Entre deux projections, penché sur les réglages et essais du matériel, il a répondu à nos questions. Après la neuvième édition des rencontres cinématographiques de Hergla, comment évaluez-vous la manifestation? Je dois déjà dire que cette édition a été dure à réaliser. Nous avons obtenu le budget habituel de la part du ministère de la Culture (10.000 dinars+ 6 billets d'avion), mais la bureaucratie nous met les bâtons dans les roues. Les demandes se perdent, les dossiers traînent et les autorisations sont bloquées sans que l'on sache pourquoi. Il y a un vrai problème avec l'administration depuis le 14 janvier 2011. J'ai l'impression que tout le monde pense à ses droits mais que personne ne pense à ses devoirs. A titre d'exemple, nous avions signé un accord avec le ministère de la culture pour obtenir un bus qui ramène les festivaliers de Sousse à Hergla pour les projections, mais, finalement, nous avons dû en louer, parce que le syndicat a interdit aux chauffeurs de sortir les bus après 17h00. Dans les prochaines éditions, notre souci est d'essayer de mieux accueillir les invités. Nous n'avons malheureusement pas les moyens d'inviter tous ceux que nous voulons. Egalement, il est prioritaire d'avoir, dans l'équipe d'organisation, des professionnels aux côtés des volontaires avec qui il y a beaucoup de bonne volonté mais un grand manque d'expérience. Que font l'association et la manifestation pour aller vers le public de Hergla ? Notre association est basée à Sousse, mais notre action est étendue. Nous essayons d'organiser des manifestations partout en Tunisie, surtout là où il n'y a pas ou peu d'événements culturels, loin de la capitale. C'est pour cela que nous avions organisé les rencontres précédentes à Thala. Quant au public de Hergla, la manifestation fait désormais partie du paysage de la ville et les gens viennent chaque soir assister aux projections. De plus, il y a des ateliers pour les enfants pendant la journée. Parfois, il arrive que la police intervienne pour empêcher des jeunes qui gênent la projection, comme pendant l'ouverture où on a dû filtrer un peu pour ne pas perturber l'hommage. La manifestation accorde une place importante au documentaire, pourquoi ce choix ? Les rencontres cinématographiques de Hergla ont été dès le départ axées sur le documentaire et le court-métrage. Nous sommes très intéressés de mettre en avant les premières expériences des jeunes au cinéma. Sachant que le thème de cette édition tourne autour de la sauvegarde de la mémoire, le documentaire est le genre le plus concerné par cette fonction du cinéma facilitée par l'usage du numérique. Nous avons maintenant la possibilité de fabriquer notre propre image et de se l'approprier. Le documentaire doit aussi aider à récupérer notre mémoire, surtout dans le contexte actuel de la Tunisie. Nous avons eu l'exemple avec le film Président Dia de William Mbaye qui a été projeté samedi et qui dépoussière un chapitre important de l'histoire du Sénégal.