Qui forme les formateurs et qui leur apprend les nouvelles méthodes de travail? C'est un métier de plus en plus rare Poussé dans ses derniers retranchements, le tennis tunisien est encore en phase de recherche désespérée de solutions. Le problème ne concerne pas une fédération, des clubs ou un bureau fédéral qui s'en va ou qui débarque, c'est beaucoup plus complexe. Faute de structures techniques claires et faute de travail régulier et profond au sein de la FTT et dans les clubs on en arrive à une situation où l'on doit penser longtemps avant de trouver un DTN au profil adéquat. On en arrive à un moment où le métier de formateur devient un métier rare en Tunisie. Nous ne parlons pas seulement des entraîneurs-formateurs qui ont à découvrir et sculpter le talent des jeunes joueurs. On parle surtout d'un profil marginalisté et rare : les instructeurs ou les formateurs de formateurs. C'est l'un des échecs les plus cuisants du tennis tunisien et de ses responsables qui nous ont cassé la tête avec leurs fausses promesses. Avec tous les défauts qu'il y a au niveau de nos entraîneurs nationaux ou dans les clubs, cela peut être corrigé. Le plus grave, c'est qu'il n'y a plus de techniciens blindés pour redresser la barre et pour corriger les erreurs et les lacunes des entraîneurs. Quelques noms sont sollicités pour le faire et ils sont si peu nombreux. Résultat : on reste un peu décalé côté formation des jeunes et encadrement de l'élite, alors que sur le circuit, les techniques et les outils de travail ont beaucoup changé. Des années-lumière nous séparent du tennis de haut niveau, le tennis des grands. Tout ce qu'on est en train de faire est de rester otages des anciennes méthodes de travail. L'approche reste fortement réductrice : quelques techniciens étrangers ramenés de l'ITF assurent quelques séminaires de temps en temps. Pour le reste, ou travaille avec les mêmes réflexes et dans le même cafouillage. Mal payés, mal placés Pour faire instructeur ou formateur de formateurs, il faut avoir une bonne expérience et un CV lourd. C'est aussi quelqu'un qui se déplace à l'étranger et qui assiste aux séminaires de l'ITF pour être au courant des nouveautés et apprendre de nouvelles techniques (même après 20 ans de métier!). C'est quelqu'un qui a connaît les plus grands instructeurs du monde et qui édite des articles de recherche en tennis. Nous, qui ne prétendons jamais être des experts dans ce domaine, restons éblouis par les nouveautés qu'a connues le métier d'entraîneur de tennis. Ça a tellement évolué, ça a tellement changé que ceux qui s'attachent aux méthodes d'il y a 5 ou 10 ans deviennent hors sujet. Jamais nous n'avons investi dans ce créneau. Wahid Alioua, Slah Bramli, Hichem Riani, voilà quelques noms qui peuvent faire le métier de formateur de formateurs. Trop peu, trop réduit et très inquiétant pour l'avenir. Et au lieu d'investir dans ce métier rare pour éviter de débourser de l'argent pour des instructeurs étrangers, on continue de faire la sourde oreille. Rien que de l'entêtement à travailler n'importe comment. Ce qui se passe dans les clubs est triste : un tennis de loisirs qui ronge tout sur son chemin. Les enfants, les jeunes sont abandonnés à leur destin. Ils peuvent arriver, comme ils peuvent se perdre à mi-chemin. Mal payés, mal placés, les quelques techniciens valables finissent par aller au Golfe ou ailleurs. Pendant cela, les entraîneurs âgés de 28 ans, les administratifs et les secrétaires généraux qui n'ont jamais pris une raquette dans la main exercent et inventent. Triste scène !