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Rezgui Guizani
Boxe : Le génie du ring
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 06 - 2011

Poids léger de très bonne réputation, né le 1er avril 1934 à Dahmani (gouvernorat du Kef), il réalise d'excellentes performances à partir de 1957. Il boxa d'abord en Tunisie en tant qu'amateur chez «Am» Tahar Ghanjou puis en France, en Espagne et en Italie, où il remporta des victoires sur Gracia, Cheveau, Carrié, Bobby Ross, Fred Galiana, (le 12 août 1959, à Madrid), Nenci, Cavalieri, Caruso, Merlo, etc. Puis, Rezgui alla se fixer en Australie, pour y vaincre Cowburn, Copeland, Pravisami, Beattie, Ravalo. On le vit aussi à Manille, en Thaïlande, au Japon et en Corée, où il triompha des meilleurs pugilistes d'Extrême-Orient, le Japonais Katsomata et le Thaïlandais Adol, en particulier
La boxe tunisienne, si riche à tous les niveaux, reste encore surprenante. Rezgui Guizani demeure dans les annales de la boxe tunisienne le plus doué de nos champions, grâce à sa boxe distinguée et efficace. Rareté de gestes et spontanéité, Rezgui était la foudre céleste qui fait tout le charme du noble art.
Nul n'est prophète en son pays, cela est bien connu. Pas plus en France qu'en Tunisie, la réputation de notre compatriote Guizani n'a été établie en fait. Figurez-vous que l'homme est considéré en Extrême-Orient comme un «héros d'Asie». Il est le seul Blanc à connaître cette distinction. Sans en avoir l'air parce que très technique, Rezgui était un rude démolisseur sur les rings. Il avait, grâce à cette particularité, été très demandé à travers le monde : Japon, Thaïlande, Philippines, Australie, Italie, Espagne, Vietnam, Corée, Inde, Etats-Unis, Allemagne, etc. D'ailleurs, reconnaît Rezgui, «aucun des adversaires que j'ai battus n'a jamais réclamé une revanche. Une fois cela suffisait».
Guizani, notre brave compatriote est donc le champion le plus méconnu dans notre pays, la Tunisie !
L'homme, véritable globe-trotter, a sillonné le monde, traversé ciel et mers. Solitaire dès ses débuts, il a été un des premiers boxeurs à se produire sans manager ni soigneur, un bénévole faisant office de soutien entre les reprises, quelquefois.
Téléphones, contrats, Guizani s'occupait de tout… Il lui est même arrivé de dormir dans sa voiture avant un combat en Allemagne où il avait été invité une nuit de Noël ! Jeune homme, arrivé à Paris, Rezgui voyait Sister, son premier manager, l'aligner à tous les programmes du poids légers à welters. Et Rezgui Guizani d'aligner les victoires au Central où il remporte la ceinture Eugène-Criqui. Mais, très vite, les adversaires se firent rares pour ce garçon inconnu, d'allure moyenne, mais technicien hors pair dans la lignée des maîtres à boxer des rings, façon Kid Marcel, Lovarih Godih, Hocine Khalfi.
Pour avoir du travail, un ami français allait proposer les services de Guizani à M. Bretonnel. Ce dernier, qui ne situait pas le personnage, de demander : «Il est grand?» «Heu, non». «Il frappe?» «Heu, non». «Mais qu'est-ce qu'il a alors?», de s'exclamer M.Jean qui n'avait que des champions dans sa salle. Et l'ami sans se démonter : «Il a du génie!». M. Jean qui avait besoin de garçons endurants pour entraîner ses hommes accepta Guizani Rezgui et même son (cousin) frère, Tahar Rezgui, rude frappeur.
Guizani Rezgui devait battre l'espoir Jacky Chaveau, solide comme un bœuf, deux fois de suite, Cyprien Carrié, etc. Mais même chez M.Jean, les adversaires ne se bousculaient pas pour rencontrer ce scientifique boxeur qui ne faisait pas de bruit.
Alors, on devait mettre au point une tactique simple: on détecterait et on solliciterait tous les tombeurs et autres épouvantails sur le marché.
Aldo Pravisani, champion d'Italie, avait créé la surprise en mettant K.-O. le champion de France des Plume Jacques Dumesnil, extrêmement populaire à Paris. Aldo Pravisani, boxeur sec et nerveux, devait attaquer notre champion Rezgui Guizani et le secouer, mais à la 4e reprise, pan! Un une-deux comme au tableau noir et le bel italien se retrouvait K.-O.
Ce devait être le même tarif pour le bel Hannibal Omodeï de flatteuse réputation.
L'athlétique Mario Vecchiatto, lui aussi, devait s'avouer vaincu sans comprendre comment. L'Espagnol Bobby Ross se fait battre trois fois de suite. Battant, ordonné et tenace, notre compatriote, le champion Guizani, n'était peut-être pas spectaculaire, alors, on lui proposa Guy Gracia, lequel venait d'écumer les rings britanniques avec succès. Grand, solide et adroit, il ne pourra rien face à l'emprise de notre héros national Guizani, vainqueur surprise. Le champion de France, le puissant Benhamou, sera également battu aux points.
