Suite à la conférence de presse du Quartet, tenue hier matin, des représentants du mouvement Ennahdha confient à La Presse la position de leur parti quant aux points de litige entre les deux feuilles de route, celle du Quartet et celle d'Ennahdha. Pour le chef du groupe parlementaire à l'Assemblée nationale Constituante (ANC), Sahbi Atig, son parti a bien accepté l'initiative du Quartet, tout en proposant, dit-il, une feuille de route «claire». Il affirme qu'Ennahdha est attaché au principe du dialogue, mais qu'il veut un dialogue sans conditions, ni d'un côté ni d'un autre. «Nous sommes pour que le dialogue démarre tout de suite et avec la participation de toutes les parties prenantes. Mais nous ne sommes pas prêts à signer un accord avant d'engager le dialogue. Il serait absurde de mettre des conditions préalables à des questions que nous allons négocier ! Pour ce qui est du nouveau gouvernement, il devra avoir des prérogatives bien déterminées, disposer des moyens en vue d'accomplir sa mission et être sous le contrôle de l'ANC. Nous voulons que ce gouvernement nous mène à des élections qui soient dans les normes du point de vue de l'organisation de la transparence. Il faut s'assurer que le processus de transition démocratique ne soit ni altéré ni interrompu», a-t-il enchaîné. Question de retenue ! Atig souligne, par ailleurs, que les différentes positions sur les questions majeures sont très proches les unes des autres. Et d'ajouter : «Je me demande pourquoi ceux qui sont présumés parrainer le dialogue annoncent qu'il a échoué avant même d'être entamé ! Nous sommes pour un accord sur le délai de la démission du gouvernement actuel, la composition du nouveau gouvernement et son programme. A condition que cela se fasse lors des négociations, contrairement à ce qu'exige le Front populaire, qui campe sur sa position : la démission du gouvernement avant l'entame du dialogue. C'est cette même position qui entrave le dialogue». L'ANC, l'autorité de contrôle à ne pas dépasser Même son de cloche du côté de Ajmi Lourimi qui insiste sur le devoir de dialoguer autour du nouveau gouvernement et des modalités de sa formation, ainsi que son approbation par l'ANC. «Il n'est pas acceptable de donner à une personnalité nationale indépendante la liberté de former un gouvernement sans possibilités de contrôle. Ceux qui refusent le dialogue veulent un gouvernement avec des prérogatives sans limites mais sans aucune autorité de contrôle. Ils veulent que l'ANC délègue le pouvoir de diriger la période transitionnelle au prochain chef du gouvernement qui travaillerait alors avec un système de décrets... Cette vision des choses ne donne pas de garanties pour aboutir à des élections transparentes. Le nouveau gouvernement doit avoir la confiance de l'ANC, qui le contrôlera», fait-il valoir. Ennahdha apelle, en somme, à ne pas dépasser le pouvoir de contrôle de l'Assemblée nationale constituante, qui reste, selon ce parti, la source des garanties quant à l'aboutissement de la période transitoire...