La boxeuse française Nadya Hokmi a enfin réalisé son rêve: en décrochant son premier titre WBF des super-mouche samedi après sa victoire aux points contre l'Américaine Elena Reid, elle est enfin passée «de l'ombre à la lumière» «J'étais dans l'ombre et maintenant je suis dans la lumière», exultait la jeune maman au visage peu marqué dans les vestiaires à l'issue du combat. «Il y a un an personne ne me connaissait». La championne de France des coq en titre a dominé l'Américaine durant les 10 reprises de son combat. «J'ai gagné à 100%, du premier au dernier round», estimait-elle. Ce match était celui de la dernière chance: «Si je perdais, j'arrêtais ma carrière», affirmait-elle. Nadya Hokmi, plutôt coquette et féminine, est devenue la troisième Française à détenir une ceinture après Anne-Sophie Mathis et Myriam Lamare, d'ailleurs présentes au pied du ring samedi soir pour l'encourager. Cette victoire est «un joli cadeau» pour toutes les années de sacrifices. «Le travail paie un jour», ajoutait-elle, au bord des larmes. Il est en effet difficile de jongler entre une carrière de boxeuse «professionnelle», un emploi et des responsabilités de mère de famille. En France le statut de boxeur professionnel ne permet pas aux athlètes d'en vivre. C'est d'autant plus vrai chez les femmes. Durant les deux mois d'entraînement précédant le combat, Nadya Hokmi a ainsi vécu «à 100 à l'heure» et bénéficié d'horaires aménagés dans son emploi d'animatrice petite-enfance à la ville de Strasbourg. Outre ses deux entraînements quotidiens, elle a continué à emmener son fils de sept ans à l'école, à ses entraînements de foot, à surveiller ses devoirs, tout en assurant les tâches ménagères. Chocolat Avec un tel emploi du temps, elle a donc forcément traversé des périodes de doute: «Deux mois à ne voir que le sac, il y avait vraiment des coups durs où ça n'allait plus, où j'en avais marre», confiait la jeune femme qui a commencé la boxe sur le tard, à 18 ans. Heureusement, ses proches la soutiennent: «Mon garçon est très fier de moi», confiait l'Alsacienne d'origine marocaine. «Il est autorisé à venir voir tous mes combats. Il est devenu la mascotte et c'est aussi lui qui me surveille pour ne que je ne mange pas de chocolat...» «Les coupes et les ceintures que je gagne sont pour lui, il conserve les trophées dans sa chambre», ajoutait-elle. Nadya Hokmi (22 combats, 13 victoires dont 8 avant la limite, 1 nul et 6 défaites) était jusque-là inconnue en France, et pour cause: ses cinq tentatives infructueuses de décrocher une ceinture mondiale s'étaient toutes déroulées à l'étranger et sous licence bosniaque et allemande. Elle avait en effet opté pour une licence bosniaque afin de disputer son premier championnat du monde en 2005 suite au refus de la Ligue française qui ne l'estimait pas prête. Après ce premier titre mondial décroché samedi l'aventure ne fait que commencer pour Nadya Hokmi. «Je pense à plein de projets. J'ai envie de parcourir le monde». Mais avant, elle va reprendre son poste d'animatrice «dès aujourd'hui». «Je dois rattraper mes heures», souriait-elle.