On n'a pas un problème d'infrastructure, ni de moyens, mais plutôt un problème de savoir et d'encadrement. Nous avons toujours en mémoire la médaille d'or de Mohamed Gammoudi aux JO de Mexico 1968. Ça ne peut pas être effacé de la mémoire collective des Tunisiens. Le fait que ce soit fait dans une période où il y avait peu d'argent et peu d'encadrement donne plus de signification à cette médaille d'or. Il a fallu attendre 40 ans pour voir un autre champion Oussama Mellouli monter le piédestal olympique pour nous offrir une médaille d'or, avant de récidiver aux JO de Londres. Pour un pays à fortes traditions en sport, pour un pays qui a investi assez en infrastructure et en formation d'entraîneurs et athlètes, pour un pays où le taux de la population sportive par rapport à la population totale est assez conséquent, c'est très faible comme moisson. Où sont les champions olympiques ? Qu'on ne nous raconte pas d'histoires. Les Jeux méditerranéens, jeux de loisirs à notre avis, et les championnats d'Afrique, toutes disciplines confondues, ne peuvent en aucun cas remplacer les Jeux olympiques. Nous avons vu des nations entières rayonner après une médaille d'or olympique. Rien ne peut remplacer ce plaisir et cette sensation. Préparation olympique Le problème majeur de notre sport vis-à-vis des Jeux olympiques se résume en une seule phrase : nous n'avons pas encore compris et appliqué le concept de préparation olympique. On investit des dizaines de milliards pour payer les directeurs techniques, les entraîneurs nationaux, les athlètes (même si les montants restent dérisoires), les stages à l'étranger, sans oublier les montants versés dans la construction des salles sportives. N'oubliez pas surtout cette armée de conseillers techniques nationaux et régionaux, implantés dans toutes les fédérations, ces délégués régionaux du sport, ces directeurs d'espaces sportifs, ces hauts fonctionnaires au ministère des Sports. Bref, un nombre effrayant d'encadreurs, de décideurs et d'intervenants pour un système anarchique où le concept de sport amateur l'emporte sur le sport d'élite. Et c'est justement ça qui nous vexe : cela fait des années qu'on écrit pour créer une structure qui prépare des champions olympiques et des gens qui s'y connaissent bien, mais en vain. On continue de gérer le sport n'importe comment. Pas de préparation scientifique qui commence 4 ans avant les JO. On ne fait qu'attendre la dernière année pour programmer quelques stages. L'athlète arrive sur les JO avec le quart de préparation requis et quitte tôt la compétition. L'exception nous est venue de Mellouli, mais ce n'est pas la règle. Qui doit faire tout cela? Franchement, on ne peut pas vous répondre. Il y a le ministère des Sports qui a le pouvoir de donner l'argent, il y a les fédérations sportives qui gèrent de près et directement les athlètes et il y a, bien sûr, le Cnot. Ce dernier a-t-il le pouvoir et la qualité de préparer les Jeux olympiques? Normalement, oui. Et ça doit être ce Cnot qui intervient dans ce dossier. Malheureusement, cette instance protocolaire n'a pas de poids sportif. Et ça ne va pas changer de sitôt. Au lieu de nous bombarder avec des réceptions et des photos, on aurait aimé voir le Cnot foncer plus dans la préparation olympique. On vous a dit, c'est un système disproportionné et complexe où les fonds sont gaspillés. Aux JO de Rio, on n'aura pas un Oussama Mellouli pour sauver la face.