PAPHOS (Reuters) — L'assassinat d'un dignitaire catholique en Turquie ne doit pas porter atteinte au dialogue avec l'Islam, a déclaré hier le pape Benoît XVI qui entamait une visite de trois jours à Chypre. Mgr Luigi Padovese, vicaire apostolique d'Iskenderun (anciennement Alexandrette), dans le sud de la Turquie, a été poignardé à mort jeudi à son domicile et son chauffeur a été appréhendé. Ancien président de la conférence épiscopale de l'Eglise turque, Mgr Padovese, 63 ans, était une personnalité en vue au Vatican. Il avait été nommé en 2004 au poste de vicaire apostolique d'Iskenderun, une région de mission sans diocèse. Le pape a fait part de sa "profonde tristesse" après ce meurtre. "Nous attendons toujours une explication mais nous ne voulons pas faire d'amalgame entre cet épisode tragique et l'Islam. C'est un cas isolé (...) qui ne doit nuire en aucune façon au dialogue" avec les musulmans, a-t-il dit dans l'avion qui le conduisait à Paphos, dans l'ouest de Chypre, où Saint Paul a prêché il y a deux mille ans. "Nous ne devons pas en tenir la Turquie ou les Turcs pour responsables (...) Ce qui est certain, c'est que c'est une affaire qui n'est ni politique ni religieuse." "Les musulmans sont nos frères" Selon les autorités turques, le chauffeur du prélat montrait depuis quelque temps des signes d'instabilité psychologique. "Malgré nos différences, les musulmans sont nos frères et nous devons encourager le dialogue avec eux", a dit le pape. Lors de ce voyage à Chypre, auquel Mgr Padovese devait participer, un document de travail sera publié demain afin de préparer le synode des évêques catholiques du Proche-Orient prévu en octobre prochain au Vatican. Interrogé par des journalistes sur la sanglante opération israélienne contre une flottille de pacifistes humanitaires qui voulait forcer lundi le blocus de Gaza, le pape a souhaité que ce drame ne remette pas en cause la recherche de la paix dans la région. "Avec tous ces épisodes de violence que nous traversons, il y a toujours le danger que les gens perdent patience et disent “ça suffit, plus besoin de courir après la paix”." "Mais nous ne devons pas perdre patience, nous devons avoir le courage de recommencer avec la certitude que nous pouvons aller de l'avant, que nous pouvons parvenir à la paix, car la violence ne peut être la solution", a-t-il insisté. Dans son premier discours à Chypre, le pape a souhaité le succès des efforts menés pour mettre fin à la division de l'île, qui dure depuis 1974. Il ne se rendra pas dans la partie nord de Chypre, peuplée majoritairement de Turcs et dont l'indépendance n'a été reconnue que par Ankara.