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Le grand déballage
Journée Mondiale de la Liberté de la Presse - Deux ans d'expression et de châtiments
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 05 - 2013

Après une très courte séquence d'étonnement, les journalistes tunisiens se sont emparés, à leur corps défendant, de la nouvelle liberté héritée du 14 janvier. La machine médiatique s'est ébranlée, avec une révolution en avance sur la machine politique. Comme si de rien n'était, comme si elle avait toujours été libre, elle a composé avec la levée de la censure, faisant reculer la frontière des interdits et bravant les dangers d'un terrain non encore protégé...
Mars 2013. La Tunisie est sous le choc. De la télévision publique El watanya aux chaînes indépendantes, notamment Attounisya, Nessma et Hannibal, des radios aux journaux, le viol d'une petite fille ; un bébé de trois ans est détaillé aux heures de grande écoute, minutieusement raconté par les parents mêmes de la victime, commenté par les associations et l'opposition, dénoncé par la communauté nationale unie dans le drame.
Seuls les dirigeants de la coalition au pouvoir, quelques- uns de ses députés et l'opinion qui s'en revendique, s'en offusquent et dénoncent «une instrumentalisation politique et impudique d'un fait divers... »
Au fil d'une semaine de suivi, un seul dépassement déontologique est pourtant enregistré : une chaîne indépendante viole son contrat avec les parents et découvre le visage de la victime.
Jusqu'au bout de l'information
Complètement occupés à décortiquer une information du plus grand intérêt et de la plus haute gravité, les professionnels du secteur et ses observateurs notent à peine le saut qualitatif qui vient d'être effectué par la quasi totalité des médias tunisiens dans le sens de la levée des derniers tabous politiques et sociaux qui les entravaient.
Ainsi va la machine médiatique depuis le 14 janvier 2011. De déballage spontané en dévoilement méthodique, les frontières des libertés ne cessent de reculer. A côté de la consommation et de la question sécuritaire, la profession atteint un niveau d'intérêt citoyen jamais connu. Dans les sondages, les prestations des médias recouvrent, chaque mois, un taux de satisfaction accru.
Quête de vérité et devoir d'informer bien souvent enrobés des expressions évidentes d'une course à l'audimat, les professionnels s'accordent à tout dire. La tendance partagée par l'ensemble des médias est particulièrement spectaculaire sur les chaînes de télévision. Elle prend tour à tour la forme de plateaux réunis autour de polémiques houleuses entre des adversaires peu initiés aux règles du débat politique et d'entretiens sur le ton de la confidence non moins orageux du fait de la gravité des révélations qui en émergent. Le talk show s'impose comme un genre salutaire, le « seul » capable de gérer l'événement, d'informer et d'analyser d'un coup... Croisant la soif de parole chez l'élite politique et intellectuelle, les défilés de profils et de points de vue battront des records en la matière...
Quelques abus en contrepartie
Au passage, quelques abus seront la contrepartie d'une presse déliée qui s'accommode de mieux en mieux des surprises du direct.
L'épisode de ce jeune sit-inneur de La Kasbah 2 appelant au meurtre du premier chef du gouvernement, Mohamed Ghannouchi, ouvre le bal des grandes et petites transgressions, devant le regard médusé d'une animatrice de la télévision publique. D'autres prennent le devant. Celui d'un prédicateur salafiste brandissant un linceul et appelant au jihad et à la mort laissera peu d'indifférents. Celui d'un mercenaire jihadiste témoignant d'une séduisante aventure syrienne n'en fera pas moins.
Pour les puristes du secteur qui voient du mauvais œil la montée en puissance de journalistes stars, de chroniqueurs et d'animateurs vedettes, la confusion des rôles et le mélange des genres qui s'ensuivent, quelques limites auront été franchies au détriment de la règle professionnelle et déontologique. Pour les professionnels endurcis à l'expérience de la liberté et une opinion de plus en plus intransigeante sur son droit à l'information, l'heure est au grand déballage. Seul, il permettra aux citoyens de voir plus clair dans l'opacité et la complexité de la scène politique et sociale... Avant de s'engager dans des choix...
