A mesure que se profile la dernière ligne droite en vue des prochaines élections, la vraie nature des partis ressort au grand jour Si les représentants de la classe politique tunisienne se chamaillent autant, c'est parce qu'ils sont à court d'arguments. Les différents partis politiques de la place sont fantasques. Ils ne sauraient se prévaloir de quelque programme politique aux contours clairs, nets et précis. Même les ébauches de programmes politiques présentées il y a deux ans s'avèrent au bout du compte vides de sens. Témoins, les programmes respectifs du mouvement Ennahdha, d'Ettakatol et du parti al-Joumhouri. Ils ont pour dénominateur commun le fait de demeurer lettre morte. En fait, en guise de programmes, nos partis se contentent d'énoncer des principes généraux à connotation le plus souvent sociale et libérale. C'est ce qui fait qu'ils se ressemblent tant. Pourtant, à l'épreuve des faits, ils peuvent se retrouver aux antipodes les uns des autres. Et pourtant, ces partis veulent séduire, l'électorat en prime. Et à mesure que se profile la dernière ligne droite en vue des prochaines élections, la vraie nature de ces partis ressort au grand jour. Disons-le sans ambages : la classe politique tunisienne est discréditée dans son ensemble. En gros, l'opinion la juge faible, illusionniste, soucieuse de privilèges et de dignités, querelleuse, inconsistante. La Troïka gouvernante est profondément entamée par l'usure du pouvoir. Depuis l'avènement de la Révolution, la donne économique et sociale a régressé. La cherté de la vie est devenue problématique. Et emblématique de la faiblesse structurelle des gouvernants en matière de gestion économique, de captage des ressources et de distribution des fruits de la croissance. Les levées de boucliers et émeutes sporadiques dans les régions ont mis en lumière la persistance sinon l'aggravation du déséquilibre régional. La féroce répression en novembre dernier du soulèvement populaire à Siliana a achevé la crédibilité de l'establishment. Ajoutons-y les affres du terrorisme, des violences multiformes et de l'insécurité ambiante. Et l'on saisit la portée du malaise. L'opposition n'est guère mieux lotie. Certes, elle n'est pas aux commandes. Mais elle n'en pèche pas moins par excès de candeur doublée d'inconsistance, voire d'impuissance. Elle peine à mettre au point un programme politique aux contours définis. Réactive à souhait, elle s'inscrit volontiers à rebrousse-poil des gouvernants. Autrement, elle fait du surplace. Les deux principales composantes de l'opposition –le mouvement Nida Tounes et le Front populaire- n'ont toujours pas présenté leur programme respectif. On s'investit davantage dans la politique politicienne. Au point d'en arriver à hypothéquer par moments les alliés réels et potentiels au gré des faits et des humeurs. Pour parer à cela, sachant les difficultés à intéresser l'électorat désabusé, on recourt aux vieux stratagèmes du populisme. On caresse dans le sens du poil, on cajole, on cultive la compromission. De part et d'autre, des politiciens malavisés croient bien faire en s'avisant de pallier les incuries par le populisme à tout bout de champ. La mêlée autour des couches populaires alimentant les groupuscules maximalistes et extrémistes en est témoin. Cela explique bien des dérapages. Lesdites ligues de protection de la révolution et autres milices apparentées sont particulièrement prisées par des politiciens en faillite ou en perte de vitesse. Certains en arrivent même à cultiver le flou douteux entre les citoyens, le peuple et la populace. Les racolages et sollicitations douteuses de la vox populi s'avèrent ravageurs. Aujourd'hui, en deux mots, le populisme est devenu un véritable mode d'emploi pour certains, au pouvoir comme dans l'opposition. Et cela ravale la politique. Et les politiciens. Ou ce qu'il en reste.