Du jeu limpide, des joueurs unis et disponibles, un entraîneur averti et compétent, et beaucoup d'envie : le CSS a fini par confirmer tout le bien qu'on pense de lui depuis le début de la saison. Petite lecture du nouveau champion Parcours Le CSS termine premier du groupe B avec 28 points, 8 victoires, 4 nuls, 2 défaites, 20 buts marqués et 9 encaissés. Soit la meilleure défense de son groupe et la deuxième meilleure attaque. Au play-off, le CSS termine en pole-position et gagne le sacre de champion 2013 avec 13 points, 4 victoires, une défaite et un nul. Les Sfaxiens inscrivent 11 buts, et en encaissent 7. Malgré une défaite d'emblée contre l'EST (2-3), les équipiers de Ben Youssef se reprennent avec une victoire très importante à Sousse, puis un nul contre le CA. La victoire-clé, qui a constitué le tournant du play-off, est celle acquise à Radès contre l'EST. Elle redonne espoir au CSS qui prend la voie royale trois jours après en battant l'ESS, leader à l'époque. Entraîneur Ruud Krol a été l'artisan de ce modèle réussi. Le Hollandais, riche de son vécu de joueur aux côtés de Cruyff et en tant qu'entraîneur qui a exercé en Afrique, a imposé son sérieux et ses idées de jeu à l'ensemble sfaxien. On a vu un CSS omniprésent sur le terrain, avec un jeu d'une toute autre dimension, fait à base de passes courtes et de beaucoup de mouvements. Krol a pratiquement changé l'état d'esprit du CSS : on passe d'une équipe fragile et trop technique à une autre à caractère et à tempérament réalistes. Le tout avec une présence physique remarquable qui a permis à l'équipe de tenir ce rythme fou. Krol a été le renfort le plus cher à Sfax. Point(s) fort(s) D'abord, cette bonne qualité de jeu offensif et une attaque qui a frappé à 31 reprises (2e meilleure attaque derrière l'EST). On a retrouvé les vertus d'un football technique et tonique tout à la fois : plus de place à l'improvisation, le savoir de chaque joueur se met désormais au service de l'équipe. En second lieu, la défense qui termine première (paradoxalement, à la même position que le CA!). Malgré un effectif pas très riche en défenseurs, Krol a réussi à bloquer les attaques adverses. Un autre point fort pour le CSS, cette vague de joueurs doués qui se connaissent et qui vivent bien ensemble. Khenissi, Mancer, Sassi, Kammoun, Chellouf, N'dong et Ben Youssef, voilà une génération spontanée dont tout entraîneur rêve. Point(s) faible(s) Pour un club champion, il est un peu déplacé de parler de points faibles. Sauf que ce CSS a manqué de deux choses : assez de solutions de rechange pour remplacer les blessés et les suspendus. Un autre point faible, c'est l'inconstance de la charnière défensive, prenable dès que l'adversaire met les bouchées doubles. Révélations Il y a au moins 6 éléments qui ont été remarquables et déterminants dans le parcours du CSS. Le capital technique très fort au CSS a été plutôt individuel, mais au service du fond du jeu. Nous sommes tiraillés entre Ben Youssef, Sassi, Jeridi, N'dong et Mancer. Tous ces éléments méritent le titre de révélation. A notre avis, Ferjani Sassi a été la belle surprise sfaxienne. C'est un pivot relanceur, à la bonne lecture du jeu, qui n'a pas de soucis pour éliminer un, deux, voire trois adversaires au milieu. On l'a vu contre l'EST et le CA s'imposer comme joueur-relais par lequel toutes les balles passent. Ça peut même être la révélation de la saison dans l'absolu. Module de jeu Krol a opté pour le 4-2-3-1 et le 4-3-3, où Sassi, N'dong et Kammoun constituent les joueurs de récupération et de relance. Devant eux, il y a deux ailiers : Ben Youssef, à droite qui pique vers le centre, et Mancer (puis Chellouf) qui créent le danger côté opposé. Alors que Khenissi (puis Kouyaté) ont fait l'attaquant de pointe, Krol aime aussi que ses latéraux montent pour créer le surnombre. Youssoufou et Maâloul ont été un des repères tactiques édifiants du module de jeu sfaxien. Un 3-5-2 où Maâloul et Youssoufou avancent d'un cran? Ce sera probablement le cas dans l'avenir. Perspectives Quand on est champion, la saison d'après est toujours difficile à gérer. Le CSS sera l'équipe à battre l'année prochaine. L'histoire nous montre que le CSS a souvent mal géré l'après-titre. On doit s'attendre à deux choses au CSS : quelques renforts en attaque et en défense, puis l'évolution du modèle de jeu de Krol. Ça va dépendre de la politique du club sur le mercato : le CSS va-t-il s'aligner aux offres alléchantes cherchant des «stars»? Cette réponse va dessiner le profil du CSS 2013-2014. Avec en point de mire la Ligue des champions.