Le gap de financement entre l'investissement et l'épargne a atteint les 4,7% du PIB en 2012, mais compte tenu de la variation des stocks, ce gap s'élèverait à 8,1% L'épargne a toujours constitué un apport important pour l'investissement national. Les citoyens peuvent, en effet, mettre de côté des économies dans les banques ou d'autres institutions financières pour faire des bénéfices tout en permettant à cet argent de servir au renforcement des ressources financières nationales en vue d'exécuter des projets publics ou privés. L'épargne à moyen et long terme est plus avantageux que celui qui se fait à court terme. En effet, l'épargnant doit apprendre à approvisionner régulièrement son compte épargne sans faire des retraits successifs en vue d'utiliser l'argent dans la réalisation des projets. L'épargnant reste, bien entendu, libre de retirer son argent au moment choisi avec les intérêts en plus. Ceux-ci sont calculés en fonction d'un certain nombre de paramètres comme le taux du marché monétaire, la période de l'épargne et les montants déposés. Les banques essayent d'innover régulièrement en vue d'attirer un maximum de clients et de les encourager à épargner. C'est un produit bancaire ancien qui ne cesse de connaître des mises à jour dans le cadre des produits prometteurs. Les Tunisiens établis à l'étranger constituent aussi de clients potentiels qui peuvent déposer l'argent en devises pour l'épargne. Consommation et pouvoir d'achat La situation de l'épargne nationale commence à s'améliorer puisque le volume a atteint l'année dernière une hausse de 12.2% qui a suivi la baisse sensible de 2011. Le gap de financement entre l'investissement et l'épargne a bien atteint les 4,7% du PIB en 2012, mais compte tenu de la variation des stocks, ce gap s'élèverait à 8,1%, ce qui constitue déjà un résultat encourageant et positif à confirmer cette année pour contribuer à la consolidation de l'économie. Toutefois, l'épargne massive des citoyens au niveau intérieur ne peut se déclencher que si la situation économique est maîtrisée — avec une baisse des prix des divers produits de consommation et une amélioration du pouvoir d'achat — pour pouvoir dégager un excédent financier à mettre de côté. Mais l'épargne, c'est aussi une culture qui devrait être enracinée chez tous les citoyens. Les dépenses concernent en plus des produits alimentaires et vestimentaires, la voiture, les équipements électroménagers et électroniques, les services, le carburant... Cela amène certaines personnes à contracter des crédits au lieu d'épargner car les ressources dont ils disposent ne leur permettent même pas de satisfaire des besoins vitaux chaque mois. L'année dernière, en tout cas, les Tunisiens — surtout ceux qui ont les moyens — se sont débrouillés pour épargner et les chiffres sont fort éloquents : on parle de reprise de l'épargne nationale constituée à hauteur de 94% de l'épargne intérieure! L'apport de l'extérieur a été également positif et fait suite à l'évolution de transactions courantes nettes dont les transferts des Tunisiens établis à l'étranger représentant près de 30% de l'épargne nationale globale. Les émigrés tunisiens qui ont des familles résidant dans la mère patrie pensent toujours mettre une partie de leur argent dans des comptes d'épargne. De plus, ils envoient de l'argent à leurs parents pour contribuer à leur bien-être. Cet apport financier peut consolider l'économie nationale qui a toujours besoin de paix sociale et de stabilité politique et économique pour inciter nos compatriotes à épargner davantage. Des charges lourdes Cependant, il est nécessaire de faire preuve de prudence, notamment pour ce qui concerne l'épargne intérieure, et ce, pour maintenir les montants à un niveau acceptable et éviter la déroute de 2011. Depuis cette année, en effet, une faiblesse de l'épargne a été constatée suite aux difficultés conjoncturelles qui ont porté atteinte aux revenus des agents économiques qui ne savent plus à quel saint se vouer. Les facteurs structurels n'ont pas arrangé cette crise qui a été marquée par les charges lourdes de la rubrique consommation pour les ménages et la taille limitée du marché boursier. Pourtant, les dépôts bancaires — qui sont la principale composante de l'épargne — ont connu une évolution de 11,3% contre seulement 5,1% une année plus tôt. A noter que les dépôts d'épargne et les dépôts à vue ont représenté, à eux seuls, environ les deux tiers de l'encours des dépôts en dinars. De leur côté, les dépôts à terme et les certificats de dépôts aux ressources plus stables et adaptées au financement de l'investissement n'ont augmenté que légèrement de 1,4%. Le marché financier a totalisé sur le marché primaire 720 MDT, soit 1% du PIB dont 571 MDT sous forme d'émissions obligataires dont 51% ont été réalisés par les banques. De son côté, l'administration centrale a enregistré un faible taux d'épargne à cause de la baisse de l'excédent de 9,5% — pour être ramené à 2.651 MDT — des ressources propres et des dons par rapport aux dépenses courantes dont les paiements de l'intérêt de la dette. L'augmentation des dépenses de gestion est également mise en cause. L'effort de l'épargne doit se poursuivre par tous les agents économiques et les citoyens aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur pour mobiliser des fonds au niveau du système financier national. Le recours à ces fonds pour l'investissement permet de réduire un tant soit peu l'endettement et de consolider les ressources propres de notre économie. Les Tunisiens établis à l'étranger, les agents économiques, les citoyens et l'administration sont tous appelés à mettre la main à la pâte pour relever le défi et atteindre un niveau d'épargne stable et évolutif au cours des prochaines années.