Les peuples du monde célèbrent, cette année, l'année internationale de la biodiversité. Afin de mettre en exergue l'événement, la mission des Nations unies en Tunisie a convié, vendredi dernier, les journalistes à un déjeuner de presse dont le thème s'est essentiellement articulé autour de la protection de la biodiversité dans le monde et en Tunisie. Prenant la parole, M. Mohamed Belhoucine, coordinateur résident des NU, a souligné que face à la pression de plus en plus forte exercée par les populations sur la biodiversité, à l'échelle mondiale, les Partis de la Convention de la biodiversité se sont engagés en 2002 à réduire d'ici fin 2010 le rythme actuel d'appauvrissement de la biodiversité. Cet objectif a, par la suite, été approuvé par le Sommet mondial pour le développement durable et l'Assemblée générale des Nations unies et intégré dans le cadre des Objectifs de Développement du Millénaire. Concernant la coopération avec la Tunisie en matière de préservation de la biodiversité, les Nations unies ont assisté les responsables concernés pour l'élaboration et l'actualisation du premier inventaire national de la biodiversité. C'est d'ailleurs, à partir de cette actualisation, qu'une stratégie nationale sur la diversité biologique à l'horizon 2020 a pu être préparée et mise en place. Les Nations unies ont également aidé à l'élaboration des rapports nationaux sur la biodiversité. " En plus des projets avec les organisations gouvernementales, les Nations Unies, en collaboration avec d'autres partenaires, ont un programme d'appui aux organisations non gouvernementales. Plus de 350.000 dollars par an sont alloués aux ONG et organisations de base travaillant sur des projets de développement, dont une grande partie vise la conservation et la valorisation de la biodiversité dans les écosystèmes pastoral et agropastoral, oasien, forestier et marin. A ce jour, environ deux cents projets ont bénéficié de cette contribution ", a, en outre, observé le coordinateur résident. Eviter que les espèces ne disparaissent La situation de la biodiversité s'est aggravée dans le monde entre 2005 et 2008, selon M. Abdelwaheb Belloum, expert à la FAO, qui a pris la parole à son tour. D'après les études effectuées, la surpêche, la pollution, les maladies, les espèces invasives et le blanchissement des coraux pourront causer la disparition de 60% des récifs coralliens d'ici 2030. Celles-ci ont, par ailleurs, montré qu'entre 17.000 et 100.000 espèces disparaissent, chaque année de la surface de la planète, alors que 1/5 des espèces vivantes sont menacées de disparition en 2030. Selon une autre étude publiée en 2006 sur les mers et les océans, s'appuyant sur une analyse des données couvrant 48 zones de pêche dans le monde, les espèces actuellement pêchées pourraient, quasiment toutes, disparaître en 2048 si des actions préventives ne sont pas engagées. Deux types de conservation permettraient, alors, de protéger les espèces menacées de disparition, à savoir les conservations in situ et ex situ qui consisteraient, d'une part, à aménager des zones de protection et à conserver, d'autre part, les gènes des espèces menacées d'extinction dans des banques de gènes. Après la ratification par la Tunisie de la Convention des Nations unies sur la Diversité biologique, une stratégie nationale a été mise en place en 1998 pour préserver la biodiversité animale, végétale… Le nombre d'aires protégées s'élève à 24 actuellement. Une attention particulière a, par ailleurs, été accordée à la préservation des écosystèmes humides et forestiers. Ainsi, le nombre de sites inscrits sur la convention de Ramsar relative aux zones humides d'importance internationale est passé d'un site avant 2007 à 20 sites. S'agissant de la conservation des espèces animales et végétales, la Tunisie a entamé en 2009 l'élaboration du Registre national des espèces sauvages (Regnes) qui servira de base à l'étude et à l'évaluation de la menace à laquelle sont exposées près de 400 espèces végétales et animales. Enfin, un des acquis les plus importants en matière de protection de la biodiversité a résidé dans la création, en 2007, de la Banque nationale des gènes qui jouit d'une capacité de conservation de 200 mille accessions. La mise en place d'un réseau de chercheurs et de spécialistes a permis la collecte de plus de 16 mille accessions de variétés locales adaptées aux conditions géo-climatiques des zones arides et semi-arides. Outre la mise en œuvre de deux stratégies décennales de conservation des eaux et du sol, la Tunisie a élaboré aussi une stratégie visant l'adaptation de l'agriculture aux changements climatiques. A titre d'exemple, un projet concerne certaines variétés oasiennes dont celle de Deglet Nour. Au début du siècle dernier, Deglet Nour ne représentait que 5% de l'ensemble de l'effectif des palmiers-dattiers en Tunisie. Le remplacement des différentes variétés de palmiers-dattiers par celle de Deglet Nour a permis de développer cette dernière qui représente actuellement 2/3 des plantations.