Bonne gouvernance et lutte contre la corruption, deux concepts qu'on n'a pas arrêté d'évoquer depuis le 14 janvier 2011. On en parle pour dire que ce sont des facteurs qui ont largement motivé le soulèvement de la population en cette date mais aussi pour dire qu'aujourd'hui, il faut engager des réformes profondes pour anéantir toutes les formes de mauvaises pratiques, notamment dans les institutions publiques. Cependant et malgré tout ce qui se fait en termes de débat, de rencontres et autres séminaires sur la question, une analyse de ce qui se passe encore sur le terrain, aussi bien en matière de gestion de marchés publics que de recrutement dans la fonction publique, démontre que nous sommes encore loin d'atteindre cet objectif qui est la bonne gouvernance, condition sans laquelle aucune démocratie n'est possible. C'est dans l'objectif d'impliquer davantage les médias en matière de lutte contre la corruption que l'Atcp ( Association tunisienne des contrôleurs publics) a organisé, hier à Tunis, un séminaire de formation au profit des journalistes. Le séminaire a été une occasion pour exposer les mécanismes et les concepts de base relatifs à la lutte contre la corruption et aborder, dans le cadre d'ateliers thématiques, les questions de gestion des marchés publics, gestion des biens publics, contrôle de la gestion publique et des ressources humaines dans le secteur public. Charfeddine Yacoubi, président de l'Atcp, souligne que l'objectif de ce séminaire consiste à améliorer les connaissances des journalistes dans le domaine de la gestion publique aussi bien la cartographie des risques que la cadre législatif spécifique. Cependant et malgré les efforts déployés par les contrôleurs pour donner plus d'efficience à leur mission, certains problèmes persistent. Ainsi, pour les journalistes et même si le texte relatif à l'accès à l'information existe, il demeure non appliqué et le black out persiste quant à l'accès à l'information publique. C'est à ce propos que M. Yacoubi souligne que le texte demeure général et pas très clair ajoutant que, de son côté, l'association souhaiterait que les rapports effectués par les contrôleurs soient publiés et accessibles aux médias. Une option qui permettra de s'inscrire réellement sur la voie de la bonne gouvernance et d'instaurer le principe de redevabilité tout en permettant de rectifier les dépassements et d'anéantir les mauvaises pratiques. Il est également important de noter que le fait que les missions de contrôle demeurent commanditées par le pouvoir exécutif altère leur crédibilité et leur efficacité. En effet, le contrôleur se contente d'exécuter les missions d'audit ordonnées par le gouvernement et les rapports ainsi réalisés finissent dans les tiroirs de l'administration sans, jamais, voir le jour. Pourtant les normes internationales relatives au contrôle public stipulent que le contrôleur doit jouir de plus d'indépendance et que les rapports soient diffusés à grande échelle. On s'interroge, donc, sur la finalité réelle des missions de contrôle qui ne servent point l'assainissement de l'administration et la lutte efficace contre les mauvaises pratiques.