Le dialogue national débutera mardi au cas où la Troïka et l'opposition acceptent la nouvelle feuille de route du quartet comme cadre général des discussions La coalition au pouvoir émet déjà des réserves sur la limitation du rôle constitutif de l'ANC Une nouvelle réunion de la commission administrative de l'UGTT prévue pour le 21 septembre Le quartet parrainant le dialogue national visant à trouver une solution concertée à la crise politique consécutive à l'assassinat du député Mohamed Brahmi a décidé de jouer les prolongations. Les concertations sur la nouvelle conception de l'initiative concoctée par ce quartet composé de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), de l'Union Tunisienne de l'Industrie du Commerce et de l'artisanat (UTICA), de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme et de l'Ordre National des Avocats se sont poursuivies hier. Plusieurs réunions secrètes ont eu lieu dans ce cadre avec les dirigeants de certains partis membres de la Troïka au pouvoir et d'autres formations d'opposition. Des nouvelles rencontres avec d'autres leaders devraient avoir lieu aujourd'hui. « Nous espérons finaliser les concertations ce week-end. Le dialogue national devra débuter lundi ou, au plus tard, mardi au cas où la Troïka et l'opposition acceptent la nouvelle feuille de route du quartet comme cadre général des discussions », souligne Mouldi Jendoubi, secrétaire général adjoint de l'UGTT. Le quartet n'a pas encore soumis un document écrit aux différents protagonistes de la crise, afin, de pouvoir introduire des « aménagements de dernière minute » au niveau de la nouvelle feuille de route. On apprend, toutefois, que la nouvelle conception de l'initiative comprend trois grands volets: la formation d'un cabinet apolitique présidé par une personnalité indépendante après la démission du gouvernement dirigé par Ali Laârayedh, la reprise des travaux de l'Assemblée nationale constituante (ANC) avec des attributions limitées à l'adoption de la Constitution et du code électoral. Dans la pratique, le gouvernement Laârayedh sera appelé à présenter un engagement de démission le jour même du démarrage du dialogue national dans un délai qui sera fixé avec précision par les participants à ce même dialogue. Durant ce dialogue direct, il sera aussi question de choisir une personnalité consensuelle pour diriger le futur gouvernement. Les partis politiques de l'opposition et de la Troïka seront par ailleurs, appelés à signer un accord sur la date des prochaines élections. Les différents accords issus du dialogue national devraient être, par la suite, inclus dans une loi qui sera soumise à l'ANC. Réserves Du côté de la Troïka au pouvoir aucune position officielle n'a été exprimée au sujet de la nouvelle feuille de route concoctée par le quartet. Les déclarations de certains dirigeants du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/ ou Ettakatol) et du Congrès pour la République (CPR), partis alliés au mouvement Ennahdha au sein de la coalition gouvernementale, laissent, cependant, croire que la Troïka s'oriente vers l'acceptation de la feuille de route comme cadre général du dialogue national même si elle émet des réserves sur certains points y figurant. « Nous pensons que le climat et l'évolution des négociations sont favorables au démarrage du dialogue entre les protagonistes politiques, au début de la semaine prochaine», a affirmé le président du groupe des élus d'Ettakatol à l'ANC, Mouldi Riahi. «La coalition au pouvoir, l'opposition et les parrains du dialogue, sont d'accord sur le principe de la démission du gouvernement et de la formation d'un gouvernement indépendant, dont les membres ne se porteront pas candidats aux prochaines élections », a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité de prévoir des «délais réalistes» pour l'organisation des prochaines élections. M. Riahi a, en revanche, fait savoir que les divergences sur les délais de démission du gouvernement persistent. Selon lui, le gouvernement ne doit pas démissionner, tant qu'il n'y a pas d'accord sur un nouveau gouvernement qui lui succèdera. La Troïka estime aussi que la constitution d'un nouveau gouvernement doit obéir aux dispositions prévues par la loi portant organisation provisoire des pouvoirs publics adoptée par l'ANC. Un autre élu d'Ettakatol, Jamel Touir, a noté que son parti accepte l'initiative de l'UGTT mais émet des réserves sur tout ce qui peut toucher au rôle constitutif de l'ANC, en allusion à la volonté du quartet de limiter les attributions de l'Assemblée. Cette même position a été exprimée par Béchir Ennefzi, un élu CPR, qui pense que l'ANC devrait poursuivre sa mission législative jusqu'à l'élection d'un nouveau parlement, tout en soulignant que la nouvelle feuille de route du quartet représente une version améliorée de la première initiative lancée au lendemain de l'assassinat de Mohamed Brahmi. Plafond L'opposition paraît, elle aussi, prête à accepter la nouvelle feuille de route du quartet. Dans un communiqué publié vendredi, le Front de Salut National (FSN), la coalition d'opposition regroupant des partis allant du centre-droit comme Nida Tounes et le Parti Républicain à l'extrême gauche à l'instar du Parti des Travailleurs, a renouvelé son « appui à l'initiative quadripartite », tout en indiquant qu'il annoncera au début de la semaine prochaine une feuille de route visant à concrétiser cette initiative. Sur un autre plan, la commission administrative de l'UGTT a appelé dans un communiqué publié hier à l'issue de sa réunion à «fixer un plafond pour la fin du dialogue national loin des manœuvres dilatoires et des interférences étrangères», estimant que les concertations ouvertes représentent une perte de temps. « Nous appelons dans ce cadre à ce que la semaine prochaine soit la dernière chance pour la réussite de l'initiative du quartet », ont noté dans ce cadre les membres de la commission administrative de la centrale syndicale. L'instance dirigeante de l'UGTT a également appelé toutes les parties et particulièrement la troïka au pouvoir à accélérer la sortie de la crise politique en raison de ses graves répercussions sur la situation économiques et sociale dans le pays. Une réunion de la commission administrative est, par ailleurs, prévue pour le samedi 21 septembre pour examiner les derniers développements des concertations. Il est à rappeler que la première phase du dialogue indirect entre la coalition au pouvoir et l'opposition s'était soldée par un échec motivé essentiellement par le refus de la Troïka de la condition posée quant à la démission de l'actuel gouvernement avant le lancement d'un dialogue national. Lors de leur dernière réunion avec les parrains du dialogue, les représentants de la Troïka avaient proposé la démission de l'actuel gouvernement dans un délai de huit semaines. Ils avaient, néanmoins, indiqué que ce délai pourrait être ramené à quatre semaines seulement au cas où un dialogue direct entre l'opposition et la coalition au pouvoir aboutissait à un consensus rapidement. .Les opposants avaient alors estimé que les nouvelles propositions de la coalition au pouvoir composée du mouvement Ennahdha restent éloignées de la première initiative lancée par le quartet.