Dès la confirmation, le 25 juillet, de l'assassinat de Mohamed Brahmi, membre de l'ANC et coordinateur du Courant populaire, des manifestations spontanées ont éclaté à Kairouan avec la participation de syndicalistes, de citoyens ordinaires, de partis politiques et de représentants de la société civile. Tous ont la même exigence : la destitution du gouvernement actuel et la suspension des travaux de l'ANC. Et la plupart des manifestants qui brandissaient le drapeau national tiennent la Troïka pour responsable de l'assassinat des deux leaders Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, ainsi que de la recrudescence de la violence politique. Hier, vendredi, une grande marche populaire a débuté devant les locaux de l'Ugtt, traversant les principales artères de la ville avant d'arriver devant le siège du gouvernorat, de défoncer la grille principale et d'organiser un sit-in dans la cour, sous haute protection policière. Malgré la chaleur et le jeûne, la foule criait sa colère face à cet acte ignoble facilité par le dilettantisme de nos politiques et leur cafouillage dans le traitement des enquêtes. D'un autre côté, la grève générale décrétée par les syndicats n'a pas été beaucoup suivie à Kairouan puisque les marchés, les commerces, les boulangeries, les pharmacies, les hôpitaux et certaines administrations et entreprises ont fonctionné normalement. Notons que toutes les manifestations se sont déroulées dans le calme, ce qui a permis d'éviter les dépassements et de sauvegarder ainsi les biens publics et privés.