L'exposition abritée par la galerie Sémia Achour depuis une semaine nous offre à découvrir les œuvres d'une artiste et d'une chercheuse qui a sa vision bien à elle de la réalité et ses outils techniques propres. En s'initiant à plusieurs types de créations et en confectionnant des objets d'art, joaillerie, bibelots et autres objets à partir de sable naturel, Thouraya Hamouda s'est aussi forgé un style original dans la peinture. On reconnaît ses modèles par le remplissage en mosaïque de points la surface des corps qu'elle dessine qui apparaissent, à première vue, comme un ensemble de sculptures en pierre sur la toile. Elle y laisse s'exprimer ses impulsions, dictées par la nature et le lyrisme. En ayant le dessin comme fondation de l'image, elle produit une œuvre fine et délicate. Elle crée un monde intime et discret, dirigé par les émotions du peintre et embelli par cette multitude de «points» de différentes couleurs. De la liberté se dégage de ses compositions, où dessin et tons dialoguent dans une belle symbiose. Dans sa recherche de la perfection visuelle, Thouraya Achour place, souvent, la femme au cœur de tableaux où les compositions flirtent sans l'atteindre (heureusement) le complexe, où la dimension poétique est débordante. Dans d'autres, on remarque que l'artiste va encore plus loin dans sa présentation de l'irréalisme des situations qu'elle nous offre à voir. Ses toiles sont une grande scène de théâtre où les personnages et les monuments réels reproduits sont modifiés, reconstruits et reformés par sa fertile imagination. Eminemment chaleureuses, les toiles, réalisées à l'huile, reflètent la spontanéité du geste et l'inspiration du peintre. On sent dans la facture une grande liberté de formes et d'associations colorées, un souffle qui nous emporte dans cet univers très personnel. Autant de paysages imaginaires et qui incitent à l'évasion. L'artiste travaille la matière picturale avec une grande maîtrise technique. Sa pâte est onctueuse, nourrie et charnelle. Les couleurs trônent impériales «réchauffées» par des terres, des ocre, des oranger, donnant ainsi aux œuvres une vibration lumineuse et vivante. Comme dans la calligraphie, le trait anime la toile, y inscrivant des lignes et des contours d'une vitalité remarquable. Les lignes s'entrelacent, se fondent en elles-mêmes, s'unissent, tout en restant dans le dédoublement, chaque forme préservant ses propres points distinctifs. La présence féminine parcourt les œuvres en une éclosion continuelle. Une exposition à voir de près jusqu'à la fin de cette semaine.