Les commissions payées sur les envois des tunisiens résidant en France avoisinent 13% du montant global du transfert En 2012, les transferts des Tunisiens à l'étranger se chiffrent à 3,5 milliards de dinars, soit 5% du PIB et 28,7% de l'épargne nationale Sur une opération d'envoi de cent euros par un migrant tunisien à sa famille, plus de 10 euros s'évaporent sous divers titres, commissions, agios... En effet, le transfert de ces petites sommes, si chères pour l'expéditeur et si utiles pour le récepteur, sont passibles de tarification exorbitante à deux chiffres. De loin plus chère que l'objectif de 5% fixé lors du G8. Sur les quelque 500 milliards de dollars de transferts des migrants vers les pays en développement prévus pour l'année 2015, le chiffre d'affaires réalisé sur ce secteur dépasse les budgets de plusieurs pays. Ces enveloppes colossales réalisées sur le dos des travailleurs expatriés à des milliers de kilomètres sont départagées entre quelques enseignes internationales. Pour débattre de cette thématique, une rencontre a été tenue, hier, au siège de la Banque centrale de Tunisie (BCT), lors de la présentation de l'étude intitulée «Réduire les coûts des transferts d'argent des migrants et optimiser leur impact sur le développement». L'étude a été menée conjointement par la Banque africaine de développement, la France et Epargne sans frontière. Dès l'ouverture de l'atelier, le gouverneur de la BCT, M. Chedly Ayari, a mis en valeur les transferts des Tunisiens à l'étranger. «Ces transferts contribuent dans une large mesure à réduire le déficit courant et maintenir le niveau des réserves en devises», rappelle-t-il. En 2012, ces transferts se chiffrent à 3,5 milliards de dinars, soit 5% du PIB. De même, ces fonds, estime le gouverneur, représentent 28,7% de l'épargne nationale. Et le flux de ces transferts d'argent n'a pas fléchi au cours des deux dernières années, à l'inverse des recettes touristiques et des IDE, un peu trop sensibles aux facteurs conjoncturels. S'attardant sur les coûts, le gouverneur estime à 13% les commissions payées sur les envois des Tunisiens résidant en France. Pour parer à ces coûts exorbitants, la concurrence des offres financières et la technologie sont deux pistes privilégiées. A ce titre, «la BCT a invité les banques de la place à supprimer toutes les clauses d'exclusivité que comportent les contrats conclus avec les sociétés de transfert d'argent», rappelle-t-il. Mieux encore, les institutions de la place, insiste le gouverneur, seraient appelées à diversifier les produits financiers et moderniser les systèmes de paiement. Pour sa part, le DG de la Bourse de Tunis, M. Mohamed Bichiou, a formulé des recommandations pour orienter ces fonds au marché boursier. La première consiste en la promotion des produits boursiers auprès des Tunisiens résidant à l'étranger. La deuxième action consiste à lancer des fonds dédiés au financement de projets spécifiques. «Les fonds investis peuvent être assortis d'une garantie du capital ou d'un rendement minimum garanti», propose-t-il. La troisième recommandation consiste en l'encouragement de la double cotation des entreprises tunisiennes sur les places étrangères. Enfin, il recommande une tarification spéciale sur les transactions renouées avec les Tunisiens à l'étranger, notamment la réduction de la commission sur les transactions.