A peine l'Aïd terminé, il faut déjà penser au cartable pour la rentrée. La reprise ne s'annonce pas pour les seuls écoliers, les parents sont sur des brèches en cette période où les exigences des enfants sont devenues grandes. Ceci s'est répercuté sur le commerce des librairies. En effet, un léger coup de froid sur les achats de fournitures scolaires, c'est la tendance qui se dégage à la veille de la rentrée scolaire. Les librairies ne fonctionnent pas à merveille. Certaines sont boudées voire désertes. Pourtant, elles réalisent 80 % de leur chiffre d'affaires durant les mois d'août et septembre à l'occasion de la rentrée scolaire. Que se passe t-il ? Une virée du côté de certaines librairies de la capitale nous permet de constater que ces espaces fonctionnent au ralenti. Pourtant, ces magasins ont consenti, des rabais très conséquents. De nombreuses boutiques ont même pratiqué des 5 et 10%. Malgré cela, elles n'ont pas réussi à réaliser les ventes qu'elles souhaitaient. « L'affluence était modérée. C'est une fréquentation normale, pas maximale. Il ne faut pas oublier que nous sortons du Ramadan et de l'Aïd, cela va jouer sur la fréquentation », a estimé Mohamed Ali un libraire. Avec la baisse de leur pouvoir d'achat, certains parents ont tendance à reporter leurs dépenses de cartables, cahiers et cartables, laissant ces magasins avec d'importants stocks. Certains mêmes sillonnent ces lieux, scrutent les rayonnages…pour repartir, immanquablement les mains vides. Un grand attentisme des consommateurs qui n'effectuent leurs achats que juste après la rentrée. Le résultat : certains libraires se plaignent du manque d'affluence des consommateurs. Entre fournitures scolaires et nouveaux vêtements pour la rentrée, les parents ont du fil à retordre. Chacun doit s'acquitter de sa tâche en fonction de sa bourse, surtout que le mois de Ramadan et l'Aïd ont coïncidé, cette année, avec la rentrée scolaire. « J'essaie de concilier mon budget et les goûts de mes filles mais ce n'est pas toujours facile de trouver un équilibre », confie cette maman qui submergée par les dépenses de l'Aïd, n'arrive pas à tout acheter pour ses enfants. « A part les livres scolaires, je n'ai pas pu acquérir les stylos et les cahiers car ma bourse ne me permettait pas », ajoute Nehla, une dame au foyer. Les parents font le tour des rayons sans faire de grands frais. «Notre activité est timide. Peu de clients. Cela est attendu étant la fête de l'Aïd et ses exigences. Mais on prévoit une forte affluence des clients après la rentrée. Il y a toujours des retardataires qui attendent l'arrivée des derniers modèles de cartables, de cahiers et stylos pour se décider », nous dit un libraire. Il est vrai que pour le public, il y a toujours ce risque que ce ne soit qu'à la dernière minute que l'on amorcera la frénésie de l'achat. Ce last minute est un phénomène social qui touche toutes nos activités en cette période difficile. La ruée vers les librairies à même le sol ! La prolifération des commerces parallèles est un fait à la veille de la rentrée scolaire. Il est vrai que plusieurs parents se rabattent sur les produits chinois pratiquement sans concurrence en matière de prix sur le marché de la fourniture scolaire. Ahmed un ouvrier dans le bâtiment nous explique que son revenu ne lui permet pas d'acquérir livres et cahiers de la librairie du coin. « J'ai attendu le souk hebdomadaire et j'ai tout acheté pour mes trois enfants. Cela me coûte deux fois moins cher », avoue-t-il. Les « librairies à même le sol » ont repris du service depuis le début du mois de septembre. Leur présence est d'un grand apport pour les parents qui n'ont pas assez de moyens pour acheter des livres neufs dans les librairies classiques. Ces commerces ambulants se multiplient. L'accessibilité des prix pratiqués et la gamme assez variée des articles favorisent de plus en plus leur essor. « C'est intéressant et rentable pour les bourses modestes nous dit Am Salah. Les livres scolaires sont revendus à des prix défiant toute concurrence. On est obligé de vendre moins cher que dans les librairies avec des remises allant de 30 à 50 %.Nous ne pouvons pas considérer notre activité comme illégale. Disons plutôt qu'elle constitue un mal nécessaire surtout lorsqu'on veut venir en aide aux personnes à revenus modestes ». Parmi les clients, toutes les classes sociales se confondent. Peu importe la qualité, l'essentiel est de se procurer des livres et des cahiers à moitié prix ! Les vrais libraires, eux, pourraient se plaindre de cette vente parallèle. Leur chiffre d'affaire baisse normalement. Mais tous les moyens sont bons pour subvenir aux besoins de ces familles à revenus limités surtout que le coût de la rentrée scolaire ne cesse d'augmenter au fil des ans.