Jusqu'au début de cette semaine, seulement 48 % des exemplaires édités par le Cnp ont été écoulés auprès des 6.000 libraires qui constituent sa clientèle principale. Cela dénote de la lenteur des approvisionnements et l'attentisme du secteur. Le Cnp, pourtant, est prêt à mettre à la disposition des intéressés tous leurs besoins grâce à ses 25 agences. Ce qui s'impose, c'est que les libraires ne se pressent pas encore pour prendre livraison des fournitures scolaires en livres. Les parents, non plus, ne manifestent pas un grand empressement pour faire les achats nécessaires. Cela s'explique. La situation matérielle est un peu délicate pour la majorité des familles. A peine sortis des dépenses du mois de Ramadan, ils doivent faire face à d'autres dépenses non moins importantes pour l'Aid. Ce dernier a coïncidé avec une période qui ne leur a pas permis de prendre leurs vacances estivales et de profiter des plaisirs de la mer. C'est d'ailleurs ce que beaucoup ont fait immédiatement après l'Aïd. De la sorte, ils ont joué les prolongations repoussant, ainsi, sine die le moment des achats des fournitures scolaires. Soldes, dites-vous ? En tout cas, le temps est venu de passer aux choses sérieuses. Tout le monde est au pied du mur. Il ne reste plus que deux semaines pour la rentrée scolaire, bien que l'on sache que la rentrée universitaire débutera le 3 septembre pour les uns et le 6 et 12 pour les autres. Autrement dit, il n'y a plus de choix. Ceux qui attendaient la fin du mois pour recevoir leurs salaires n'auront aucune hésitation. Ils iront, tête devant, vers le premier magasin ou la première librairie pour faire leurs emplettes. C'est, en effet, sur cette période que comptaient les différents marchands. A première vue, il n'y a pas de bonnes surprises à annoncer aux acheteurs au plan des tarifs. Bien au contraire. A l'exception des manuels officiels qui n'ont pas subi d'augmentations des prix, tout le reste s'est emballé au gré des vendeurs et des tendances du moment. La valse folle des prix a touché tous les articles qu'on est obligé d'acheter pour la rentrée. Les cahiers dits numérotés (12, 24, 48 et 72) n'y ont pas échappé. Dans ce domaine, on sait que le Cnp a un droit de regard puisqu'il est chargé d'en contrôler, au moins, la qualité. Le même cahier qui coûtait l'année dernière 320 M en coûte, aujourd'hui, 350 M et celui de 180 M est vendu à 200 M dans la même grande surface. Le prix des sacs à dos pour enfants connaît, lui aussi, des envolées. Avec 13 D on pouvait acquérir un sac à dos avec roller. Cette année, avec le même tarif, on ne peut se procurer qu'un simple sac à dos ! Certes, il y a une grande variété dans les prix et c'est à chacun selon son portefeuille. Les vêtements et les tabliers ne se présentent pas sous leur plus beau jour. On peut trouver des prix abordables allant de 10 à 40 dinars le tablier fille ou garçon. Mais il est très difficile de s'habiller aux moindres frais. Ces articles ne sont pas bradés en dépit de ce que l'on appelle la campagne des soldes. Les acheteurs qui ont fait le tour de plusieurs magasins n'ont pas vraiment remarqué quelque chose d'exceptionnel à ce niveau. Même s'il y a de vraies baisses, elles sont dérisoires pour ne pas dire ridicules. Sur ce chapitre, soit dit en passant, il y a bien des choses à revoir tant par les commerçants que par les autorités de tutelle. Il y va de la crédibilité du secteur et des mesures économiques en vigueur. Quant aux godasses, demandez à ceux qui les ont achetées l'année dernière. Aucune comparaison à faire. Le même modèle a augmenté d'au moins 6 à 7 dinars. Et là, il n'y a aucune exagération. Il suffit de vérifier. Il est même possible de faire vous-mêmes l'expérience en achetant des chaussures, cette année, et d'en acheter d'autres pareilles dans la même boutique ou dans le même magasin, l'année prochaine. Vous n'en serez que plus édifiés. Pour plus de piquant, osez demander une facture au vendeur pour prouver vos dires l'année d'après.Au final, la course folle aux achats ne vous coûtera pas moins de 150 dinars pour garnir le trousseau scolaire d'un élève de 9e année, à simple titre d'exemple (39 D 850 pour les 13 livres, environ 5 D pour les cahiers ordinaires, au moins 25 D pour un tablier féminin, 50 à 70 D pour l'habillement, 30 à 40 D pour les chaussures et 10 D d'achats divers). Si on se situe sur un autre palier, il faudra ajouter de 20 à 30 % supplémentaire selon le type et la qualité des articles à acquérir. Et dire que la majorité des gens affirment que le secteur de l'enseignement ne produit rien et qu'il faut attendre une décennie pour qu'il nous donne un ingénieur, un professeur ou un médecin. Eh bien, nous constatons de visu que ce secteur fait tourner la machine économique à plein régime et à longueur d'année. Il suffit de se rappeler la dynamique qui se crée au cours des différentes vacances, des fêtes et des cadeaux de fin d'année et de la rentrée scolaire. Qui dit mieux ?