Présente partout, l'huile de palme augmente le taux de cholestérol dans le sang et accroît le risque de maladies cardiovasculaires Depuis le scandale « Nutella », l'huile de palme est sortie de l'ombre, devenant la cible des détracteurs des grands groupes de l'industrie agroalimentaire, alarmés par les récentes études qui ont été réalisées sur les risques pour la santé du consommateur. Si cette huile bon marché a pu passer inaperçue, c'est bien parce qu'elle n'est pratiquement jamais mentionnée sur les emballages des produits industriels et des denrées alimentaires qu'on trouve dans les épiceries et les grands centres commerciaux. Mais en faisant un peu plus attention aux composants figurant sur ces emballages et dont les caractères sont écrits en minuscule, on peut lire la mention matières grasses végétales derrière laquelle se cache, effectivement, l'huile de palme. Or, selon des études récentes, extraite par pression à chaud de la pulpe des fruits du palmier à huile et présente dans tout ce que nous consommons comme pain, viennoiseries, lait pour nourrisson, pâte à tartiner, chips, biscuits, huile de friture... cette huile est nocive pour la santé. Sa haute teneur en acides gras saturés (50 à 55% dans l'huile de palme, contre seulement 15% pour l'huile de soja) augmente le risque de mauvais cholestérol dans le sang, ainsi que celui de maladies cardiovasculaires. Mélangée à des additifs chimiques, elle pourrait également provoquer des pathologies cancéreuses, résultat qui n'a, cependant, pas été scientifiquement prouvé. Mais au-delà du risque sanitaire, c'est la catastrophe écologique provoquée par l'exploitation de l'huile de palme qui suscite l'inquiétude des Etats européens. Des milliers d'arbres sont décimés annuellement pour satisfaire aux besoins des grandes industries agroalimentaires attirées par cette huile bon marché, beaucoup moins chère que les autres. Conscients des risques pour la santé des consommateurs, de grandes enseignes ont pris les devants pour montrer l'exemple, remplaçant l'huile de palme par l'huile de tournesol et de colza pour fabriquer leurs propres produits alimentaires. En Tunisie, cet exemple n'a pas encore été suivi. Entre 30.000 et 50.000 tonnes d'huile de palme continuent à être importées annuellement. Destinée aux couches modestes de la population, et subventionnée par l'Etat — elle coûte 250 millions de dinars de subventions par an —, cette huile (zit el hakem) est également exploitée par les petits restaurateurs et les grands groupes de l'industrie agroalimentaire tunisienne qui l'utilisent pour fabriquer margarine industrielle, plats surgelés, céréales, biscuits, viennoiseries... alors qu'elle augmente le taux de cholestérol dans le sang. «Nous importons l'huile de palme de Malaisie et d'Indonésie, a relevé M. Mohamed Rabhi, directeur de l'hygiène du milieu et de la protection de l'environnement au ministère de la Santé. Depuis 2004, nous avons diminué la quantité d'huile de palme importée. C'est une huile qui est très appréciée des industriels de l'agroalimentaire et des restaurateurs, car elle est non seulement bon marché mais elle présente, par ailleurs, des caractéristiques intéressantes. Exposée à une température très élevée, elle garde sa stabilité et ne modifie pas la structure des aliments. Toutefois, selon les études scientifiques qui ont été réalisées, elle présente également des inconvénients. Un rapport a été établi entre la consommation de cette huile et l'apparition de certaines pathologies chez l'homme, comme l'ostéoporose, l'hypercholestérolémie et les maladies cardiovasculaires ». Pour limiter la consommation de l'huile de palme, la direction de l'hygiène du milieu et de la protection de l'environnement a prévu d'élaborer un programme de sensibilisation qui cible les industriels et les consommateurs «afin d'encourager les industriels à utiliser des taux moins élevés d'huile de palme dans la fabrication des produits alimentaires industriels. Ils doivent prendre l'habitude de mentionner sur l'emballage la proportion exacte d'huile de palme utilisée dans la fabrication de leurs produits. C'est important ». Et de conclure: «Les consommateurs doivent également être sensibilisés aux risques liés à la consommation de l'huile de palme».