«Les produits chinois ont envahi le marché, et l'artisanat tunisien se trouve, aujourd'hui, réellement menacé», avertit la Fédération nationale de l'artisanat (FNA) La Fédération nationale de l'artisanat (FNA), qui représente près de 350.000 artisans tunisiens, a annoncé samedi, dans un communiqué qu'elle s'est engagée dans une campagne ouverte de lutte contre la contrebande des produits artisanaux, le commerce des produits contrefaits et aussi des produits importés qui nuisent à la santé humaine. La fédération, relevant de l'Utica, a tiré, par la même occasion, la sonnette d'alarme pour attirer l'attention sur les risques du commerce illicite de ces produits et sur son impact «catastrophique» sur l'artisanat tunisien. «Les produits chinois ont envahi les marchés, et l'artisanat tunisien se trouve, aujourd'hui, réellement menacé», a averti la fédération, dans son communiqué. Elle a appelé, ainsi, les commerçants des produits artisanaux à se soumettre aux règles du cahier des charges régissant le secteur du commerce des produits artisanaux, lequel n'autorise que la vente des produits 100% tunisiens. «Tous les marchés de Sidi Bou Saïd, de la Médina de Tunis et les circuits touristiques au pays sont, aujourd'hui, submergés par ces produits du commerce illicite, provenant notamment de la Chine», a insisté la FNA, relevant que ce phénomène a causé la fermeture de nombreux ateliers locaux de l'artisanat, la baisse de la productivité du secteur et aussi l'augmentation du taux de chômage. Dans une déclaration à la TAP, Salah Amamou, président de la FNA, a indiqué que près de 60% des sociétés de l'artisanat et des professionnels sont actuellement en chômage. Il a cité en exemple les filières de la confection du tapis et des tissages à ras, qui vivent une situation «catastrophique», d'après ses dires. Espaces commerciaux accrédités La production de ces deux filières a baissé de 426 mille m3 en 2001 à seulement 48 mille m3 en 2012. Il a fait valoir que 90% des tapis et des tissages à ras sont confectionnés dans des ateliers encadrés, installés surtout, dans les zones rurales (10% seulement de la production se font à domicile). «Cela condamne ces régions à plus de chômage et de pauvreté», a commenté le responsable. Pour lui, le blocage des produits contrefaits est de nature à impulser le secteur de l'artisanat en Tunisie et à contribuer à booster la machine économique, surtout dans les régions défavorisées où sont concentrés les artisans. La Fédération nationale de l'artisanat avait incité les agences de voyages à orienter les touristes vers les espaces commerciaux accrédités et les locaux qui vendent uniquement les produits artisanaux tunisiens, ainsi que vers les villages artisanaux aménagés dans les régions du pays. Elle a mis en garde, dans son communiqué, contre le danger des produits en provenance de la Chine, qui, dit-elle, sont fabriqués à base de plastique collecté dans des décharges du monde entier. «Les règles de l'importation en Tunisie sont moins rigoureuses que celles qui sont appliquées aux USA ou à l'Union européenne», a rappelé la fédération, ce qui laisse entrer au marché local des produits contenant des métaux lourds, tels que le plomb et le cadmium. Les commerçants et les artisans des souks de la Médina de Tunis, avaient exprimé, le 13 juin dernier, par le biais d'une pétition adressée aux ministres de Tourisme, du Commerce et de l'Artisanat, et de l'Intérieur, «leur volonté de collaborer avec tous les intervenants afin d'organiser au mieux les espaces commerciaux, de développer le produit touristique et de contribuer au renforcement de la dynamique économique dans le pays».