Ashraf Azouz et son coauteur le photographe Salah Jabeur racontent les histoires de ces amoureux d'une architecture intimiste Ce serait se répéter que dire que les livres d'Ashraf Azzouz ne sont pas des livres comme les autres. Sa collection Les Maisons de... , qui l'a rendue célèbre, et dont chaque nouveau titre constitue un évènement éditorial, va bien au-delà de simples livres de décoration. Et marque chaque fois une étape de la vie de l'éditeur. Car quand Ashraf aime, elle ne compte pas. Et c'est avec fougue et passion qu'elle nous fait partager ses coups de cœur. Quand elle a décidé d'éditer Les Maisons de Djerba, elle s'est installée dans l'île, y a pris une maison, y a réuni une équipe éditoriale, et s'est fondue dans le paysage. On la voyait sillonner la campagne en bicyclette, s'installer au café, écumer le marché, partager le pain et le sel. Les habitants des maisons qu'elle présentait sont devenus ses amis. Ils lui ont raconté leur vie, leur histoire, et cette étrange magie qui les a amenés et retenus sur l'île. Certains y sont nés — Ibn Khaldoun en témoignait, et en évoquait déjà la famille — et n'ont jamais perdu cet ancrage. D'autres y ont vécu au début du siècle dernier, et ont transmis à leurs petits-enfants l'indicible attachement que secrète cette terre «où l'air est si doux qu'il empêche de mourir». D'autres encore y ont trouvé l'asile dont ils rêvaient, à la frange des terres et des mers. Tous ont choisi d'y jeter les amarres, et de faire de cette terre jadis d'exil, le dernier refuge. Ashraf Azzouz et son coauteur, le photographe Salah Jabeur, racontent l'histoire de ces Djerbiens d'origine ou de cœur, de ce fabricant de fausse monnaie qui construisit une si jolie maison, et qui fut trahi par sa maîtresse, de cette héritière des fameux potages Maggi dont le tableau trône encore dans la demeure, de cet ancien mannequin qui ne quitte plus son houch. Bien sûr, on a structuré le livre de façon rationnelle, évoqué les demeures européennes, les maisons traditionnelles, les houchs repensés, les architectures hôtelières, les ateliers détournés.... Mais il est si plaisant de se laisser porter par le rythme propre de l'ouvrage, de l'ouvrir au milieu, de finir par le début, de revenir sur un détail, de s'arrêter sur une photo ancienne, en un mot de se livrer, de façon lucide et consciente, au charme irrésistible de Djerba. Quitte à revenir, plus tard, sur la précision des plans architecturaux, sur la qualité des aquarelles, sur la clarté de la maquette, et sur le plaisir des histoires que l'on vous raconte.