Le point de presse du ministre de la Santé publique tenu hier à Tunis a permis de présenter les résultats de la pré-enquête sur l'usage de la drogue en milieu scolaire. Cette étude se définit comme l'ébauche d'une enquête nationale qui sera menée à partir de la rentrée scolaire 2013/ 2014. L'idée étant, d'abord, de cerner le profil général des élèves ayant déjà expérimenté la drogue, leur niveau de bien-être psychologique, leur accès aux substances psycho-actives, etc. Elaborée par la direction de la médecine scolaire et universitaire, l'étude porte sur un échantillon représentatif de 825 élèves âgés de 15 à 17 ans et inscrits dans 22 établissements scolaires implantés à Tunis. « Il s'agit plutôt d'une étude quantitative qui comprend des indicateurs qualitatifs. Elle repose sur un questionnaire auto-administré, utilisé à l'échelle internationale», a indiqué Mme Mounira Guarbouj, directrice de la médecine scolaire et universitaire. Les résultats de l'étude en disent long sur le risque que prennent les adolescents en tentant d'expérimenter les différentes sortes de drogue, y compris le tabac et l'alcool, sur l'accessibilité de ces substances dans le milieu scolaire et sur l'impératif de multiplier les efforts de manière à lutter efficacement contre la propagation de ce phénomène. En effet, 88,4% des élèves connaissent ce qu'est le cannabis. 79,9% d'entre eux ont une idée sur les psychotropes (les médicaments consommés sans ordonnance médicale en guise de drogue, notamment le subitex, l'artane, etc) et 76,5% savent ce qu'est la cocaïne. Quant à l'ecstasy ( une drogue difficile à acquérir et trop coûteuse même à l'échelle internationale), il en ressort que 20% des élèves âgés de 15 à 17 ans ont tout de même une idée là-dessus. Les résultats sont assez alarmants: 50% des élèves ont déjà testé les drogues, dont l'alcool et le tabac; soit 61,1% des garçons et 40,9% des filles. « L'âge moyen marquant la première cigarette est de 11 ans », note Mme Guarbouj. Par ailleurs, l'étude montre que 11,6% des élèves ont testé les drogues proprement dites, soit 11,7% des garçons et 9,9% des filles. Bien ancré en milieu scolaire Décortiquant le phénomène en prenant en considération la nature même de la drogue, l'étude a permis de montrer que le tabagisme est bien ancré dans le milieu scolaire. En effet, 10% des élèves âgés de 13 à 15 ans fument et 18% ont déjà succombé à l'expérience de la première cigarette. Mieux encore: 17% des élèves âgés de 16 ans fument et 50% ont essayé la cigarette. « Si l'on compare les résultats de la présente étude avec les études semblables, élaborées dans les pays voisins, l'on se rend compte que les adolescents tunisiens sont plus consommateurs de tabac que les autres. Il reste donc beaucoup à faire en matière de lutte contre le tabagisme », souligne la directrice de la médecine scolaire et universitaire. Pour ce qui est de l'alcoolisme, l'on constate que 12,8% des élèves ont goûté à l'alcool, soit 30,4% des garçons et 5,2% des filles. D'autant plus que 4,9% des jeunes interviewés ont avoué avoir carrément consommé de l'alcool l'année précédente. Ce qui est quelque peu rassurant, c'est que la consommation ou l'expérimentation du cannabis par les jeunes Tunisiens sont nettement inférieures aux indicateurs enregistrés dans les pays voisins. Seulement 3% des ados l'on essayé et 1,6% avouent l'avoir consommé. En revanche, et en ce qui concerne les psychotropes, les taux sont moins rassurants avec 3,1% des jeunes qui les ont consommés l'année précédant la présente étude et 6% des jeunes qui les ont déjà testés. Il est à noter que les filles sont plus consommatrices de psychotropes que les garçons; soit 7,5% contre 4,3%. Quant à la cocaïne et l'ecstasy, le taux de leur expérimentation est inférieur à 1%. Par ailleurs, interrogés sur l'accès à la drogue, 47% des ados ont déclaré l'accès « très facile ». En effet, 57,9% d'entre eux peuvent faire l'acquisition de la drogue à proximité de l'établissement scolaire, notamment dans les cafés ou encore dans les salles de jeux. 30,1% des élèves trouvent que l'accès est possible à l'intérieur même de l'établissement scolaire; d'après 52,5% des interviewés, les fournisseurs sont des camarades. Quoique 7,6% des élèves montrent du doigt la double casquette de certains employés de l'établissement. Malgré le risque pénal et les conséquences sur la santé, près de 80% des ados interviewés sont pour la consommation de la drogue! D.B.S.