Et les poids légers français et européens de se regarder en chiens de faïence.
Privé de combats, Rezgui Guizani quitte alors Bretonnel à l'amiable et se prend en main.
Il rencontre aussi à la Plaza de Toros de Madrid le champion d'Europe José Fred Galiana et le bat devant 25.000 spectateurs abasourdis. Galiana a été le bourreau des champions comme Omari, Jacques Bataille, Francis Bonnardel, Ray Famechon, etc.
Le crochet gauche meurtrier de Galiana est resté présent sur l'organisme de Guizani des années durant. Notre champion Rezgui nous donne une explication sur son talent : «C'est Dieu qui m'a donné cela. Lorsque je prends un coup, je l'enregistre. Après c'est fini pour l'adversaire, il ne peut plus rééditer ce coup, son meilleur coup et c'est à moi de jouer. A “l'intérieur”, je les dégoûte de la boxe».
A Rome, Guizani bat Sergio Capari qui ensuite cédera son titre européen à Gracieux Lamperti. Notre héros Guizani voyage bien, Berlin, Hambourg puis on saute à Djakarta et Bangkok, Kuala Lumpur où notre héros Rezgui organise une exhibition monstre entre Mohamed Ali et Alonso Jones. Puis ce sera Sydney en Australie, Osaka, Tokyo au Japon pour l'homme à la petite valise toujours prête. Un petit retour pour la nostalgie en Belgique pour Jean Matcherlink et Guizani se retrouve en Asie où il devient une légende en battant Takayma, n°1 mondial, le bel Auburn Copeland challenger mondial et Katsumata au Japon. Aux Philippines, ce sera Randolph Mansula puis la rencontre avec le mythe vivant Gabriel Flash Elorde, 15 fois champion du monde. Elorde est une sorte d'électrocuteur et notre sublime héros Guizani d'expliquer : «Il m'a éteint la lumière une fois ou deux; j'ai fait comme si de rien n'était et nous nous sommes livré un combat au rasoir. Il était très fin, précis, rapide et tout… Ce devait être l'enfer pour nous deux. Bien sûr, chez lui, il ne pouvait être battu mais j'étais au centre du ring, les bras levés alors qu'il restait prostré sur son tabouret. C'est le métier».
Notre globe-trotter Rezgui, qui a décroché en 1965 et a mis un terme à sa carrière de boxeur, nous raconte : «J'étais très voyou dans mon enfance et je me suis intéressé à la boxe pour apprendre à me défendre. Mon entraîneur (Tahar Ghanjou) avait décelé en moi des qualités pouvant me permettre de réussir une grande carrière dans la boxe et il m'a motivé. Mon premier combat m'a responsabilisé. Je suis devenu de plus en plus sérieux et je me suis davantage consacré à la boxe. Ce qui m'a permis de devenir champion de Tunisie et vice-champion d'Afrique du Nord en amateur avant de venir en France monayer mes talents en devenant professionnel. Je serais devenu champion du monde si je m'étais naturalisé car j'avais battu tous les meilleurs européens».
En Allemagne, Rezgui et sa femme ouvrent d'abord un hôtel dans une petite ville pas très vivable — pour les étrangers — avant de fermer pour aller tenir un restaurant à Francfort… Cinq années plus tard, il laissera tout tomber, y compris sa famille, pour se reconvertir en bûcheron dans la Forêt Noire, toujours en Allemagne. Rappelons que la personnalité de notre héros Guizani est multiple. Non seulement l'homme s'exprime en plusieurs langues, mais il a également fait une carrière de showman à travers le monde. Chanteur, danseur de claquettes, joueur de tumbas dans un orchestre, il se produira dans les plus grands casinos de la planète avec des tours de magie, puis deviendra organisateur de spectacles à Djakarta. Avec sa blonde épouse Marlène du tandem «Marlène et Guizani», Rezgui passe en vedette au Tropicano de Singapour.
En 1986, Guizani rejoint le milieu parisien de la boxe, car il conçoit mal sa vie sans celle-ci. Son intégration s'est faite sans trop de difficultés. Il a eu la chance de suivre de grands boxeurs africains, comme Jean-Marie Emébé ou Taoufik Belbouli avec qui il a décroché le titre de champion du monde au Maroc…
Aujourd'hui, nous le constatons avec une immense amertume, notre héros vit quelque part en solo à la cité El Khadra chez sa sœur.
Il est atteint de la maladie des «boxeurs», le parkinson ! Dans ce contexte, on lance un appel à la FTB et au ministère de tutelle pour prendre soin de notre globe-trotter Rezgui Guizani, qui a hissé notre emblème national plus d'une fois à travers le monde. Ne soyons pas ingrats…


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