Encore une nouvelle inquiétante et des démentis officiels. Cette tactique commence à avoir la peau dure dans nos murs et les Tunisiens désabusés ont tendance à ne plus croire personne, ni médias ni responsables officiels. Et certains se demandent encore pourquoi les médias parlent de crise de confiance dans le pays. Alors, y a-t-il oui ou non soumission des jeunes, filles et garçons, entre 18 et 35 ans à autorisation parentale préalable pour pouvoir voyager ? Si oui, qu'on nous le dise publiquement, sinon, qu'on nous le prouve aussi publiquement. Le cas échéant, si des dépassements de prérogatives ont été commis, des mesures disciplinaires sont à prendre et l'opinion publique doit en être informée. Ce n'est, malheureusement, pas le cas. En réponse aux témoignages recueillis au sujet de l'autorisation parentale sus-indiquée par divers médias, le ministère de l'Intérieur adopte une position et son contraire : un démenti catégorique dans un premier temps et une justification, non avouée publiquement, dans un second temps. L'argument officiel : juguler le flux des jeunes futurs jihadistes, garçons et filles (« Jihad Ennikah », prostitution « halal »), vers la Syrie. Argument rassurant à plus d'un titre : il stipule que les services sécuritaires ne dorment pas sur leurs lauriers et que le problème du Jihad en Syrie n'est pas dans les tiroirs du ministère de l'Intérieur. Mais là où le bât blesse, c'est quand la disposition sécuritaire est ignorée par le public et que les formalités de contrôle de police sont vécues par les jeunes candidats au voyage comme de la pure persécution ou encore comme une atteinte aux libertés individuelles et en particulier à un des droits les plus élémentaires de la femme tunisienne majeure, celui de voyager seule. La lutte contre le terrorisme a ses raisons que la Raison ne peut admettre ou légitimer en l'absence d'une stratégie de communication qui rapproche les citoyens des autorités sécuritaires et politiques chargées de la conception et de la gestion de cette lutte. Seule la communication directe et régulière et l'information exacte, et en temps opportun sur tout ce qui se passe ou au moins sur l'essentiel, sont en mesure de mettre en confiance les citoyens, de les rassurer et de garantir leur compréhension et leur aide si précieuse. Car l'histoire a montré que le terrorisme s'implante dans un terreau « ami » et viable et qu'aucune force aussi armée et/ou expérimentée soit-elle ne peut le déraciner sans l'adhésion de la population et sa participation concrète à la stratégie de lutte. On ne peut pas dire que cette communication est légion dans le pays en cette longue période de transition démocratique malgré le vent de liberté qui souffle sur les médias, toutes catégories confondues, et les tentatives des officiels d'instaurer une tradition de communication, notamment par le biais des rencontres périodiques «officielles» organisées par la présidence du gouvernement pour les médias nationaux et étrangers. Il faut même reconnaître que la plupart des crises, qui ont éclaté ces deux dernières années, étaient le résultat du silence de la classe politique, un silence lourd, incompris, outrageux pour certains, complice pour d'autres. Au mieux, à la place du silence, ce sont des déclarations tapageuses ou démagogiques pas du tout convaincantes, ou carrément des menaces, dénonçant l'intox, la rumeur, la désinformation ou le complot. Contrôler les jeunes Tunisiens à la sortie du territoire fait partie du travail des forces de police et de douane et n'est sûrement pas un crime ni un délit surtout quand c'est pour la bonne cause, mais faut-il pour cela informer préalablement les gens par devoir et par respect de leurs droits et de leur liberté, sinon le silence pourrait être interprété comme un délit d'intention.