TUNIS, 26 avr 2011 TAP (par Amira Jenzri)-Le sauvetage du secteur de l'artisanat, actuellement en crise, passe par la reprise du tourisme, un surcroît d'effort promotionnel et le soutien des banques. La précarité de l'activité artisanale n'a pas changé après la révolution tunisienne du 14 janvier, selon la Fédération nationale de l'artisanat (FNA), elle s'est, au contraire amplifiée, étant étroitement liée à la dynamique touristique. MM.Ferjani Mokhtar, membre du bureau exécutif de la FNA et Hichem Houidhek, secrétaire général de la fédération ont indiqué, à l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP), que plusieurs entreprises artisanales ont cessé leurs activités, en raison de la baisse du tourisme et du manque de visibilité, précisant que «la révolution a provoqué l'arrêt momentané de l'activité de 50 % des entreprises artisanales». Les sit-in de la Kasbah ont paralysé les commerces dans les souks de la Médina a affirmé M.Mokhtar, alors que le secteur souffre "d'une réduction de production artisanale et de l'arrêt des exportations". A ce propos, M.Houidhek a rappelé le bon positionnement des exportations artisanales sur les marchés internationaux au cours des six dernières années. Il a estimé les exportations directes annuelles du secteur à environ 60 millions de dinars en 2010 alors que les achats des touristes en produits artisanaux, sont évalués à 300 millions de dinars (exportations indirectes). Malgré la situation délicate de secteur artisanal, qui emploie quelque 350 mille artisans, certaines entreprises artisanales ont maintenu leur présence dans les manifestations et salons internationaux, quelques jours après la révolution tunisienne, a-t-il précisé. "Ce secteur qui connaît une marginalisation de la part de l'Office national de l'artisanat (ONA), doit être valorisé par le nouveau gouvernement provisoire", a avancé, le SG de FNA. S'agissant des mesures urgentes à prendre pour sauver le secteur de l'artisanat, M.Mokhtar a préconisé de mettre en place des représentants commerciaux au niveau des ambassades de Tunisie à l'étranger, lesquels auront pour mission de promouvoir l'artisanat national et d'accompagner les entreprises dans leur positionnement sur les marchés internationaux. Pour sa part, M.Houidhek a insisté de la nécessité de trouver des mesures concrètes d'accompagnement des entreprises et des artisans qui ont, pratiquement, perdu leur fonds et leurs clients. Pour aider les artisans à reprendre leurs activités, il a recommandé d'octroyer des aides financières aux artisans pour une période de 3 à 4 mois et même de les faire bénéficier d'une amnistie fiscale. * Tissage: des problèmes de promotion A l'occasion de la 28ème édition du salon national de l'artisanat ( du 22 Avril au 1er mai 2011 au Kram), qui a enregistré une baisse du nombre des exposants à 400 artisans, contre 600 en 2010, l'Agence TAP, a recueilli les témoignages de plusieurs artisans dans diverses filières. Les professionnels ont unanimement, insisté sur la nécessité d'assurer la promotion de secteur de l'artisanat afin de le sortir de l'ornière. Mme Ida Dali, artisane spécialisée, dans le tissage ras dans le gouvernorat de Kasserine, a pointé du doigt le principal problème auquel les artisans sont confrontés, à savoir le développement du marketing pour l'écoulement de leurs produits et l'accès de certains intrus au secteur. « Ma participation à ce salon me donne une vision claire et un fil pour sortir de la situation de stagnation dans laquelle je me trouve», a-t-elle ajouté. Mme Najet Nefzi, propriétaire d'un projet artisanal au Kef (tapisserie), a abondé dans ce sens «l'affluence d'un nombre important des visiteurs au salon de l'artisanat me rend optimiste ». Cette artisane a vu son local saccagé lors de révolution et a déclaré n'avoir obtenu aucun dédommagement. M.Hassine Alouani, propriétaire d'une société spécialisée dans le tissage ras, dans la délégation de Fernana (gouvernorat de Kasserine), a affirmé, qu'avec la révolution tunisienne, l'activité de l'artisanat a été fortement touchée, du fait, spécifiquement, de la baisse des flux touristiques. Il a évoqué les autres problèmes du secteur, liés au coût élevé de la main d'œuvre et à l'absence de promotion pour cette activité. « Les banques ont accordé des crédits saisonniers aux artisans, mais vont-elles nous soutenir au cours de la prochaine saison, compte tenu du manque de visibilité qui caractérise le secteur?», a-t-il ajouté. Toujours dans le domaine du tissage, M.Zine Taamali, artisan à Béja, a indiqué que la hausse des prix des tissages est d e, essentiellement, au désintérêt de la main d'œuvre spécialisée, en l'absence d'encouragements spécifiques. Il a souligné que le salon de l'artisanat a connu une faible affluence des visiteurs, en raison du changement de la date prévue du salon, qui était organisé au cours des précédentes éditions, au mois de mars, au cours des vacances de printemps, propices au déplacement des familles. * Salon de l'artisanat: une occasion de reprise pour le secteur De son coté, M.Béchir Sassi, artisan spécialisé en maroquinerie, a relevé que le salon est un espace qui groupe tous les artisans venus des différentes régions du pays. Il constitue une occasion propice pour sortir l'activité artisanale d'une situation difficile. «L'affluence d'un nombre important des visiteurs nous rend optimistes pour assurer la reprise du secteur », a -t-il ajouté. Mme.Hayat Chouchane, artisane spécialisée dans la peinture sur soie, a insisté, pour sa part, sur la bonne organisation du salon et la campagne promotionnelle lancée par l'Office national de l'artisanat, qui a encouragé les artisans à y participer. Pour Mme.Sonia Ben Tekhayat, artisan spécialiste dans la création des bijoux, il s'agit de la 6éme participation au salon de l'artisanat, lequel constitue pour elle un rendez-vous incontournable, pour présenter ses ouvrages aux visiteurs. Cette participation lui a ouvert les portes de manifestations internationales dans ce domaine.