La pose de l'anneau gastrique est une opération couramment pratiquée mais qui comporte tout de même des risques. Et quand, en plus, un bon suivi post-opératoire n'est pas assuré, l'issue peut être fatale. Témoignage de Khemaies, qui a perdu sa fille, Chiraz, 10 jours après que celle-ci a posé un anneau gastrique au mois de mars dernier. Chiraz avait 37 ans et pesait 90kg. Elle avait essayé plusieurs régimes sans avoir réussi à perdre du poids. Elle a décidé de se faire poser un anneau gastrique, en pensant certainement, comme d'autres personnes en surcharge pondérale, que ce serait la solution miracle pour maigrir. Chiraz a subi une première opération le 21 mars 2013 dans une clinique privée, aux Berges du Lac. Elle est rentrée chez elle le lendemain, à 11h00, mais elle ne se sentait pas bien et avait du mal à respirer. À la clinique, on lui avait dit que ce qu'elle ressentait était normal, que c'était l'effet de l'anesthésie. Les douleurs à la poitrine devenaient insupportables. À 4h du matin, son mari l'a ramenée à la clinique. Le chirurgien qui avait conduit l'opération était injoignable. Il a fallu attendre 8h30 pour le prévenir. Entre-temps, le médecin de réanimation a constaté une pneumothorax* et a placé la patiente dans le service de réanimation. A 21h00, Chiraz a subi un examen au scanner. Il s'est avéré que l'estomac et le diaphragme avaient été perforés lors de l'opération. Tout de suite après le diagnostic, Chiraz est passée en salle d'opération, sans que ses proches ne soient prévenus. L'opération s'est achevée à 1h du matin. Le chirurgien a dit à la famille que les chances de survie étaient de 10%. Ayant contracté une septicémie**, Chiraz est tombée dans le coma et a été de nouveau admise au service de réanimation. «Elle s'est réveillée 12 jours après, mais la température ne voulait pas descendre d'un cran», témoigne son père. Le 10 avril, Chiraz a subi une troisième opération. Les médecins avaient trouvé du liquide à l'intérieur du thorax qu'ils ont évacué. À 15h30, Chiraz était morte. Le même jour, les chèques de la défunte ont été encaissés par le chirurgien qui a opéré Chiraz. Les frais de l'opération étaient de 8.000 DT. Après accord à l'amiable, le médecin a remboursé tous les frais payés et a assuré le règlement des dépenses facturées par la clinique (46.000DT). Mais les négociations pour fixer d'un commun accord une valeur forfaitaire à titre de réparation n'ont pas abouti. La famille a finalement porté une plainte au pénal contre le chirurgien de Chiraz. «Il avait fait preuve de laxisme, il n'avait pas surveillé de près sa patiente. Tout cela, après avoir reconnu qu'il avait commis une erreur médicale. La mort de Chiraz est une catastrophe pour la famille», confie Khemaies. Chiraz a laissé derrière elle un enfant de 7 ans, et un mari dépressif. * Pneumothorax : épanchement d'air entre la face interne de la cage thoracique et la face externe du poumon. * Septicémie : infection générale grave de l'organisme par des germes pathogènes, avec dysfonction aiguë d'un ou de plusieurs organes. L'anneau gastrique : principe et résultat Le principe de l'anneau gastrique est de réaliser une petite poche gastrique à la partie supérieure de l'estomac, à l'aide d'une prothèse annulaire. Dès les premières bouchées de nourriture, cette poche (appelée poche proximale) se remplit, procurant un sentiment de satiété rapide au patient. Comme la personne mange moins, le corps et l'organisme doivent puiser dans les graisses existantes. Selon une étude de Branger publiée en 2013, la perte d'excès de poids à long terme (au bout de 10 ans) est de 48,6% +/- 33,9 % pour des personnes ayant gardé l'anneau gastrique, 40,8 +/- 22,5% après conversion en gastric bypass, et de 32,9% +/- 33,4% après ablation de l'anneau. Des complications tardives peuvent survenir. Selon la publication de Dargent et Pascal de 2002, la principale complication est la dilatation de la poche gastrique proximale, observée dans 5 à 10% des cas. Il peut y avoir également une migration intra-gastrique de l'anneau ainsi que des lésions de l'estomac. M.D.