Palme de la désobéissance à l'investigation
L'ambition est vite vérifiée à travers le rôle avant-coureur que joueront les médias dans la divulgation des affaires du 9 avril, de la tournure milicienne des LPR, des coulisses du jihad en Syrie, de l'extradition de Baghdadi Mahmoudi, de la face cachée des nominations à la tête de l'administration et des hautes fonctions de l'Etat, de la formation d'une police parallèle proche du parti au pouvoir, de la droiture de certains hommes politiques...
Mais l'investigation en cette période de transition n'est pas la bienvenue. Retourné contre ses auteurs, le genre conduit les journalistes désobéissants et suspects droit devant les tribunaux. Faute d'une définition de la liberté de la presse et d'une reconnaissance de ses garanties, la règle pénale sévit. Et en l'absence d'une suite politique et judiciaire logiques à l'encontre des véritables suspects, les scoops et les divulgations tendent à être banalisés et oubliés. Entre une presse qui défend ses nouveaux territoires et un pouvoir qui rechigne à les reconnaître, rien ne va plus. Le décalage se creuse entre les épanchements des premiers, les susceptibilités et les retranchements des seconds.
Péché d'humour et délit de légèreté
Ces épanchements sont d'autant plus décriés qu'ils relèvent souvent de l'humour et de la satire. Sous sa forme ironique, la critique fait tout aussi mal. Dirigeants démystifiés et caricaturés, discours parodiés, décisions raillées, au lieu d'unir dans le rire, la satire sépare. En l'absence d'une nette distinction, chez les politiques, entre la critique et la calomnie, les médias sont accusés de manipulation, de partialité et autres délits...
Les médias tunisiens n'ont peut-être pas atteint un niveau de professionnalisme et de déontologie égal à celui des médias dans les plus vieilles démocraties. Ils prêchent encore souvent par manque de lignes éditoriales, d'analyse, d'images et de terrain. Mais les prestations médiatiques semblent en avance d'une révolution par rapport à des prestations politiques encore peu apprêtées au jeu démocratique. Un décalage porteur de tensions. Un écart d'une autre envergure entre la réalité des libertés sur le terrain et le retard de leur garantie juridique et constitutionnelle. Des journalistes sous la menace physique et la pression du code pénal. Une profession hautement fragilisée et de plus en plus pénalisée. Une liberté aléatoire soumise au chantage politique et économique...
«Chaînes alternatives» et chant de sirènes...
Pourtant, rien ne semble plus pouvoir arrêter les médias tunisiens engagés dans le plus grand déballage, dans l'objectif de tout dire et d'éclairer les choix à venir... Rien n'arrêtera plus les médias si ce ne sont la persistance du vide juridique et institutionnel et un retour conséquent de la répression qui les acculera au silence.
Entre-temps, une nouvelle lignée vient de les rejoindre. A mi chemin entre le contenu politique et le référent religieux, les chaînes de télévision Ezzitouna, Al Moutawasset, Al Insan, Al Qalam et TNN ont d'autres choix éditoriaux. Plus proches des islamistes au pouvoir et moins critiques envers les prestations de la coalition gouvernementale, elles prêchent pour des convaincus, attirant dans les filets d'une propagande politico-religieuse une frange d'opinion qui se dit « déçue des médias de la honte colporteurs de désinformation et de rumeurs et enfin satisfaite d'une information alternative, objective et loyale... ».
Entre une œuvre de charité d'une association qatarie et l'éloge d'une action gouvernementale, on leur doit notamment la justification du jihad des jeunes garçons et celle du voile des toutes petites filles... Quels seraient leur impact réel et leur place dans l'audimat ? Les chaînes dites «alternatives» n'apparaissent toujours pas dans les sondages.


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