Former un personnel paramédical spécialisé La Société tunisienne de néonatologie vient de voir le jour, à la grande satisfaction des quelques pédiatres spécialisés qui se sont battus pour créer une association permettant de promouvoir une sous-spécialité de la pédiatrie qui a eu du mal à s'imposer. En effet, alors que les soins et la prise en charge spécifique des nouveau-nés ont contribué à l'émergence d'une nouvelle sous-spécialité de la pédiatrie générale dans plusieurs pays, la néonatologie n'a pas trouvé ses marques en Tunisie. Dès leur naissance et en cas de complication, les nouveau-nés sont admis dans les services de maternité des établissements hospitaliers, avec des bébés plus âgés. Avec le temps, les cadres médicaux et paramédicaux des services pédiatriques se sont rendu compte que la morphologie du nouveau-né, la particularité des pathologies qui le touchent et la précision des gestes requièrent une prise en charge spécifique et une formation poussée, conduisant un certain nombre de pédiatres exerçant dans les services public et privé à se spécialiser dans la néonatologie. Cette sous-spécialité a été officiellement reconnue en tant que sous-discipline de la pédiatrie générale à la fin des années quatre-vingt-dix. Depuis, six unités de néonatologie ont été mises en place, dont trois dans les hôpitaux régionaux de Monastir, Sousse et Sfax. Cet objectif atteint, les néonatologues, dont le nombre reste, aujourd'hui, peu élevé, ont bataillé pour la création de la Société tunisienne de néonatologie. Cette association dont le président est le Professeur Zahra Marrakchi, chef de service de néonatologie à l'hôpital Charles-Nicolle de Tunis, a tenu sa première réunion, présentant les principaux objectifs de l'association qui, outre la promotion de cette sous-spécialité, servira de cadre à la réalisation de travaux scientifiques sur les pathologies des nouveau-nés et assurera la formation du cadre paramédical exerçant dans les hôpitaux régionaux. Un workshop est déjà prévu pour le samedi prochain. Cet atelier destiné au cadre paramédical comporte, entre autres, une formation pratique et théorique sur le procédé à suivre pour poser une voie périphérique ou centrale à un nouveau-né en état de souffrance. «La prise en charge d'un nouveau-né n'est pas aussi simple qu'on le croit, relève le Professeur Zahra Marrakchi. Poser une voie intraveineuse à un nouveau-né est beaucoup plus difficile que poser une voie à un adulte. Cela nécessite un véritable savoir-faire. Or, nous n'avons pas de personnel paramédical spécialisé dans la prise en charge de nouveau-nés dans les régions. C'est pour cette raison que notre association s'est fixé comme objectif d'organiser des sessions de formation périodique afin de montrer au personnel paramédical les gestes à faire pour apporter les soins qu'il faut aux nouveaux-nés. Nous avons enregistré un grand nombre de demandes pour cette première session. Cela montre que les besoins en formation sont réels». Par ailleurs, l'association contribuera à faire le point sur les insuffisances qui caractérisent les unités de néonatologie en Tunisie. L'objectif du millénaire prévoyant de réduire, à l'horizon 2014, le taux de mortalité infantile n'a pas encore été atteint. Selon les derniers chiffres établis, le taux de mortalité infantile en Tunisie s'élève à 17 décès pour 1.000 naissances. Deux tiers meurent au cours du premier mois. 25 à30% des accouchements sont des situations à risque. «Dans les années 70, on comptait 120 décès pour mille naissances, note la présidente de l'association. Les infections qui peuvent toucher les nouveau-nés sont de deux types. Le nouveau-né peut avoir une infection congénitale ou contracter une infection spécifique en cours de naissance. Ces infections sont à l'origine de handicaps chez les enfants en bas âge». L'une des premières carences dont souffrent les hôpitaux concerne le manque d'unités de réanimation pour nouveau-nés. Alors que les besoins réels s'élèvent à 200 lits, l'ensemble des établissements hospitaliers ne dispose que d'une cinquantaine de lits sur tout le territoire. «Toutes les maternités universitaires ne sont pas dotées d'unités de réanimation pour nouveaux-nés. Mais, il y a des efforts dans ce sens. L'hôpital Charles-Nicolle va bientôt se doter d'une nouvelle unité de réanimation qui compte 20 lits pour nouveaux-nés . Il y a également un manque d'équipements, à l'instar des machines d'enregistrement du rythme cardiaque fœtal, dont le nombre est insuffisant dans les services de maternité». Beaucoup reste à faire pour prendre en charge convenablement les nouveau-nés.