaillant de l'équipe sur le double plan défensif et offensif. Là, nous visons essentiellement l'arrière latéral Belaïd, dont le couloir a été le passage de prédilection des avants sfaxiens, vu son manque de rigueur défensive. L'Etoile nous a paru comme un avion volant avec un seul réacteur. D'ailleurs, l'absence de Abderrazak a été largement ressentie et commentée. Sur ce point, K.Zouaghi évoque «la fatigue physique dudit joueur, ressentie au cours des entraînements, chose qui nous a poussés à ne pas courir de risques inutiles. D'autant plus que le joueur dispose d'une musculature développée, ce qui rend le risque de blessure plus accentué». Lavagne et sa bande ne disposent que de quarante-huit heures pour recharger leurs accus et surtout regonfler le moral des uns et des autres. Le Français se veut réaliste en relativisant : «Il ne faut pas croire qu'on est invincible, il y a des jours où on est fatigué. A nous de récupérer, et mercredi, ce sera un autre match, on va relever la mécanique pour être prêt».