Le côté face, c'est la victoire en coupe. Pile, c'est un énorme trou financier La mort n'est sûrement pas la fin de tout ou le néant. Elle peut engendrer la vie. Aleya Ajroud qui nous quitte et voilà que l'Etoile qui remporte une coupe qui la fuit depuis... 17 ans. Un hommage posthume à son gardien mais aussi à un homme, Ridha Charfeddine, qui a pris le club dans des conditions «dramatiques» et qui a réussi l'impossible pari de le tenir à flots, même si lui-même et l'Etoile continuent à faire de l'équilibrisme financier. Et d'avoir mis fin à un autre exercice périlleux d'équilibrisme, celui sportif. C'est qu'après des errements sur ce plan, l'Etoile est revenue aux fondamentaux, même si elle ne les a jamais perdus de vue. Son centre de formation n'a, en effet, jamais cessé de fonctionner, tout comme le travail au niveau des jeunes. Œuvre également de Mondher Kebaïer qui a beaucoup donné au club et qui a apporté le chaînon manquant : le passage des jeunes à l'équipe première, gros point faible d'un club qui a investi à tort et à travers dans des recrutements sauvages, barrant du coup tous ces jeunes qui ne demandaient qu'une chose : faire leurs preuves chez les grands. Aujourd'hui que la boucle est bouclée, l'Etoile commence à en cueillir les fruits, même si cela a été fait dans la douleur et souvent dans la polémique. Errements... C'est qu'à l'image du pays, l'après-révolution n'a pas été de tout repos pour un club déchiré entre un passé parfois confisqué et un présent qui se voulait différent. Hafedh Hmaïed en a payé le prix, mais il a paradoxalement permis à la famille étoilée de se réunir de nouveau. Certes, dans la méfiance, mais cela a fini par se faire avec Zied Jaziri, Jalel Krifa, Houcine Jenayeh. Mais également quelques joueurs de la vieille garde, tels Felhi et Seïf Ghezal. Encore une boucle qui est bouclée et qui permet, aujourd'hui, à l'Etoile de retrouver une certaine identité et des points de repère perdus. Sur le plan sportif, l'Etoile peut se targuer, aujourd'hui, d'avoir une équipe, une vraie avec un gardien, une défense, un entrejeu et une attaque, même si cette dernière manque encore de consistance et qu'elle pourrait acquérir avec l'éclosion définitive d'un élément comme Lassaâd Jaziri qui a perdu un terrain fou ces derniers temps. Voilà, en effet, un jeune joueur pétri de qualités, qui accède au statut d'international et qui se retrouve relégué à ses propres oubliettes. On croyait pourtant qu'il allait nous faire oublier un autre Jaziri, Zied, désormais aux affaires sportives dans son club de toujours. Gouffre... Mais un grand danger guette tout de même l'Etoile et risque de briser les équilibres laborieusement atteints : la situation financière. On parle, en effet, d'un trou abyssal de 14 milliards qui risquent de peser très lourd dans l'assemblée générale qui se tiendra vendredi. Avec la tentation pour Ridha Charfeddine de tout laisser tomber à coupe remportée. 14 milliards auxquels viendront se greffer d'autres dans une saison qui s'annonce aussi compliquée que les trois précédentes. Sur ce plan bien précis, cette coupe est importante, dans la mesure où elle apportera la sérénité dans le groupe et dans toute l'ambiance de manière générale, un peu plus de moyens également mais elle ne peut résoudre tous les problèmes financiers d'un club qui a atteint le seuil d'intolérance et qui a besoin de gérer le quotidien, en même temps que les objectifs stratégiques, tant en matière financière que sportive. Vendredi, nous en saurons peut-être plus, mais pas assez sur l'avenir immédiat de l'Etoile. Sur un autre plan, enfin, cela ne nous déplaît pas du tout que l'Etoile ait retrouvé son véritable statut. Avec le Club Sfaxien, l'Espérance, le CAB, le Club Africain et l'ASM, notre championnat a tout à gagner de l'élargissement de la base de notre élite, autrefois chasse gardé d'un ou deux clubs. Cela nous aidera sûrement à oublier ce moment très délicat que traverse notre football...