De notre envoyé spécial à Marrakech Mohamed Hédi ABDELLAOUI Notée triple A par Standard & Poor's, Moody's et Fitch Ratings, la Banque africaine de développement (BAD) a réalisé en 2012 une hausse globale de 21%. En effet, les approbations de prêts et dons par le Groupe de la Banque ont totalisé 6,5 milliards de dollars. Sachant que 15% des approbations ont permis d'alléger la dette de certains pays et de soutenir le secteur privé. Parallèlement, les pays africains ont dans l'ensemble réalisé une bonne performance. En effet, la croissance du continent est estimée, en 2012, à 6,6% contre 3,5% en 2011. Ces résultats, bien qu'ils paraissent être de bon augure, sont néanmoins à renforcer, comme l'entendent le président de la BAD, Donald Kaberuka et le reste des membres du Conseil d'administration de la Banque. Cela étant, 60,8% de la population africaine gagnent encore moins de 2 dollars par jour et détiennent uniquement 36,5% du revenu total du continent. La stratégie décennale approuvée par le Conseil d'administration de la BAD lors des Assemblées annuelles de Marrakech vise un plus grand essor des pays et peuples africains. Lequel essor passe avant tout par une transformation structurelle des économies. Cette stratégie décennale couvrant la période 2013-2022 et par laquelle la Banque cherche à fédérer tous les acteurs autour d'un projet commun qu'est la transformation structurelle des économies, comprend cinq axes majeurs. Dans ce sens, l'on évoque consécutivement le développement de l'infrastructure, l'intégration économique régionale, le développement du secteur privé, la gouvernance la responsabilisation et le développement des compétences et de la technologie. Force est de constater, dans la même perspective, que la croissance verte est au cœur de cette stratégie. D'ailleurs, les panélistes ayant animé un long débat à ce propos admettent tous que la croissance verte serait à bien des égards l'épine dorsale de la transformation économique prônée par les plus grands économistes du continent. Mais la transition de l'Afrique vers une économie verte implique de jeter les fondements y afférents, comme ils le présument. Ces fondements concernent l'élaboration de vision et d'une stratègie prenant en compte les coûts et les conséquences économiques et sociales générés par le changement des politiques. S'y ajoutent notamment la valorisation des ressources naturels de chaque pays comme des actifs, voire un capital naturel, et la réalisation de travaux analytiques permettant d'identifier les lacunes et les actions à mener. Les experts s'accordent, de ce fait, sur la nécessité d'envoyer de bons signaux au secteur privé, en menant des politiques d'incitation auprès des entreprises privées pour qu'elles adhèrent au développement durable. S'agissant du financement de la croissance verte, ils s'accordent sur un fait à la fois important et déterminant. C'est que les pays adhérant à ce choix cherchent un financement à long terme. D'autant plus que les technologies adoptées sont choisies sur la base de l'investissement initial le plus faible. Ce qui peut constituer une question essentielle pour les entreprises financières dans leur contribution à la croissance verte. La résolution de ce genre de handicaps nécessite, comme ils le pensent, des contributions accrues de la communauté internationale, puisque les avantages ou les dangers ayant trait à l'écosystème débordent au-delà des frontières des pays. Les Etats africains sont, quant à eux, appelés à élaborer des politiques de croissance verte menées sur le long terme ainsi qu'à réaliser des études scientifiques détaillées sur les effets politiques et économiques des choix stratégiques qu'ils pourraient faire. La BAD estime, au demeurant, que la croissance verte serait le fer de lance du boom économique et de l'essor social du continent africain. Conformément au serment de son président, tout projet remplissant les critères requis sera amplement salué et très bien soutenu par la Banque.