Les hôteliers espèrent en des réservations Last-munit...voire des réservations à minuit ! Dans quelques jours, la Tunisie fêtera la fin de l'année. Pour les professionnels du tourisme, le réveillon se profile à l'horizon et constitue un important rendez-vous à ne pas rater. Nos hôtels ont déjà commencé à confectionner leurs produits. Ils ont pensé à tous les goûts et à toutes les bourses. L'essentiel pour eux, est de remplir leurs unités après deux mois mi-figue, mi-raisin voire morose pour d'autres. Mais sommes-nous une destination de fin d'année ? Les premières indications de décembre sont elles positives ? Sur place, les professionnels font état de réservations timides, tous marchés confondus durant ce mois de décembre. De quoi susciter une mobilisation générale pour inverser la tendance et sauver la fin de la saison. Le directeur général de l'ONTT s'est ainsi déplacé en personne du 3 au 9 décembre à Londres et à Francfort pour rencontrer les grands TO et les décideurs. Les voyagistes qui ont besoin de remplir au plus vite leurs avions proposent des séjours à deux pour le prix d'un allant jusqu'à proposer la gratuité totale pour les enfants. De quoi trouver des arguments pour séduire les clients en cette période hivernale. La Tunisie : une destination de fin d'année ? Les voyagistes sont unanimes sur le sujet : aucune réelle visibilité n'existe pensent nos hôteliers et agents de voyages ? Les fêtes de fin d'année se feront-elles en toute dernière minute ? Les explications de Rached Khayati agent de voyage et Sadok Khadhar hôtelier
Du côté des professionnels : Rached Khayati (Agent de voyage) « Pour une stratégie de marketing et de promotion des fêtes de fin d'année au même titre que la saison estivale » La Tunisie n'est pas tout à fait une destination de fin d'année. Cela dépend du marché ciblé. Si on prend le cas des marchés européens classiques, la destination Tunisie est de plus en plus difficile à commercialiser. Les raisons, il faut les chercher dans les catalogues et flyers ponctuels des TO qui proposent des programmes de fin d'année dans les destinations de proximité sous forme d'escapades de courte durée. Le rail aidant,les touristes européens qui deviennent à l'occasion « weekendistes » se rabattent sur les produits peu chers en cette période de récession économique en Europe, marquée notamment par la montée en flèche des prix des hydrocarbures. En plus, s'agissant d'une fête à connotation religieuse pour la majorité des Européens, les ressortissants du vieux continent préfèrent généralement célébrer Noël et La Saint -Sylvestre en famille et assister à la messe de minuit dans la paroisse natale. Heureusement que les Tunisiens se laissent séduire par les programmes concoctés par nos établissements de tourisme. Nos voisins de l'Ouest c'est-à-dire nos frères algériens sont tentés par l'ambiance des fêtes de fin d'année en Tunisie. Cette année, les agents de voyages d'Alger et notamment d'Annaba et de Constantine n'ont pas manqué de réserver à Tunis, Yasmine Hammamet et Sousse. Il est vrai que le peu d'intérêt constaté sur les marchés européens est dû à un problème de marketing. Notre produit touristique est bon et n'est plus à présenter. Il a besoin, tout simplement, de quelques réglages ponctuels et d'être régulièrement revisité par les professionnels pour qu'il soit adaptable aux périodes de pointe et toujours compétitif pour le reste de la saison touristique. Par contre, la question qui se pose avec acuité et demeure toujours d'actualité c'est de chercher à savoir jusqu'où peut aller notre marketing touristique et sommes-nous suffisamment agressifs. Ma fois, beaucoup reste à faire sur ce plan et là les professionnels du tourisme doivent intensifier leurs efforts visant la promotion des fêtes de fin d'année au même titre que la saison estivale. De même pour les transporteurs aériens et les hôteliers qui sont appelés à recadrer leurs « mentalités » et assouplir leurs conditions de vente et de tarification qui font aujourd'hui de cette période des fêtes une vraie haute saison : tarifs élevés, suppléments, refus de l'hébergement en chambre single, dîners de gala obligatoires, durées de séjour minimales....Pour remédier à cette situation, il convient de jouer à fond les cartes de la proximité et de l'exotisme. Et puis pourquoi ne pas concocter des packages compacts qui incluent les cures de thalasso qui constituent un de nos points forts et les forfaits de golf, sport difficilement praticable dans une Europe où il neige actuellement. Enfin comme on prépare l'été, il faut également conférer une attention particulière aux basse et moyenne saison et lancer sur le marché européen un produit spécialement conçu pour les fêtes de fin d'année qui fera de la Tunisie une destination privilégiée en cette période hivernale.
Sadok Khadhar (Hôtelier) « Cibler un produit d'hiver qui répond aux attentes du client » la Tunisie a été depuis son émergence sur le marché touristique, une destination de séjour balnéaire. Le produit touristique y est par conséquent saisonnier, épisodique. Durant les deux dernières décennies, l'Etat et l'administration du tourisme n'ont épargné aucun encouragement aux professionnels pour développer les structures d'accueil pour les basse et moyenne saisons : golf, thalassothérapie, congrès et séminaires,... L'engouement pour ces nouveaux produits a agréablement surpris d'autant plus que les prix restent compétitifs vis-à-vis des autres destinations méditerranéennes concurrentes. La Tunisie prenait alors vocation de destination de « fin d'année »ou plutôt d'hiver, de basse saison, malgré la déficience encore manifeste des secteurs de l'animation aussi bien commerciale que culturelle. Aujourd'hui nous assistons malheureusement à une marginalisation du produit tunisien sur le marché européen. Cela est dû principalement à des facteurs endogènes qui sont: Une main d'œuvre insuffisante en nombre et manquant de formation spécifique. -Un manque de professionnalisme dans les secteurs de la promotion hôtelière et de l'exploitation des unités. Ce qui freine l'élan des flux touristiques en cette période hivernale où d'autres destinations nous barrent la route. Ceci sans oublier les facteurs exogènes liés à la flambée de l'euro et les répercussions de la monnaie européenne sur les coûts du produit en Tunisie, la concurrence rude des autres produits méditerranéens et notamment, ceux des autres pays européens nouvellement membres de l'E.U et la flambée du prix du kérosène . Vous comprenez alors que pour être une destination de fin d'année, la Tunisie doit offrir « un produit d'hiver » où les activités et les thèmes laissent le choix pour le client et le motivent à bien vivre ses vacances et son séjour.