Le secteur de l'Artisanat est en régression, du fait de l'augmentation continue du nombre des produits contrefaits qui menacent la pérennité de 72 magasins recommandés de l'artisanat, 1.500 commerces et 35.000 artisans », avertit la Chambre syndicale nationale des commerçants des produits de l'Artisanat. Une virée du côté des artisans des Médinas Tunis et de Hammamet révèle que nos artisans vivent un vrai marasme . La crise est bien implantée. Au mois de mai , on disait qu'en juin, cela irait mieux, mais ce n'est pas le cas. Les artisans souffrent de plus en plus. Leur chiffre d'affaires se réduit, les carnets de commandes se remplissent au compte-gouttes. A Yasmine Hammamet les boutiques sont désertes. Peu de touristes fréquentent les souks de l'artisanat. Les commerçants notent que depuis quatre mois, les ventes ont baissé.. La hausse des coûts salariaux et la fragilité des trésoreries sont un autre facteur de préoccupation », se désole Habib qui a du mal à payer son personnel. Plusieurs artisans ont du mal à payer leur loyer. Ils ont souvent une famille nombreuse à leur charge sans bénéficier d'aucune assurance maladie ou de régime de retraite. Ces vieux n'arrivent même pas à terminer un seul article par jour. Pourtant, ils s'accrochent et luttent pour survivre. Sami, un jeune céramiste est obligé de fermer les portes de son usine en raison de la baisse des commandes « Pas de touristes et donc pas de ventes. Avec la crise, la situation est devenue alarmante et il ne nous reste qu'à croiser les bras ». Les affaires vont très mal », dit un restaurateur de Yasmine Hammamet qui a souhaité garder l'anonymat. Salah Amamou, président de la Fédération Nationale de l'Artisanat a tiré ce mardi 11 juin la sonnette d'alarme appelant le gouvernement à prendre une décision qui met fin à la contrebande des produits de l'artisanat et assure la survie de 350 mille artisans. « Ce phénomène a envahi nos marchés, nos magasins et les différentes zones touristiques, et pesé sur notre activité. Le manque à gagner est estimé à au moins 60 %. « Nous savons que durant la basse saison, les ventes chutent. Mais en 2013, c'est pire », disent-ils. Mohamed Ali explique également que « cet hiver, c'est encore plus froid que les autres hivers. ». Ceux qui visitent la boutique ne sont pas des touristes acheteurs. « Ce sont des touristes qui regardent », dit-il. Pour justifier la crise du secteur, Salah critique la flambée des prix des matières premières, la crise économique mondiale et l'absence d'espaces de commercialisation. Les artisans ne décolèrent pas également contre les produits chinois qui envahissent désormais toutes les ruelles des souks. Les babouches, les poteries, les colliers en cuivre constituent un élément clé de la culture et de l'économie du pays. Les chinois n'hésitent devant aucune opportunité pour faire du business à les contrefaire. Ils n'ont aucune considération pour l'ordre symbolique et moral d'une économie artisanale. Depuis peu, ils ont copié les modèles les plus vendus en Tunisie pour les produire en Chine. Les matériaux utilisés pour fabriquer ces produits sont très nocifs pour la santé. Ainsi, un bracelet en apparence en argent, poinçonné 925, contiendrait des métaux de tout autre ordre. On y retrouve du Fer, du Zamac . Bref un secteur en crise mais qui tarde à trouver une issue. M. Amamou appelle à restructurer le secteur et à faire face au commerce parallèle et à une intervention urgente de l'Office national de l'Artisanat (ONA) de la douane et du ministère du Commerce pour réorganiser cette activité qui assure 7.000 emplois par an, compte 350.000 artisans opérant dans 76 activités (tapisserie, fabrication de bijoux, poterie et céramique, mosaïque…). Mais ne contribue que faiblement aux exportations nationales (seulement 2,2%, pour une valeur de 385 millions de dinars) ainsi qu'à 4% du PIB