«Langue et identité», tel est le thème central du 213e numéro d'Al Hayat athaqafia «(la vie culturelle), mis récemment sur le marché. Un sujet toujours d'actualité et d'urgence tant sont nombreuses les langues qui subissent des transformations profondes et qui menacent même de disparaître avec tout ce que cela suppose et entraîne comme répercussions sur les sociétés et leurs spécificités. Un sujet essentiel également pour l'Homme vu que la langue est ce qui le différencie le plus des autres créatures. Dans son étude intitulée «J'utilise la langue, donc je suis un être humain», l'universitaire Mahmoud Dhaouadi va jusqu'à affirmer que la langue et la faculté de son apprentissage sont innées chez l'homme, et que naître — ou devenir — muet n'empêche pas l'individu de saisir la signification des mots et d'avancer dans l'acquisition du savoir, des sciences… bref, de tout ce qui est culturel dans le sens le plus vaste du terme. Pour lui, comme pour de nombreux sociologues, linguistes et autres anthropologues, la langue constitue l'essence même du fait culturel et de la maîtrise de ses symboles, donc de l'événement du premier embryon de civilisation. D'autres auteurs ont traité le même sujet sous divers angles, dont Béchir El Arbi qui, dans son étude «La langue entre la spécificité culturelle et l'affirmation de l'identité», lie l'évolution de toute langue aux facteurs économiques et technologiques. Et s'il avance que la langue chinoise envahira le monde par les marchandises présentes en grandes quantités sur les cinq continents, il met en garde contre les risques que la langue arabe encourt si elle ne s'adapte pas aux nouvelles technologies de l'information et si elle n'est pas utilisée dans les programmes informatiques, les sites érudits et autres spots publicitaires. Pour sa part, Mohieddine Hamdi a choisi de parler de l'identité dans le roman des auteures tunisiennes, en prenant comme exemple zahrat as'sobbar (la fleur de cactus) de Alya Tebaï, alors que beaucoup plus abstrait, Imed Mehnane a traité de l'identité entre la dénomination, le concept et la réalité. Huit études et articles en tout, soutenus par des approches, des lectures, trois nouvelles et plusieurs poèmes sans compter une rubrique consacrée aux arts plastiques, où il est question de langue, à un niveau ou à un autre. Un numéro riche et surtout diversifié qui mérite lecture et réflexion, et pas seulement de la part des linguistes ou des sociologues.