La bibliothèque de la recherche scientifique en Tunisie vient de s'enrichir avec la parution de deux nouveaux livres. Fruit du travail de trois chercheurs tunisiens Dr. Ali FERCHICHI Directeur du Laboratoire d'Aridiculture et des Cultures Oasiennes et deux de ses collègues chercheurs du même laboratoire de l'Institut des régions Arides (IRA) de Médenine à savoir Fateh AJLANE et Hammadi HAMZA. Le premier document concerne « le patrimoine génétique phoenicicole des oasis continentales tunisiennes, le second relatif aux figuiers de Tunisie. Ces deux documents présentés dans de luxueuses éditions ornées de photos en couleurs riches en variétés et en milieux de cultures donnent une idée claire et précise de la richesse de notre patrimoine végétal et la biodiversité de régions réputées pour leur aridité. Les études entreprises par les divers chercheurs, notamment, au laboratoire de l'aridiculture et des cultures oasiennes apportent chaque jour de nouveaux éclairages. Ce laboratoire vient d'apporter la preuve de cette richesse des cultivars autochtones des espèces fruitières les plus anciennement cultivées et les plus diversifiées dans le monde et en Tunisie. Il s'agit du palmier dattier et du figuier. Ces deux ouvrages dressent des portraits lucides de cette diversité fragilisée au cours des siècles. L'élaboration de ces documents entre dans le cadre de l'engagement de la Tunisie dans la convention sur la biodiversité agricole visant « à développer les incidences positives et atténuer les incidences négatives des pratiques agricoles sur la diversité biologique dans les écosystèmes agricoles et développer la conservation et l'utilisation durable des ressources génétiques ayant ou pouvant présenter un intérêt pour l'alimentation et l'agriculture « comme l'a si bien expliqué le Professeur Houcine KHATTELI Directeur Général de l'IRA ». La Tunisie qui a été parmi les premiers pays à apporter leur soutien absolu aux trois conventions internationales pour la lutte contre la désertification, l'action en vue de réduire l'impact du changement climatique et pour la sauvegarde de la biodiversité, n'a ménagé aucun effort pour faire honneur à ses engagements. I- Le patrimoine génétique phoenicicole des oasis continentales tunisiennes : Réalisé par Dr. Ali FERCHCHI et Hammadi HAMZA et édité par le centre d'Information et de Documentation des Régions Arides de l'IRA, ce livre de 302 pages quadrichromé et illustré d'une centaine de tableaux, de photos en couleurs sélectionnées et adaptées à chacun des chapitres, offre à son lecteur une riche matière où les données et analyses scientifiques côtoient les tableaux qui alternent avec les statistiques des superficies des pieds existant et l'importance de la culture du palmier dattier en Tunisie et dans le monde. Le premier chapitre de ce livre de référence, consacré à la biologie, à l'écologie et aux pratiques culturales accorde une place de choix aux propriétés organoleptiques et alimentaires des dattes ou de leurs produits dérivés, à savoir, le jus de datte et ses diverses formes d'extraction, le sirop de dattes, le sucre liquide. Les auteurs énumèrent les autres produits et leurs utilisations, tel le bourgeon, le tronc, les palmes, les pennes, les fleurs males qui murissent tôt sont utilisées pour distiller un parfum. Les spathes peuvent être bouillies, distillées et utilisées en tant que digestif. La sève du palmier dattier est constituée de près de 10% de saccharose, de 0,5% de sucre inverti, de peu de protéine, de gommes et de minéraux. Il s'agit du fameux « Legmi ». Ce même chapitre traite de la conduite de cette culture et des diverses maladies qui l'attaquent et de leurs traitements. Le deuxième chapitre est consacré à la Biodiversité du patrimoine phoenicicole des oasis continentales, des descriptions des cent deux cultivars connus en Tunisie présentés par ordre alphabétique commençant par Alig et se terminant par Om Echoroch. Un tableau particulier pour chaque cultivar donne une présentation de l'importance de son abondance, de sa répartition, de la date de sa maturation, de sa récolte et de l'importance de sa commercialisation. Deux autres tableaux complètent cette présentation en donnant les indications sur ses organes végétatifs, ses organes de fructification ainsi que d'autres indications spécifiques. II- Les figuiers de Tunisie : Il s'agit comme le précise Professeur Houcine KHATTELI, Directeur Général de l'IRA « d'un état des lieux, d'un patrimoine dont certains éléments sont victimes d'un abandon par manque d'intérêt économique immédiat et se trouvent ainsi menacés d'extinction ou d'amenuisement. Il ajoute « le besoin manuel clair, pratique, accessible au plus grand public sur le figuier demeure une nécessité en Tunisie » et de faire remarquer « que cette idée d'ouvrage sur la biodiversité est à encourager et à étendre à d'autres espèces et agro-systèmes, à condition, toutefois d'être bien ciblée ». Le catalogue qui relate dans son introduction que la large répartition du figuier dans le pays est due essentiellement à ses exigences limitées. Très rustique, cet arbre résiste à la sécheresse et peut tolérer le calcium et la salinité élevée. La production nationale s'élève à 30 000 T/an est consommée par le marché national. Riche en hydrates de carbone, en protéines, en calcium, en cuivre, en fibres diététiques, en éléments minéraux et en sucres réducteurs. Consommé à l'état frais, il peut être aussi séché et conservé longtemps. De nombreux sous-produits sont obtenus par transformation (confiture, alcool, pâte, jus de figue …). Le figuier compte parmi les espèces les plus variées. Son aire de répartition est très vaste. On peut l'observer depuis l'Equateur, jusqu'au Nord de la zone tempérée (Angleterre) et depuis l'Inde jusqu'aux USA. C'est la Turquie qui compte le plus grand nombre de sujets avec environ 10 millions de pieds. En Tunisie, il est très répandu. Il se développe dans les régions froides et humides ainsi que celles chaudes et sèches. Les principaux centres de production de figues en Tunisie sont les zones côtières (Bizerte, Raf-Raf, La Gahte, Cap Bon, Mahdia, Sfax, Kerkennah, Bekalta, Gabès, Jerba, Zarzis …) et les oasis et les régions montagneuses. Cette culture occupe prés de 30 000 ha. Le catalogue offre une classification botanique et une classification horticole du figuier ainsi qu'une présentation de ses caractéristiques morphologiques et de sa biologie florale. Le catalogue présente une étude sur la fécondation du figuier, sur ses multiplications ainsi que sur sa conduite et sur ses aspects phytosanitaires. La diversité du figuier en Tunisie occupe une place importante dans ce catalogue qui répertorie 71 cultivars répartis somme suit : - Sud Est : 23 cultivars - Oasis de Gafsa : 5 cultivars - Oasis de Kebili : 7 cultivars - Oasis de Tozeur : 5 cultivars - Kerkennah : 9 cultivars - Sahel tunisien : 8 cultivars - Nord Ouest : 14 cultivars Le catalogue présente des photos des fruits de ces variétés successives en donnant des indications sur leurs caractéristiques, sur leur qualité, période de maturation et leurs utilisations. Deux livres qui méritent d'être vus et lus pour l'acquisition d'informations et de connaissances plus approfondies sur ces fruits aux vertus multiples.