Le bureau régional de Nabeul du parti Ennahdha est revenu, lors d'une conférence de presse organisée, hier, dans ses locaux, sur les circonstances de l'arrestation, samedi dernier, du secrétaire général du bureau local du parti dans la ville des potiers, Mohamed Néjib Krifa, et de son frère, Anouar Krifa, militant au sein de l'association Liberté et Equité (Horriya oua Insaf). M. Imed Mansour, secrétaire régional du bureau du parti Ennahdha à Nabeul, a exprimé l'inquiétude et la préoccupation de son parti vis-à-vis des circonstances de l'arrestation des frères Krifa. «Après vérifications, nous avons décidé de tenir cette conférence pour informer tout d'abord l'opinion publique que notre frère Mohamed Néjib Krifa n'a pas été arrêté pour un motif politique, mais seulement pour un motif civil. Ensuite, nous voulons dénoncer la manière avec laquelle on a traité la famille des deux inculpés et leur avocate devant le poste de police de Nabeul. En effet, quelques agents de police ont agressé physiquement la sœur des deux inculpés qui est aussi membre du parti, ainsi que leur avocate. Ce qui est intolérable. C'est pour cela que nous demandons l'ouverture d'une enquête pour que chacun assume ses responsabilités», souligne-t-il. Il ajoute : «Certes, le procureur de la République de Nabeul a ordonné, lundi, la libération de notre frère Mohamed Nejib Krifa et émis un mandat de dépôt à la prison civile de Mornag à l'encontre de son frère, Anouar Krifa, militant au sein de l'association Liberté et Equité (Horriya ou Insaf), mais nous sommes réunis aujourd'hui pour apporter notre infaillible soutien au secrétaire général du bureau local du parti Ennahdha, car nous croyons fermement en son innocence. En ce qui concerne son frère qui est accusé d'avoir agressé un fonctionnaire en service et tenté de corrompre un agent de police, nous avons confiance en la justice tunisienne et nous sommes attachés au principe de la présomption d'innocence qui dit que toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité soit légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées». De son côté, M. Mohamed Néjib Krifa a précisé lors de cette conférence que cette arrestation cache une autre affaire. En effet, selon lui, son frère Anouar est accusé par quelques membres de la police d'avoir diffusé trois séquences vidéo circulant sur Facebook accusant de corruption des agents de la police locale. «La manière avec laquelle nous avons été arrêtés est très étrange. Tout d'abord, tout a commencé durant la matinée de samedi dernier, entre 11h00 et midi, quand deux policiers de l'intervention rapide se sont pointés devant l'entrepôt de notre société sis à la cité Sidi Amor à Nabeul pour se renseigner sur une rue. Après leur avoir montré le chemin, l'un des deux agents s'est retourné vers mon frère pour lui lancer d'une manière très intimidante la question suivante : ‘‘C'est vous Anouar Krifa ?''. Ensuite, ces agents ont continué à nous harceler par leurs va-et-vient devant notre local, ce qui a attiré mon attention. D'ailleurs, les caméras de surveillance de notre société ont tout enregistré. J'ai voulu savoir auprès d'eux le motif de leurs visites répétées. Ils m'ont rassuré qu'il n'y avait rien d'anormal. Vers 18h45, mon frère m'a surpris en m'informant par téléphone qu'il a été interpellé devant le poste de police. Tout de suite, je suis allé le rejoindre pour essayer de comprendre ce qui s'est passé. Et j'ai fini par être arrêté avec mon frère pour agression contre agents de la police». Toujours selon le secrétaire du bureau local du parti Ennahdha à Nabeul, cette arrestation était un prétexte pour arrêter son frère qui était soupçonné par quelques agents «ripoux» d'avoir diffusé trois séquences vidéo sur le réseau de Mark Zuckerberg et montrant un agent de police en train de recevoir un pot de vin. «Mon frère ne connaît rien d'Internet. D'ailleurs, il n'a même pas eu le certificat de la sixième année primaire. Pour ce qui est Facebook, il ne connaît que les fonctions J'aime et Partage», affirme Néjib. «Mon frère a un casier judiciaire vierge. Et il est connu pour son engagement au sein de l'association Liberté et Equité (Horriya oua Insaf). Et voilà qu'il vient d'être arrêté pour des accusations mensongères qui n'ont rien à voir avec le vrai motif. Il reste à signaler que 2 des 4 agents plaignants ont fini par retirer leur plainte. D'autre part, après avoir été relâché, j'ai su que ma sœur a été victime d'un coup de poing à l'œil devant le poste de police ainsi que ma mère qui a été bousculée par les agents de police, la veille des fêtes de mères. Même notre avocate maître Lamia Marnissi a été aussi victime d'une agression physique. A ma connaissance, elle a déposé une plainte à l'Ordre des avocats tunisiens et elle envisage de poursuivre ses agresseurs devant la justice», conclut-il. Il reste à signaler qu'Anouar Krifa, le frère du secrétaire général du bureau local d'Ennhdha à Nabeul, devrait comparaître aujourd'hui devant le tribunal de première instance de Nabeul pour répondre des accusations «agression d'un fonctionnaire au cours de l'exercice de ses fonctions et tentative de corrompre un agent de police».