Agents de sécurité et videurs seront, cet été, plus nombreux dans les établissements hôteliers du pays Tant sur les colonnes des journaux que sur la Toile, il est de plus en plus fréquent de tomber sur des insertions publicitaires demandant le recrutement d'agents de sécurité et de videurs pour le compte d'établissements hôteliers, et cela dans le cadre des préparatifs de la haute saison touristique qui pointe à l'horizon. CV exigé : carrure impressionnante, expérience et aptitude au travail de jour comme de nuit. Le tout contre espèces sonnantes et trébuchantes et autres motivations matérielles en sus. Jusqu'à un passé récent, la floraison de ces annonces relevait de l'utopie, tout simplement parce que les candidats se bousculaient, de leur propre gré, devant les hôtels pour espérer se faire enrôler, en tant qu'agents chargés de la sécurité. Pourquoi les temps ont donc changé ? «A cause de la situation sécuritaire», répond le gérant d'un hôtel situé à Gammarth. «Avant la révolution, explique-t-il, on prenait, à chaque saison, les mêmes portiers et on recommençait, car on n'avait pas besoin de renforcer nos effectifs, motivés en cela par la stabilité et la paix qui régnaient dans le pays. Aujourd'hui, revers de la médaille, les agents de sécurité sont devenus une denrée rare, depuis justement l'émergence du mouvement salafiste qu'on sait porteur de messages haineux à l'adresse de notre secteur». Un mal nécessaire Soucieux de protéger leurs arrières, prenant leur mal en patience, nos hôteliers ont dû se rabattre sur les médias pour chercher de nouvelles recrues, quitte à... mettre le paquet. «On est désormais dans l'obligation de leur offrir des rémunérations plus consistantes et tentantes pour les apprivoiser», déplore notre interlocuteur qui parle de «mal nécessaire». D'autant plus nécessaire que, selon les dernières prévisions du ministère du Tourisme, on table sur une hausse de 2% du nombre des touristes attendus cet été en Tunisie. Embellie qui exige, bien évidemment, la prise par les professionnels du secteur de toutes les précautions pouvant leur permettre de relever le défi de la haute saison touristique. Le volet sécuritaire est, à cet égard, un passage obligé, afin d'étouffer dans l'œuf d'éventuelles menaces. C'est pourquoi d'ailleurs des hôteliers ont décidé de prendre, pour l'été 2013, de nouvelles mesures préventives dont notamment : – La mobilisation d'agents de sécurité civils sur la plage, qui auront à collaborer étroitement avec la police touristique relevant du ministère de l'Intérieur. – Le renforcement des effectifs de ces agents pour leur assurer une présence plus imposante, et donc plus dissuasive, tant à l'intérieur de l'hôtel qu'à ses portes d'accès. – La permission de l'usage par ces agents des bombes à gaz, pratique très suivie en Occident pour avoir largement donné la preuve de son efficacité en matière de neutralisation, sans gros dommages, des intrus et des fauteurs de troubles. «La bombe à gaz est incontestablement notre principale force de frappe», se défend Hichem B., bodyguard chevronné qui en sait quelque chose. «Hier, se remémore-t-il, personne ne résistait à nos fulgurants coups de poing ou à nos autres techniques utilisées pour museler l'adversaire. Bref, tout le monde nous redoutait. Hélas, je dois reconnaître aujourd'hui que notre pouvoir dissuasif n'est plus le même, la révolution ayant entraîné l'émergence d'une nouvelle race de casseurs et de bandits capables d'incendier un poste de police ou d'envahir le siège d'un gouvernorat, sans compter la menace salafiste. C'est pourquoi je reste persuadé qu'avec ces gens-là, rien ne vaut l'usage de la bombe à gaz». At home Outre ces mesures rassurantes pour les touristes qui ne bronzeront pas idiot, plusieurs hôteliers envisagent de piloter des programmes d'animation nocturnes plus tentants et autrement plus variés que par le passé, l'objectif étant d'inciter les clients étrangers à ne pas s'aventurer à veiller ailleurs pour être à l'abri d'éventuels risques. Et ce n'est pas un hasard si un hôtel à Sousse a carrément mis en garde les touristes contre les virées nocturnes en dehors de leur fief. «C'est à leurs risques et périls», avertit le gérant de cet établissement qui précise que «veiller ‘‘at home'' sous notre garde est la meilleure des solutions, la matinée étant consacrée à la mer et au shopping».